Une petite mise au point avec Francis Lagacé
10 septembre 2012
Aînés et manifestations
Lettre ouverte à monsieur Jean-Claude Grondin, président du Réseau FADOQ
Vous avez publié un éditorial dans le numéro d'automne 2012 du magazine Virage de la FADOQ dans lequel vous mentionnez à juste titre que les élans de solidarité de la mobilisation étudiante «ont fait bouger les choses et remis bien des principes en question.»
Ce qui vient un peu gâcher la sauce, c'est lorsque dans le dernier paragraphe vous parlez d'augmenter le pouvoir d'influence du Réseau «sans manifestations ni violence».
En effet, quelles qu'aient été vos intentions en écrivant cela, il reste que la conjonction de ces deux mots crée un lien entre eux chez le lecteur, comme nous l'enseignent les notions théoriques de la linguistique, de la pragmatique, des communications et de la psychologie.
Tout récepteur de message tend à forger un lien entre deux éléments qui sont coordonnés. Ainsi le lecteur pourra inférer certaines des interprétations suivantes:
--les manifestations sont violentes;
--les manifestations conduisent à la violence;
--les personnes qui organisent des manifestations sont violentes;
--manifester est une forme de violence;
--il y a des violences à l'occasion des manifestations.
Ce n'est peut-être pas ce que vous vouliez dire, mais toutes ces représentations peuvent se former dans l'esprit de la lectrice ou du lecteur.
Et, pourtant, on sait à quel point les manifestations étudiantes ont été exemplaires en terme de non-violence. On sait à quel point les carrés rouges sont contre la violence. Ne sont-ce pas eux qui ont organisé une vigile à la suite du tragique décès d'un technicien lors de la soirée électorale du Parti Québécois au Métropolis?
Toutes les personnes qui ont assisté aux nombreuses manifestations qui ont marqué Montréal depuis le mois de février sont à même de constater que la violence a été le fait beaucoup plus de la police que de qui que ce soit d'autre.
Saviez-vous qu'il y a eu 135 manifestations nocturnes consécutives, dont la dernière s'est tenue le 5 septembre, et que la violence policière y a été importante, mais pas celle des manifestantes et manifestants?
Et, pendant que nous y sommes, pourquoi les aînés ne manifesteraient-ils pas? Qu'y a-t-il de mal à cela? Nous avons été nombreux à être des têtes blanches aux carrés rouges. Nous pouvons aussi manifester pour nos propres causes.
La manifestation est aussi une action pacifique et il ne faut pas la discréditer. Vous allez me répondre que ce n'est pas ce que vous vouliez faire, mais les mots sont là ainsi que le pouvoir évocateur de leur association.
Francis Lagacé, membre de la FADOQ
Cette lettre ouverte est distribuée dans ma liste de diffusion, affichée sur mon site web et diffusée sur Facebook et dans Twitter.
LAGACÉ Francis
Aînés et manifestations
Lettre ouverte à monsieur Jean-Claude Grondin, président du Réseau FADOQ
Vous avez publié un éditorial dans le numéro d'automne 2012 du magazine Virage de la FADOQ dans lequel vous mentionnez à juste titre que les élans de solidarité de la mobilisation étudiante «ont fait bouger les choses et remis bien des principes en question.»
Ce qui vient un peu gâcher la sauce, c'est lorsque dans le dernier paragraphe vous parlez d'augmenter le pouvoir d'influence du Réseau «sans manifestations ni violence».
En effet, quelles qu'aient été vos intentions en écrivant cela, il reste que la conjonction de ces deux mots crée un lien entre eux chez le lecteur, comme nous l'enseignent les notions théoriques de la linguistique, de la pragmatique, des communications et de la psychologie.
Tout récepteur de message tend à forger un lien entre deux éléments qui sont coordonnés. Ainsi le lecteur pourra inférer certaines des interprétations suivantes:
--les manifestations sont violentes;
--les manifestations conduisent à la violence;
--les personnes qui organisent des manifestations sont violentes;
--manifester est une forme de violence;
--il y a des violences à l'occasion des manifestations.
Ce n'est peut-être pas ce que vous vouliez dire, mais toutes ces représentations peuvent se former dans l'esprit de la lectrice ou du lecteur.
Et, pourtant, on sait à quel point les manifestations étudiantes ont été exemplaires en terme de non-violence. On sait à quel point les carrés rouges sont contre la violence. Ne sont-ce pas eux qui ont organisé une vigile à la suite du tragique décès d'un technicien lors de la soirée électorale du Parti Québécois au Métropolis?
Toutes les personnes qui ont assisté aux nombreuses manifestations qui ont marqué Montréal depuis le mois de février sont à même de constater que la violence a été le fait beaucoup plus de la police que de qui que ce soit d'autre.
Saviez-vous qu'il y a eu 135 manifestations nocturnes consécutives, dont la dernière s'est tenue le 5 septembre, et que la violence policière y a été importante, mais pas celle des manifestantes et manifestants?
Et, pendant que nous y sommes, pourquoi les aînés ne manifesteraient-ils pas? Qu'y a-t-il de mal à cela? Nous avons été nombreux à être des têtes blanches aux carrés rouges. Nous pouvons aussi manifester pour nos propres causes.
La manifestation est aussi une action pacifique et il ne faut pas la discréditer. Vous allez me répondre que ce n'est pas ce que vous vouliez faire, mais les mots sont là ainsi que le pouvoir évocateur de leur association.
Francis Lagacé, membre de la FADOQ
Cette lettre ouverte est distribuée dans ma liste de diffusion, affichée sur mon site web et diffusée sur Facebook et dans Twitter.
LAGACÉ Francis
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