Laissons la parole à Francis
Pandémie : nous n’avons rien appris
13 mars 2025
Cinq ans aujourd’hui que la pandémie causait le confinement. Les causes premières qu’il faut cherché dans notre obsession productiviste qui détruit l’environnement n’ont même pas été remises en question.
Je reproduis intégralement ici la dernière partie d’un billet en trois sections que j’avais publié le 6 avril 2020 et qui s’intitulait : Avant, pendant et après. Le texte n’a pas pris une ride.
Après la crise sanitaire
Il ne faut pas compter sur les grands de ce monde, les financiers, les marionnettes qu’ils ont placées à la tête des États, pour corriger les bêtises de l’économie libérale. Pour ne prendre que l’exemple de la France, vous rappelez-vous Sarkozy la main sur le cœur en 2008 qui promettait de « réformer le capitalisme » ? Il en va de même avec les déclarations de Macron qui découvre tout à coup que certains domaines de la société, comme la santé, ne doivent pas être sacrifiés sur l’autel du dieu Marché.
Ces promesses seront plus vite reniées que n’importe quelle élucubration d’ivrogne. Ces gens-là ne comprennent pas la plupart du temps ce qu’ils disent et, quand ils s’y entendent un peu, ils n’en croient pas un mot, pervers narcissiques qu’ils sont, comme le sadique qui sussure de douces paroles à l’oreille d’une personne pendant qu’il la torture.
Les capitalistes n’auront rien de plus pressé que de vouloir relancer la machine infernale : la course à la production excessive et l’encouragement à la consommation débridée. Aurons-nous le courage de dire non à la société de consommation ? Aurons-nous le courage de valoriser la production locale et conviviale ? L’achat de proximité qui nécessite le déplacement minimum ? Aurons-nous le courage de nationaliser les banques et les services ? Aurons-nous le courage de favoriser le lent, l’humain et l’inutile ? Si l’utile n’est rien d’autre qu’utile, l’inutile, lui, est nécessaire.
Le coût des assurances habitations augmentera de façon exponentielle sous toutes sortes de prétextes. Les compagnies d’assurance imposeront sans doute par défaut la clause d’activités professionnelles à domicile et il faudra se battre pour la faire retirer.
Oserons-nous rejeter le PIB comme mesure de la satisfaction de la population ? Le produit intérieur brut comme mesure de qualité de vie a été l’erreur de tous les pays productivistes, qu’ils soient capitalistes comme les États-Unis, sociaux-démocrates comme les pays scandinaves ou capitalistes étatiques comme l’Union soviétique. Et tous ont conduit à la catastrophe écologique. Le PIB est une mesure de richesse, mais pas une mesure de qualité de vie. On devrait peut-être s’inspirer, entre autres, de l’indice de progrès humain suggéré par l’économiste Jacques Généreux.
Accepterons-nous le retour à la normale puisque ce qui était considéré comme normal ne l’était pas, mais était plutôt excessif ?
Et le nouveau normal sera l’absence de contact entre les humains, surtout la surveillance absolue de tout rassemblement. Ce sera pour votre bien naturellement. On vous rappellera qu’éviter les mauvaises fréquentations vous permet de ne pas être contaminé·e par les méchants virus. Ces nouveaux virus auront pour noms : socialisme, anarchie, délinquance, contestation, opposition, obstruction aux infrastructures publiques, terrorisme (écologique, autochtone, végane, objecteur de conscience) et humanisme.
Et pour éviter les contacts et les virus, qu’y a-t-il de mieux que l’hybridation de l’humain à la technologie ? Les posthumanistes et les transhumanistes vous le diront : les machines n’attrapent pas de maladies. On vous promettra le bonheur éternel et minéral, ce qui est bien entendu une stupidité. Rien n’est éternel dans l’Univers. Aucune machine ne résistera à l’explosion de notre petite étoile dans cinq milliards d’années et leur pseudo-éternité leur aura paru aussi brève ou aussi désespérément longue que nos vies insignifiantes, car tout est une question de rapport. Sauf que cette éternité statique et minérale sera réservée aux riches, très riches, suprêmement riches, et que de ce bonheur-là, on n’en veut pas, parce que la vraie vie ne se limite pas, malgré les fantasmes cognitivistes et cybernétiques, à la circulation de données.
Avant, pendant et après la crise sanitaire, rappelons que l’humain doit passer avant l’argent, avant la machine, avant la circulation des marchandises et des données.
Francis Lagacé
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