Parlons de Blue Tooth avec Francis.
1er février 2023
Les personnes les plus âgées se rappelleront la fin des années 1950 et le début des années 1960 quand les premières télécommandes pour porte de garage sont apparues. Lorsque le banlieusard arrivait chez lui et activait sa manette, toutes les portes de garage de toute la rue s’ouvraient en même temps sous l’effet de sa seule commande.
Plus près de nous, il vous est sans doute arrivé, si vous habitez dans un appartement aux murs minimaux comme il est fréquent à Montréal, de regarder la télé et de voir la chaîne changer sans que vous n’ayez rien fait. C’est grâce à la télécommande d’un voisin, laquelle a affecté votre téléviseur.
Récemment, j’ai eu le bonheur de rester pendant quelques jours dans un appartement dont l’équipement est connecté à Blue Tooth. Comme j’aime bien démarrer moi-même mes appareils, je ne me suis pas servi de la télécommande accessible par iPad.
Toutefois, j’ai eu la surprise de me faire réveiller à deux heures du matin par la sonnerie du téléphone que des voisins avaient réglé à distance pour leurs besoins sans se rendre compte que c’était mon appartement qui était visé. Enfin, c’est ce que j’ai dû conclure, car lorsque tous les appartements d’un immeuble sont ainsi connectés, il est difficile de savoir de quel logement venait la commande : celui d’en face, celui de droite, celui de gauche, celui du dessous, celui du dessus ?
Et aller frapper à toutes ces portes pour m’en plaindre n’aurait pas changé grand-chose à ma situation, à part me réveiller davantage. Ça n’aurait pas évité que ça se produise une nouvelle fois puisque les gens qui ont programmé un réveil l’ont sûrement fait pour leur départ. En plus, cela aurait causé un dérangement inopiné pour les locataires d’au moins quatre autres appartements.
Le lendemain, c’est mon téléviseur qui me réveille en s’allumant à minuit pour éclairer toute la chambre et diffuser par le biais d’iTunes une fort jolie chanson dans une langue qui m’est inconnue par un chanteur qui m’était tout aussi inconnu : je ne suis pas arrivé à déchiffrer l’écriture qui donnait les renseignements sur la pièce et je ne connaissais le visage de l’interprète ni d’Yves ni d’Adam. (Pour les personnes lentes, je sais que je n’emploie pas la formule consacrée. Je faisais une blague.)
Encore une fois, frapper à cinq portes ne m’aurait pas apporté grand-chose. La personne « coupable » a dû se rendre compte de son erreur après que j’aie éteint mon téléviseur.
Deux jours plus tard, alors que j’étais en train de souper, c’est le lave-vaisselle, pourtant vide, qui se met en marche. Je m’approche du tableau de bord et je vois que le programme est réglé pour durer trois heures de temps. J’ai beau appuyer sur le bouton d’arrêt, je n’arrive pas à éteindre la machine. Il faut dire que le seul lave-vaisselle dont je connaisse le fonctionnement est constitué d’une lavette, d’une bassinette et de mes mains. J’essaie la technique connue qui consiste à ouvrir la porte de la machine pendant quelques secondes, puis à la refermer. Aucun résultat.
Il me faut donc trouver le manuel d’utilisation. Je fais le tour de toutes les armoires de l’appartement. C’est évidemment derrière la dernière porte de placard que je trouve les livrets d’instructions des appareils ménagers. Et, devinez quoi, le seul qui n’ait pas été retiré de son emballage plastique était celui du lave-vaisselle.
Essayer de déchirer le plastique de ces emballages quand on est pressé, c’est enrageant et on n’y arrive pas avant de faire appel à un objet coupant ou tranchant. Je sors la pile de manuels. Le premier était en turc, le deuxième en arabe, le troisième en allemand, le quatrième en chinois, le cinquième en néerlandais, le sixième en espagnol, le septième en anglais et le huitième en français. Je le parcours rapidement et trouve la solution : appuyer sur le bouton d’allumage pendant plus de trois secondes. Ouf ! Me voilà sauvé du bruit infernal de cet engin tout comme d’une dépense d’eau et d’énergie parfaitement inutile.
Aurais-je été plus avancé en allant visiter les cinq appartements suspectables ? Pas plus que le dixième voisin de cette rue de Springfield dont la porte de garage s’est ouverte toute seule le 14 juin 1961.
Ce fut une drôle d’expérience. J’espère qu’elle aura su vous amuser un peu. Je dois avouer que, pendant ces épisodes, je me suis senti comme l’apprenti sorcier de la fable, même si ce n’est pas moi qui ai tenté de jouer avec la baguette magique.
Francis Lagacé
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