Parlons de la Covid-19 avec Francis.
16 janvier 2021
La première vague de la Covid-19 a causé un véritable géronticide avec le délestage des hôpitaux vers les Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).
Maintenant, au sommet de la deuxième vague, c’est le délestage des CHSLD vers les hôpitaux qui est remis en question. Depuis le début, les personnes de 70 ans et plus sont vues comme un fardeau, comme un boulet, comme une population informe et irresponsable qu’on ne sait pas trop comment caser.
Et voilà, ça y est, on se fait dire qu’il faudra bien faire des choix et qu’après tout, celleux qui n’ont pas la plus grande espérance de vie ne méritent peut-être pas d’être soignées puisqu’on manque de ressources.
Dans tous les comités de savants et d’expertes, y a-t-il quelqu’un qui s’est demandé quel est l’avis des personnes de 70 ans et plus ? Quelqu’un s’est-il mis à songer que, pas plus que les enfants, qui ont le désavantage de ne pas avoir encore formé leur jugement, les personnes âgées ne sont un troupeau à gérer comme un cheptel encombrant ? On reviendra une autre fois sur la façon dont les pauvres animaux souffrent justement du traitement en cheptel.
Eh, bien, excusez-nous, chers gestionnaires, chères administratrices, nous ne pouvions pas prévoir, quand nous avons construit vos confortables maisons en briques rouges pour vous protéger des aléas de la vie en nous appuyant sur les fondations du service public, que vous céderiez à la voix doucereuse du loup qui vous suggérait de remplacer la brique publique par la guimauve privée parce que c’est tellement moins cher et plus délicieux.
Nous vous demandons pardon d’avoir érigé vos maisons. Nous vous demandons pardon de devoir en être expulsé·e·s parce que vous n’avez plus de ressources, ressources que vous pourriez récupérer en mettant la main sur les 800 milliards que cachent dans les abris fiscaux vos petits amis capitalistes, ressources que vous pourriez utiliser si vous aviez la sagesse de rapatrier dans le public les cliniques que vous avez si libéralement permises dans le privé. Il ne s’agit pas de leur faire la part belle, mais bien de les réquisitionner. Ne sommes-nous pas en temps de crise ?
Et à tous les psychotiques de la dette, rappelez-vous donc que la dette d’un ménage doit être réglée parce qu’il vient un temps où le ménage arrive à terme, mais que la dette publique peut prolonger ses termes étant donné que l’État a vocation à la perpétuité, et qu’il lui est donc loisible de réduire le fardeau de la dette en la rééchelonnant sur 100 ans.
Pourquoi 100 ans ? Pourquoi pas 30 ou 200 ? Parce qu’une semblable crise n’apparaît qu’à tous les cent ans : en 1914, c’était la grippe espagnole (qui n’avait rien d’un virus espagnol, mais tout d’une grippe porcine états-unienne) et en 2020, c’est la covid-19.
Pardon d’avoir bâti vos maisons pour que vous y soyez à l’aise sans nous. Pardon d’avoir encore l’obligation de vous fournir les solutions auxquelles vous ne prenez pas le temps de penser, trop indisponibles que vous êtes à cause du temps que vous occupez à gérer un monde irréel où les quotas, les courbes et les statistiques ont pris la place des personnes humaines.
Francis Lagacé
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