Parlons de la Palestine avec Francis Lagacé
Sentiments palestiniens
2 novembre 2010
On n'a pas tellement envie d'être objectif quand on rentre de Palestine et que l'on constate la différence si flagrante entre l'accueil chaleureux et généreux des Palestiniens et la froideur arrogante de l'occupant même quand on rencontre banalement ce dernier sur son terrain.
On se dit que le dérangement causé par trois ou quatre vérifications à des check-points quand on y est en visiteur n'est rien en comparaison de l'usure que doit représenter ces contrôles répétés jour après jour, plusieurs fois par jour, sur le chemin de son propre travail. Et quelle frustration ne doit-on pas ressentir quand on se fait dire de rebrousser chemin sans aucune raison.
On se demande pourquoi une personne à la peau foncée et au nom indien ou arabe est par définition plus dangereuse qu'un blanc au nom occidental. Et on s'indigne de constater que celui-là est obligé de décliner les noms de ses parents et grands-parents pour se voir autoriser à visiter la Palestine.
On est frappé par le profilage qu'exercent de jeunes militaires à peine sortis de l'enfance, à peine capables de porter la mitraillette chargée à bloc qu'ils traînent en bandoulière, lorsque à la porte de Damas à l'entrée de Jérusalem, ils arrêtent les jeunes qui ont l'air arabe et se plaisent à leur demander leurs cartes et papiers qu'ils semblent feuilleter avec dégoût.
On ne comprend pas comment des colons s'autorisent à cueillir les olives d'un voisin palestinien pour se les approprier.
On est frappé de stupeur quand on voit se mur de 730 kilomètres qui sépare des familles, des amis, des champs, des travailleurs de leur emploi, des élèves de leur école.
On se félicite de son sang-froid quand on s'est réveillé dans un autocar avec le canon d'une mitraillette sous le nez et qu'on n'a pas bronché, quand on sait qu'un cri aurait pu énerver le doigt sur la gâchette du soldat entré dans le véhicule pour nous contrôler alors qu'on s'était endormi inopinément.
On frémit devant les posters énormes qu'arborent les murs de l'aéroport de Tel-Aviv, invitant les Israéliens et autres à coloniser la Palestine pour récupérer cette «terre perdue», pour assurer le «futur de la nation».
Mais on rentre au pays avec dans la tête des images d'un pays superbe, aux collines plantées d'oliviers, aux troupeaux de vaches et de moutons paisibles, aux villes paradoxales où se côtoient chantiers nouveaux et secteurs désolés par la démolition.
Mais on rentre au pays avec dans le cœur ces regards bons et pénétrants, ces mains chaleureuses, ces sourires francs, ces repas partagés, ces salutations cordiales, ces discussions passionnées avec un peuple généreux et fier, qui a bien raison d'affirmer: «Nous ne sommes pas meilleurs que les autres peuples, mais aucun peuple n'est meilleur que nous.»
LAGACÉ Francis
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