lundi 4 juillet 2022

Crise du logement : le sens des mots

 

Parlons de logement avec Francis

Crise du logement : le sens des mots

4 juillet 2022

Quand on entend dire à la radio publique que des centaines de familles n’ont pu se trouver un « logement abordable », on mesure à quel point ni les dirigeants ni les médias ne comprennent ce que signifie vraiment la crise du logement.

Il n’y a pas crise seulement parce que l’offre ne rencontre pas la demande, mais parce que les logements disponibles sont insalubres, mal isolés, inadaptés et beaucoup trop chers. Tout cela parce que l’on a laissé le parc de logement locatif se développer à la va-comme-je-te-pousse au gré de l’appétit des grands promoteurs immobiliers et des spéculateurs.

C’est là qu’intervient le maudit vocable d’abordable qui, tout comme la bonne gouvernance ou la saine gestion, est la façon de dire « selon les règles des rapaces capitalistes ».

Vous savez ce qu’on entend souvent par un logement abordable ? C’est par exemple un trois pièces et demie à 1000 $ par mois et un quatre pièces et demie à 1400 $ par mois. Eh bien, moi j’appelle ça des loyers exorbitants. Ex-orbiter, c’est faire sortir de l’orbite. Littéralement, ces loyers vous coûtent les yeux de la tête.

Si j’avais été dans la malheureuse situation de devoir déménager, j’aurais trouvé facilement des annonces de « logement abordable », dont j’aurais été incapable de payer le loyer exorbitant et parfaitement inabordable.

La situation ne serait jamais devenue si épouvantable si on avait institué un registre des baux de location résidentielle. Cela aurait permis aux nouveaux locataires de voir à quel point on leur refile des augmentations exagérées. La situation ne serait jamais devenue si désespérée si on avait institué un contrôle des loyers pour éviter la surenchère dans la recherche de locataires friqués et peu avisés. Cela aurait permis aux familles de trouver des logements accessibles.

Maintenant, il revient à l’État de favoriser le développement de logements sociaux et d’habitations à loyer modique. Je sais que cette dernière expression n’a plus cours depuis des décennies, mais on n’aurait jamais dû l’abandonner, car c’est bien de cela qu’on a besoin : des loyers modiques pas des logements abordables inabordablement exorbitants.

Francis Lagacé

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