vendredi 25 mars 2022

Conscience sociale


Parlons de conscience sociale avec Francis

Conscience sociale

22 mars 2022

Il y a dix ans, le Québec connaissait son « Printemps Érable » : un formidable mouvement social initié par les groupes étudiants, dont nous n’avons pas fini de mesurer les effets et dont les empreintes contribuent à forger une forme de conscience sociale plus aiguë.

Le 22 mars 2012, très exactement, marque la date de la première très grande manifestation de ce mouvement de grève, dont il n’était plus possible désormais de minimiser l’importance. En guise de rappel, je soumets ici un extrait d’une nouvelle que j’ai fait paraître dans le recueil N’allez jamais à Montréal sous le titre « Justice sociale ».

En ce soir de mai deux-mille-douze, Dominique est attablée avec des personnes qui croient comme elle à la persévérance scolaire. Elle porte donc fièrement son carré rouge et n’a toujours pas décoléré de l’odieuse loi matraque votée dans la nuit par un gouvernement tout entier tourné vers le profit et la marchandisation.

Elle est pourtant la seule à arborer ce signe d’appui à la grève étudiante et à un vaste mouvement cherchant à refonder le contrat social sur des bases humaines. Elle fait face à de l’incompréhension, à des sourires entendus. Tant de bonnes âmes réunies pour soutenir les jeunes dans leur parcours scolaire, mais si peu de lien avec l’engagement réel pour une société juste.

À côté d’elle, un avocat qui s’implique activement dans les organismes à but non lucratif, car cela lui donne des points à son travail et lui fait gravir des échelons dans la firme. Aux arguments imparables de Dominique, il ne trouve rien à redire. Aussi, il tente une nouvelle manœuvre.

—Bon, tu as raison, tes arguments sont très convaincants et les jeunes devraient être entendus. On ne devrait pas hausser à ce point les frais de scolarité.

—Pas seulement à ce point, il ne devrait pas y avoir de frais de scolarité.

—Laissons cela. Juste en supposant que toi et les carrés rouges avez raison, trouves-tu que par la violence qu’ils exercent dans leurs manifestations, ils aident leur cause ?

—Je n’ai jamais entendu question plus stupide. Franchement, tu me dis qu’ils ont raison. Il suffit d’accéder à leur demande et il n’y en aura plus de manifs. Quant à savoir qui a commencé la violence, c’est une autre affaire.

Francis Lagacé

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jeudi 10 mars 2022

L’âme

 

Mon plus récent tableau
(peint sur bois)


L’âme

Par Sergio de Rosemont

L’âme cette partie immortelle de notre être.

Oui le cœur peut aimer, ressentir des émotions de joie, peine, douleur mais il est mortel.

Par contre l’âme aussi peut ressentir des émotions de joie, peine, douleur mais elle est immortelle.

Oui l’âme est comme un cœur immortel !

Notre esprit dans notre cerveau peut oublier et est aussi mortel.

Par contre l’âme, notre âme est immortelle et n’oublie rien.

Oui Toi mon Ange qui est entrée dans ma vie je t’aime et je t’aimerais pour l’éternité, non pas avec mon cœur mortel dans ma cage thoracique mais avec mon Cœur Immortel dans mon âme.

Oui mon Ange, je t’aime et tu es dans mon cœur éternel de mon âme !

En temps de guerre

 


Parlons de guerre avec Francis

En temps de guerre

9 mars 2022

En temps de guerre, on se sent petit et démuni. On se désole que la plume ne soit pas souvent aussi puissante que l’épée. Et l’on aimerait bien, avec cette plume, tracer des lignes autour des chars, autour des obus, autour des convois militaires, voler un trou de la Mer des Trous du film Yellow Submarine pour pouvoir les y engouffrer. Le refuge de la littérature ne sauve que notre pauvre esprit désemparé, pas les millions de victimes de la folie humaine.

Autant la pandémie m’a paralysé au point de vue littéraire et m’a livré aux réflexions politiques, autant cette guerre me pétrifie au point de vue politique, alors que peinent à émerger quelques effluves métaphoriques.

Les gens de mon âge se rappelleront que la crise des missiles à Cuba avait causé un émoi incroyable dans les chaumières. Jeune enfant, j’en avais des poussées d’angoisse et des maux de ventre. La mémoire du corps étant imparable, j’ai ressenti ces mêmes symptômes à l’évocation de la solution nucléaire dans le conflit qui se déroule si loin si près.

Je songe à nos pauvres jeunes qui souffrent d’éco-anxiété, de covid-anxiété et maintenant de nucléo-anxiété. Va-t-on les laisser vivre un peu ? Dans quelle soupe immonde les plongeons-nous ?

Pour revenir à ces douloureux souvenirs d’enfance, il me revient que mon frère aîné ne ratait jamais une occasion de se montrer savant en répétant les dires de quelque adulte adepte de la péroraison. Il m’avait raconté que les communistes viendraient nous rendre visite. Moi j’aimais bien la visite, rare halte dans la térébrante routine domestique, et je me demandais pourquoi on devait les craindre. Il m’expliqua alors que c’étaient de vilains barbus, effrayants et dangereux.

Les barbus dont j’avais connaissance me paraissaient pourtant sympathiques : le frères Marx, si drôles dans leurs films comiques, et les Quatre Barbus qui, de leurs voix veloutées, déclinaient les chansons traditionnelles et comptines sur les soixante-dix-huit tours, dont j’observais le tournoiement des sillons avec ravissement.

Pour enfoncer le clou, il me fit comprendre que les barbus communistes mangeaient les enfants. Ah, il fallait le dire ! C’étaient des Barbes bleues. Je découvrirais beaucoup plus tard qu’ils étaient plutôt rouges.

Cela dit, j’ai appris depuis à me méfier des descriptions unilatérales. Même si c’est intellectuellement satisfaisant, ça ne donne pas, hélas, de solution à mon angoisse ni aux problèmes plus graves de la guerre et de la crise climatique.

Francis Lagacé

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