Ce couteau jouet
Ha oui Père je me souviens trop bien de ce soir là au 142 rue Latourelle.
Et oui je me souviens trop bien aussi de ce jouet, une réplique miniature d'un poignard style couteau de chasse.
Ce soir là je ne saisissais pas vraiment ce qui se passait, l'ampleur de ce que j'étais en train de déjouer, moi un enfant d'à peu près 10 ans.
Ce n'est que plusieurs année plus tard que j"ai vraiment compris tout ce qui se déroulait et auquel je participais malgré moi.
Je ne comprenais pas pourquoi Mère pleurait.
Et toi qui ne cessais pas de dire que tu voulais partir en voyage et que tu n'avais aucune idée de quand tu nous reviendrais.
Tu refusais de me dire pourquoi tu devais partir et où tu voulais aller.
Tu me répondais : « Ha peut-être à Montréal, ou peut-être à un autre endroit ! »
C'est à ce moment là que j'ai eu cette réaction, donc j'ignore pourquoi cette réaction au lieu d'une autre.
J'alla chercher ce jouet ce micro-poignard d,à peine 1 1/2 pouce, peut-être 2 pouces de longueur totale.
La lame était comme dans un petit métal médiocre sans aucun tranchant.
C'était l'une de ces bebelles souvenir que tu m'avais acheté sur la Ste-Catherine lors de notre voyage à Montréal.
Un petit souvenir de Montréal.
Je pris ce jouet qui à mes yeux de 10 ans était un vrai poignard, et te le mis dans la main en te disant :
« Prend le Papa, pour te protéger lors de ton voyage, des fois que quelqu'un voudrait te faire mal! »
Pour quelle raison précise à ce moment là tu changea d'idée et décida de ne plus partir.
Et oui assez bizarre, sans m'en rendre compte, moi, cet enfant de 10 ans avec son couteau jouet, je venais de défendre ma famille , sans même m'en rendre compte.
Je venais de la défendre d'une cassure, d'un éclatement familiale.
Dis-moi Père, t'aurais-je protégé contre toi-même ?
Pendant plusieurs années cet événement survenu au 142 Latourelle à côté de l'évier de la cuisine me revenait à l'esprit.
Je me demandais toujours pourquoi que cet anecdote avec ce couteau jouet me revenait fréquemment dans mon esprit ?
C'est dernièrement dans la cinquantaine que j'ai compris ce que tu cherchais à faire.
D'où moins ce que que je pense que tu voulais faire.
Comment dire ?
Tu voulais, tu voulais nous abandonner là ma Mère et moi.
Tu voulais te débarrasser de ta femme et de ton enfant comme on se débarrasse d'une vieille chemise dans le cor à vidange.
Père as-tu une idée de ce que ton fils a pu ressentir 40 ans plus tard , lorsqu'il a comprit, enfin comprit quel geste de lâcheté que t'étais pour commettre ?
Père, je cesse cette lettre que je t'écris car ma plume veut cracher son acide, et elle me brûle la main de colère !
Lettre écrite à ce Père décédé un mois et demi avant ma majorité !
J'aimerais en terminant vous inviter
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