L' ÉTOILE POUPRE
C'était l'ombre aux pas de velours
Les étoiles sous le soleil mort
Les hommes et les femmes nus
La Faute n'existait plus
Mais sous les pins obscurs déjà
Au creux des cathédrales détruites
Parmi le chaos des pierres tombales
Parmi la ténèbre et les dernières calcinations
Soudain le cri de l'oiseau
La mort s'agite en haut
La pourpre et l'indigo
Le ciel et l'enfer
Son beau visage entre mes mains
toutes les caresses insolites
Je l'aimais pour la fin
D'un long chemin perdu
*
C'était les jours bienheureux
Les jours de claire verdure
Et le fol espoir crépusculaire
Des mains nues sur la chair
L'Étoile pourpre
Éclatait dans la nuit
Celle que j'entendais
Celle dont les yeux
Sont peuplés de douceur et de myosotis
Celle d'hier et de demain
Les détours du cri de vérité
La moisson couchée
Au peuplier l'oiseau
Beauté du monde
Tout nous étouffe
Ah vagabonds des espaces
Ceux des planètes interdites
Ah beaux délires délivrés
Le jour se lève avant l'aube
*
Que les mots porteurs de sang
Continuent de nous fuir
000Un secret pour chaque nuit suffit
Je plongeais alors
Jusqu'au fond des âges
Jusqu'au gonflement de la première marées
Jusqu'au délire
De l'Étoile pourpre
Je m'évadais au-delà
de son total
Le grand silence originel
Nourrissait mon épouvante
Mon sang brûlait comme un prodigieux pétrole
Mordant comme un acide extravagant
Aux racines de mes révoltes
Aux lits absurdes de mes fleuves
Et soufflaient soudain
Spirales insensées
Les foudroyantes forges du feu
Et se creusaient soudain
Les cavernes infernales
Je niais mon être issu
De la complicité des hommes
Je plongeais d'un seul bond
dans le gouffre masqué
J'en rapportais malgré moi
L'algue et le mot de soeur
J'étais recouvert
De mille petits mollusques vifs
Ma nudité lustrée
Jouait dans le soleil
Je riais comme un enfant
Qui veut embrasser dans sa joie
Toutes les feuilles de la forêt
Mon coeur était frais
Comme la perle fabuleuse
Cependant je savais
Ton regard inconnaissable
Je savais la fuite
De ta trempe penchée
Et ce froid visiteur
Tombe oh tombe
O nuit d'Octobre
Rougis les allées
Des vieux parcs solitaires
Balance ta lune de flammes pâles
Au faite des peupliers frissonnants
Ah je t'aimais de larmes si douces
O toi belle endormie
Au bord bleu du ruisseau
Il y avait aussi
L'étonnant espace minéral des villes
Les couloirs fragiles et déchirés
de son coeur et de mon coeur
Son sourire plus fiévreux chaque jour
Je noyais mes désespoirs
Au sombre élan de son flanc ravagé
Je construisais mes vastes portiques
J'élevais mes hautes colonnes de cristal
J'allais triompher
Mes palais soudain s'écroulaient
Aux brouillards de mes mains
Nul feuillage d'or
Nulle calme paupière
Les cyclones rugissaient vertigineusement
Les étoiles se rompaient une à une
Toutes les prunelles étaient tuées
Aspirations géantes
Ah Musique de Minuit
Quelles sources d'extase
Pour vos soifs indéfinies
chaque instant
Dans la vaine précipitation du temps
Assassinait les ombres du mur fatidique
Requiem sans cesse recommencé
Clameurs clouant le coeur écorché
Dérobant le jour strié de lueurs
Ah visages à jamais fermés
Beau front lisse et glacé de nos mortes
*
D'autres rivages sans doute
Mon coeur bat-il trop fort
Devant ces mers éteintes
C'est alors que l'oiseau noir crie.
Alain Grandbois
(Saint - Casimir, Qc. 25 mai, 1900 - Québec, 18 mars, 1975)
C'était l'ombre aux pas de velours
Les étoiles sous le soleil mort
Les hommes et les femmes nus
La Faute n'existait plus
Mais sous les pins obscurs déjà
Au creux des cathédrales détruites
Parmi le chaos des pierres tombales
Parmi la ténèbre et les dernières calcinations
Soudain le cri de l'oiseau
La mort s'agite en haut
La pourpre et l'indigo
Le ciel et l'enfer
Son beau visage entre mes mains
toutes les caresses insolites
Je l'aimais pour la fin
D'un long chemin perdu
*
C'était les jours bienheureux
Les jours de claire verdure
Et le fol espoir crépusculaire
Des mains nues sur la chair
L'Étoile pourpre
Éclatait dans la nuit
Celle que j'entendais
Celle dont les yeux
Sont peuplés de douceur et de myosotis
Celle d'hier et de demain
Les détours du cri de vérité
La moisson couchée
Au peuplier l'oiseau
Beauté du monde
Tout nous étouffe
Ah vagabonds des espaces
Ceux des planètes interdites
Ah beaux délires délivrés
Le jour se lève avant l'aube
*
Que les mots porteurs de sang
Continuent de nous fuir
000Un secret pour chaque nuit suffit
Je plongeais alors
Jusqu'au fond des âges
Jusqu'au gonflement de la première marées
Jusqu'au délire
De l'Étoile pourpre
Je m'évadais au-delà
de son total
Le grand silence originel
Nourrissait mon épouvante
Mon sang brûlait comme un prodigieux pétrole
Mordant comme un acide extravagant
Aux racines de mes révoltes
Aux lits absurdes de mes fleuves
Et soufflaient soudain
Spirales insensées
Les foudroyantes forges du feu
Et se creusaient soudain
Les cavernes infernales
Je niais mon être issu
De la complicité des hommes
Je plongeais d'un seul bond
dans le gouffre masqué
J'en rapportais malgré moi
L'algue et le mot de soeur
J'étais recouvert
De mille petits mollusques vifs
Ma nudité lustrée
Jouait dans le soleil
Je riais comme un enfant
Qui veut embrasser dans sa joie
Toutes les feuilles de la forêt
Mon coeur était frais
Comme la perle fabuleuse
Cependant je savais
Ton regard inconnaissable
Je savais la fuite
De ta trempe penchée
Et ce froid visiteur
Tombe oh tombe
O nuit d'Octobre
Rougis les allées
Des vieux parcs solitaires
Balance ta lune de flammes pâles
Au faite des peupliers frissonnants
Ah je t'aimais de larmes si douces
O toi belle endormie
Au bord bleu du ruisseau
Il y avait aussi
L'étonnant espace minéral des villes
Les couloirs fragiles et déchirés
de son coeur et de mon coeur
Son sourire plus fiévreux chaque jour
Je noyais mes désespoirs
Au sombre élan de son flanc ravagé
Je construisais mes vastes portiques
J'élevais mes hautes colonnes de cristal
J'allais triompher
Mes palais soudain s'écroulaient
Aux brouillards de mes mains
Nul feuillage d'or
Nulle calme paupière
Les cyclones rugissaient vertigineusement
Les étoiles se rompaient une à une
Toutes les prunelles étaient tuées
Aspirations géantes
Ah Musique de Minuit
Quelles sources d'extase
Pour vos soifs indéfinies
chaque instant
Dans la vaine précipitation du temps
Assassinait les ombres du mur fatidique
Requiem sans cesse recommencé
Clameurs clouant le coeur écorché
Dérobant le jour strié de lueurs
Ah visages à jamais fermés
Beau front lisse et glacé de nos mortes
*
D'autres rivages sans doute
Mon coeur bat-il trop fort
Devant ces mers éteintes
C'est alors que l'oiseau noir crie.
Alain Grandbois
(Saint - Casimir, Qc. 25 mai, 1900 - Québec, 18 mars, 1975)
Cliquez ici pour la page Wikipédia d'Alain Grandbois
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