Francis nous parle d’acte.
18 septembre 2021
Dans l’Église catholique, immense marécage où j’ai été immergé pendant la totalité de mon enfance, il existe certaines sortes de prières constituant de véritables proclamations à l’égard de sa foi et de son obéissance à Dieu par l’entremise de son clergé.
Ces brèves oraisons sont appelées des actes. On nous forçait à réciter souvent ces preuves de soumission volontaire. Au nombre de neuf, ils pouvaient servir en diverses circonstances, soit comme rappel de notre allégeance absolue à l’Église, soit comme pénitence imposée par un prêtre.
On devine à quoi servaient l’acte d’adoration ainsi que l’acte d’amour ou de charité : l’adoration est réservée à Dieu seul, l’amour étant d’abord voué à Dieu, puis la charité aux autres, gentiment désignés sous le vocable de prochain. L’acte de contrition, de son côté, servait de conclusion à la confession des péchés, depuis appelée sacrement du pardon.
L’acte de demande, que l’on croit destiné à chercher un avantage, se résumait en fait surtout à implorer « la grâce de faire en toutes choses votre sainte volonté ».
L’acte d’espérance était tout dirigé vers l’obtention de la vie éternelle par le moyen de l’observance des commandements du Seigneur.
Le remarquable acte de foi déclarait : « je crois fermement tout ce que la Sainte Église catholique croit et enseigne ». Comme reniement du libre arbitre et de la science, on ne pouvait trouver mieux, même si la science nous apprend aujourd’hui que le libre arbitre est loin d’être si décisif qu’on aurait pu le croire.
Dans le non moins remarquable acte d’humilité, le croyant suppliait : « apprenez-moi à me mépriser moi-même ». C’est mentalement très sain. Après ça, on s’étonne que pendant la Révolution tranquille tant de gens aient jeté tout l’arsenal religieux par-dessus bord.
Avec l’acte d’offrande, le croyant offrait son corps, son âme et tous ses biens au Divin, ce qui veut dire en clair à l’Église.
Finalement l’acte de remerciement avait pour conclusion que le plus grand bien est d’avoir été « fait enfant de votre Église ».
Alors, les gens qui ne comprennent pas que tant de monde soit soumis aux Talibans, dites-vous qu’il n’y a pas si longtemps, de nombreux peuples étaient complètement subjugués par l’Église catholique et que ce n’est pas davantage compréhensible.
Mais, comme actuellement la religion la plus dominante est le capitalisme et que la consommation en est un rouage puissant, j’ai décidé de composer un Acte de consommation inspiré de l’acte de contrition des catholiques. Rappelons qu’à l’origine catholique signifie « universel » et que, justement, le capitalisme a de son propre aveu vocation, c’est le cas de le dire, à être universel.
Acte de consommation
Ô Divin Capital, j’ai un extrême besoin de consommer et je regrette de ne jamais le faire assez parce que tu es infiniment bon, infiniment aimable et que l’obsolescence programmée te ravit.
Pardonne-moi par les mérites de la Sainte Finance mon messie. Je me propose moyennant ton Saint Crédit de m’ensevelir sous les achats et de recommencer le plus souvent possible.
Francis Lagacé
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