mercredi 12 octobre 2022

Les beaux habits du fascisme

 

Parlons des fachos avec Francis

Les beaux habits du fascisme

12 octobre 2022

Quelle est la nouvelle la plus déprimante et la plus inquiétante qui ressort des élections québécoises du lundi 3 octobre 2022 ?

Non, ce n’est pas la distorsion causée par le système électoral uninominal à un tour qui a exagérément favorisé la Coalition avenir Québec (CAQ).

Non, ce n’est pas non plus le confinement à Montréal de l’électorat du Parti libéral du Québec (PLQ).

La stagnation du vote du seul parti de gauche, Québec Solidaire (QS) ?

Un peu, mais c’est surtout que l’extrême droite, c’est-à-dire le Parti Conservateur du Québec (PCQ), ait obtenu 13 % des votes.

Il ne faut pas s’y tromper, le Parti Conservateur du Québec est bel et bien un parti d’extrême droite digne du lepénisme et bien plus extrême que la duplessiste CAQ, qui lui sert de réservoir alimentaire. En effet, un parti formé d’opportunistes néolibéraux et narcissiques finit toujours par produire ses hordes de gloutons insatisfaits qui en veulent toujours plus et qui finiront par rejoindre les rangs d’un parti extrémiste.

Il ne faut surtout pas croire que le PCQ est un parti de centre droite. L’illusion centriste dédouane la droite, mais être à droite de la CAQ, qui est carrément de droite, c’est être à l’extrême droite. J’entends déjà les gentils ignorants nous dire qu’Éric Duhaime ne pourra jamais avoir de sympathies fascistes puisqu’il est gai.

D’abord, réglons un petit détail : monsieur Duhaime n’est pas gai. Un gai est un homosexuel qui assume la réalité sociale de sa condition. Or, le chef du PCQ est un libertarien et, comme tout libertarien, il renie tout ce qui est social, sauf quand il s’agit de l’avantager individuellement. C’est un homosexuel qui profite de la libéralité des lois actuelles et qui se fout totalement des autres. Oui, même de vous qu’il flatte de belles paroles parce que vous avez voté pour lui.

Tout le monde ne fait pas toujours le lien entre les différentes incarnations d’Éric Duhaime, mais moi je n’ai jamais oublié le petit jeune qui, au début des années 90, s’était engagé pour essayer de faire croire à la population du village gai de Montréal que le très ouvertement homophobe et misogyne chef du Parti conservateur du Canada, Stockwell Day, était gay friendly. Les narcissiques et les libertariens sont prêts à toutes les contorsions pour s’assurer un avancement personnel et la vérité est leur première victime.

Je me rappelle les beaux discours. « Il dit ça pour plaire à sa base dans l’Ouest, mais une fois élu, il ne sera pas si pire. » Un rappel pour les personnes naïves : les candidatures de droite, une fois élues, sont toujours « si pires », très « si pires » et même « plus pires » encore.

Et ne vous méprenez pas, les discours anti-grandes entreprises disparaissent vite quand ces dernières voient l’intérêt qu’il y a à appuyer ce genre d’olibrius qui fait place nette pour que les machines tournent rond. Les travaux d’Anne Lacroix-Riz ont suffisamment montré la collusion entre les capitalistes et les fascistes pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Le libertarien promeut l’oxymorique individu souverain. Enfermé dans son solipsisme, il utilisera toutes les manœuvres, toutes les combines pour faire avancer sa petite personne sans aucun souci pour la justice. Et tous ces frustrés qui le suivent en hurlant « Libârté » n’ont pas la moindre idée de ce que signifie le concept de liberté en politique. Pas plus subtils que des enfants de deux ans, ils considèrent la liberté comme la satisfaction de leur instinct égoïste. Ils feraient mieux de crier « Narcissisme ! », ce serait beaucoup plus précis. Le narcissisme additionné n’a jamais créé une société de liberté, mais plutôt une jungle de chacun contre chacun et de chacun contre tout le monde.

Le libertarien, contrairement à ce qu’on pourrait croire, est objectivement le grand ami du fasciste. Un libertarien peut être homosexuel, noir, de classe inférieure. Il a beau prétendre être contre l’État, pour trouver la sécurité et l’ordre qui garantiront qu’il puisse se livrer à ses excès individuels, le libertarien n’hésitera pas à appuyer le premier fasciste venu.

Vous connaissez tous un exemple célèbre d’artiste notoirement outrancier : Dali, grand admirateur de Franco. Dali pouvait faire tout et n’importe quoi, il laissait Franco battre, emprisonner, torturer, matraquer tous ceux qui n’avaient pas le bonheur d’être assez riches pour se hisser au-dessus de la mêlée et mériter une bienheureuse exemption. Si Dali n’avait pas soutenu ouvertement l’Église catholique et le fascisme, croyez-vous que les autorités auraient protégé ses excentricités ? Non, ses œuvres auraient été considérées comme des outrages aux bonnes mœurs et il serait devenu persona non grata comme Picasso.

Un libertarien peut signer à deux mains n’importe quel décret réduisant les libertés civiles de manière draconienne pourvu qu’un petit détail incongru quelque part dans la formulation des lois ou de la constitution, ou qu’une interprétation tordue de l’une d’entre elles l’exempte, pourvu que la promesse d’un protecteur bienveillant le rassure, même si cette promesse est révocable dès que le tyran se lève du mauvais pied. Une seule chose compte : la promotion de sa petite personne.

Croire en l’adhésion à des principes, c’est méconnaître le caractère monstrueusement narcissique du libertarien. Malgré tout le fatras idéologique avec lequel il essaie de nous endormir et de se justifier, le libertarien n’a qu’une seule cohérence : favoriser son ego démesuré et faire le bonheur de ses tripes. On trouve les mêmes psychopathies chez les libertariens et les fachos : égo hypertrophié, délires paranoïaques dans lesquels le fantasme de puissance (personnelle ou transférée) occupe une place très importante, adulation de la dictature.

Si la sphère médiatique est si complaisante avec le PCQ et si elle considère comme centriste la formation de droite dure qu’est la CAQ, c’est tout simplement qu’elle reflète l’évolution de la pensée hégémonique et les croyances générales de la société. Dans une société qui croit que la terre est plate, la sphère médiatique affirmerait comme une vérité générale que la terre est plate. De la même façon, dans une société faite d’individualisme de masse et de néolibéralisme débridé, la sphère médiatique est incapable de penser que le centrisme est la cachette de la droite honteuse, ignorante ou hypocrite. C’est exactement le même phénomène qui se passe en France où le macronisme sert de marchepied au lepénisme.

Il ne faut pas confondre la cause et le symptôme. Le monde médiatique n’est jamais à l’avant de la société. Il est en son milieu. Il n’est donc que le symptôme de la pensée hégémonique. J’ai eu l’occasion maintes fois d’expliquer ce phénomène. Et les « analystes politiques » englués dans le commentaire au jour le jour n’ont absolument pas le recul nécessaire ni même souvent les grilles d’analyse utiles pour comprendre les mécanismes de l’hégémonie culturelle. Et ça donne des commentaires gentillets comme « Éric Duhaime est un habile communicateur » plutôt qu’une observation plus réaliste comme « Le chef du PCQ, au cours des années, a tenu des discours délirants dont les suivants contredisent les précédents. »

On ne vous mettra jamais assez en garde. Ici comme en France : la régression est en marche. Je me suis bien sûr arrangé pour que ça donne LREM.

Avec Meloni en Italie, Orban en Hongrie, la thatchérienne Truss en Grande-Bretagne, nous voilà vraiment mal barrés.

Francis Lagacé

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