jeudi 19 juillet 2018

Quand de jeunes Américains torpillent la machine de propagande israélienne


Je leur lève mon chapeau, BRAVO!



(les juifs dissidents de IfNotNow dimanche, au domicile de la famille Sumreen, menacée d’expulsion à Jérusalem)

Quand de jeunes Américains torpillent la machine de propagande israélienne 

16 juillet 2018

Les jeunes juifs états-uniens du mouvement anti-occupation IfNotNow (« Maintenant ou jamais ») ont à nouveau frappé dimanche la machine d’endoctrinement israélienne, en torpillant l’un de ses principaux moyens, le programme dit « Birthright Israel ».

Le programme Birthright consiste à proposer à tout juif du monde entier âgé de 18 à 26 ans un voyage de 10 jours en Israël tous frais payés, le financement de l’opération étant notamment assuré par le magnat des casinos Sheldon Adelson, parrain de Trump et de Netanyahou.

L’intitulé même du programme est déjà une provocation, puisque « Birthright » veut dire « Droit de naissance », et qu’il s’agit donc de signifier à tout jeune juif qu’il a des droits –et par conséquent des devoirs- sur cette terre, là où ses habitants palestiniens n’en ont aucun.

Le déroulé des voyages est alors prévisible : démonstration des prouesses technologiques israéliennes, notamment militaires, passage au mémorial du génocide Yad Vashem, excursion sur le site de Massada où, selon certaines sources historiques, un groupe d’Hébreux se seraient collectivement suicidés il y a deux mille ans, plutôt que de subir le joug des conquérants romains… Le message est clair : pour être en sécurité, les juifs ont besoin d’un Etat fort, et ça tombe bien, avec Israël, ils l’ont.

Mais pas question de prendre le risque que ces jeunes gens soient trop curieux et aucun déplacement en Cisjordanie occupée –à l’exception, judaïsme oblige, d’une brève halte au Mur des Lamentations dans la Vieille Ville de Jérusalem- ne figure au programme. Pas plus que de rencontres avec des citoyens palestiniens d’Israël, supprimées par la direction de Birthright depuis quelque temps.

Birthright Israel est une énorme entreprise : ses dirigeants revendiquent l’envoi en Israël, chaque année, de dizaines de milliers de jeunes, très majoritairement en provenance des Etats-Unis, pays où vivent à peu près le même nombre –de 5 à 6 millions- de juifs qu’en Israël.

Mais la machine apparemment si bien huilée commence à se gripper.

A la différence de ce qui se passe en France, la mainmise de l’Etat israélien sur les organisations juives n’est plus totale aux Etats-Unis. L’AIPAC et autres équivalents américains du CRIF, même s’ils ont le monopole de la parole dans les institutions médiatiques et politiques, rencontrent de plus en plus de désapprobation dans la population d’origine juive outre-Atlantique.

La radicalisation à l’extrême-droite de la scène politique, qui s’accélère à la vitesse grand V en Israël, suscite en effet des interrogations croissantes au sein d’une partie de la jeunesse juive américaine, effectivement pratiquante, qui prend au sérieux les discours entendus dans leurs synagogues sur les valeurs d’humanisme et de solidarité entre opprimés associées au judaïsme.

Et qui constate que cela ne colle manifestement pas avec les pratiques barbares et brutales de ce qui est censé être « l’Etat des Juifs ».

Les réserves d’une partie de la communauté juive vis-à-vis d’Israël se sont accentuées au cours de la dernière période, en particulier depuis l’arrivée à la présidence de Donald Trump : voilà un homme raciste, sexiste et xénophobe, entouré d’une flopée de politiciens ouvertement antisémites, et qui n’a pourtant pas de meilleur allié que le gouvernement israélien, dont il satisfait toutes les exigences, à commencer par le transfert de l’ambassade des USA à Jérusalem.

C’est dans ce contexte que des mouvements juifs contestataires ont pris récemment leur essor aux Etats-Unis : la Jewish Voice for Peace (« Une voix juive pour la paix »), qui a rejoint la campagne internationale BDS, multiplie ainsi le nombre de ses adhérents.

IfNotNow, qui recrute dans la jeunesse estudiantine, a choisi de son côté de mettre à l’épreuve le programme Birthright, en s’adressant aux candidats sur le thème « Attention, ce n’est pas qu’une ballade tous frais payés ».

Le 18 juin dernier, cinq militants d’IfNotNow, qui sont aussi présents dans des organisations cultuelles, sont arrivés à l’aéroport JFK de New York où un groupe de jeunes s’apprêtaient à s’envoler pour Israël. Ils n’ont pas eu le temps de converser longtemps, puisque les encadrants de Birthright ont demandé à la police de chasser ces « mauvais juifs ». Mais cela a été du plus mauvais effet sur les participants, qui ont compris à quoi il faudrait s’en tenir dès qu’ils mettraient le pied dans « leur » pays : silence dans les rangs !

Et IfNotNow a trouvé mieux : pour la deuxième fois depuis le début du mois, 8 des participants ont lâché dimanche la visite guidée organisée par Birthright dans le « parc de la Cité de David », une entreprise qui, sous couvert d’archéologie biblique, sert à expulser les Palestiniens de Jérusalem. Ils sont ensuite rendus au domicile d’une famille palestinienne du quartier de Silwan, précisément menacée d’expulsion par le « Fonds National Juif », l’organisation qui chapeaute ces activités de dépossession des Palestiniens. Les vidéos de ces jeunes sur les réseaux sociaux ont été vues des centaines de milliers de fois.

Il y a deux semaines, un autre groupe, lui aussi composé de militants d’IfNotNow, a interrompu le programme officiel, reprochant à Birthright de faire silence sur l’occupation, et a convaincu d’autres participants de venir avec eux à Hébron, où les colons et l’armée imposent un enfer à la population palestinienne. Dans chacun des deux cas, les militants d’IfNotNow s’étaient coordonnés, en avance, avec des organisations israéliennes anti-occupation.

« On a essayé, depuis notre arrivée, de poser des questions sur la situation politique et d’avoir une discussion sur l’occupation, mais on s’est heurté à une stricte fin de non recevoir. Birthright ne veut pas qu’on voit la réalité. On nous ment, en nous donnant par exemple des cartes d’Israël où les contours de la Cisjordanie ne figurent même pas. Alors nous avons décidé de voir la réalité de l’occupation par nous-mêmes. », déclare l’une de ces « refuzniks » d’un nouveau genre, Becky Wasserman, 26 ans, de Boston.

« Breaking the Silence », une organisation d’anciens soldats repentis et qui se dédie maintenant à dénoncer l’occupation, a contribué au déplacement des dissidents à Hébron.

« Birthright ne peut plus jouer à montrer à ces jeunes une Tel Aviv libérale, tandis qu’à quelques kilomètres de là, nous imposons un régime militaire à des millions de Palestiniens. Et ce qui est encore plus certain, c’est qu’ils ne peuvent pas demander aux juifs du monde un soutien inconditionnel à Israël, tout en leur interdisant de voir la réalité de ce qu’ils sont censés soutenir », a déclaré son porte-parole.

Birthright ne sait pour le moment pas trop quoi faire, sauf à espionner plus systématiquement la jeunesse juive américaine et à établir de véritables listes de « juifs traîtres », auxquels l’inscription au voyage sera désormais interdite.

En attendant, ces auxiliaires du régime d’apartheid ont décidé de frapper les jeunes au portefeuille, en annulant leurs billets d’avion de retour aux Etats-Unis, et en confisquant le dépôt qui leur avait été demandé lors des inscriptions.

Mais les ennuis de cette officine nauséabonde ne font sans doute que commencer.

CAPJPO-EuroPalestine

 

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