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mercredi 29 mai 2013
BASES ET PERSPECTIVES D’UN MOUVEMENT POPULAIRE POUR L’INDÉPENDANCE
BASES ET PERSPECTIVES D’UN MOUVEMENT POPULAIRE POUR L’INDÉPENDANCE
mardi 28 mai 2013, par Bernard Rioux
À son dernier congrès, Québec solidaire a clairement écarté toute perspective d’ententes électorales avec le Parti québécois et Option nationale. Il n’en reste pas moins qu’il restera sous les pressions des partisans du maintien du bloc souverainiste sous hégémonie péquiste.
Rester prisonnier de la défense de l’hégémonie péquiste
Tous les arguments sont bons pour les défenseurs de cette hégémonie : appel au sabordement des partis indépendantistes minoritaires, ententes électorales sans base politique, défense des institutions électorales britanniques malgré leur caractère antidémocratique, utilisation de primaires souverainistes qui déboucheraient sur l’unique présence du PQ aux élections, et enfin appel au vote stratégique.
Le seul objectif de tous ces arguments, présentés supposément au nom de l’unité de la famille souverainiste, c’est de permettre au PQ d’aller chercher une majorité à l’Assemblée nationale... sans se donner la peine de faire une évaluation sérieuse des stratégies péquistes et des impasses dans lesquelles ces stratégies ont conduit le peuple québécois, sans faire un bilan authentique des effets des politiques néolibérales de ces gouvernements nationalistes sur l’affaiblissement du soutien à l’indépendance du Québec
Il faut savoir ouvrir les nécessaires débats afin de comprendre l’impasse actuelle du mouvement souverainiste sous hégémonie péquiste et la nécessité d’envisager de nouvelles stratégies, de nouvelles perspectives et de nouvelles alliances.
Aujourd’hui, le bloc nationaliste sous hégémonie d’un personnel politique néolibéral, le péquisme au pouvoir, se montre empressé de répondre aux desiderata de l’oligarchie économique : politique d’austérité, refus d’une réforme progressiste de la fiscalité, ouverture à l’exploitation et au transit des énergies fossiles sur le territoire québécois, ouverture au libre-échange avec l’Europe mettant en danger nos services publics, report à un avenir indéfini de la lutte effective pour l’indépendance, ancrage dans un autonomisme édenté – la gouvernance souverainiste – incapable de répondre au rapetissement des pouvoirs du Québec.
La bourgeoisie québécoise et les classes petites-bourgeoises qui lui emboîtent le pas n’ont aucun projet de rupture réelle avec la tutelle fédérale, si ce n’est dans une rhétorique que l’on emploie les jours de fête nationale. Depuis qu’il est au pouvoir, le gouvernement Marois n’en finit plus d’offrir sa collaboration à l’État canadien pour favoriser la réalisation de ses grands objectifs stratégiques et de courir à New York et à Washington pour démontrer que les ressources naturelles et énergétiques du Québec leur resteront disponibles, et à bon prix, avec exemption d’impôt à la clef en plus.
Face à une telle capitulation sociale et nationale, il faut réaffirmer que les débats stratégiques doivent être repris à la racine, que les partis indépendantistes en dehors du PQ posent la nécessité d’un renouvellement stratégique et que ce renouvellement est essentiel. Il est totalement faux d’affirmer que la diversité des partis indépendantistes est inutile et ne relève que d’un patriotisme organisationnel.
Ou faire le pari de la centralité d’une démarche de souveraineté populaire
Le congrès sur la Convergence nationale tenu la fin de semaine dernière s’inscrit en grande partie dans cet objectif de préservation de l’hégémonie péquiste. Il a repris et ressassé une série d’arguments en ce sens. Celui des primaires nous semble le plus pernicieux et en opposition directe à la position également adoptée de réforme du mode de scrutin. On écarte ou on reconnaît la diversité des analyses et des approches stratégiques. Il faut choisir.
Mais une idée-force s’est imposée malgré tout au congrès, celle de la primauté de la souveraineté populaire dans la lutte pour l’indépendance du Québec. La lutte pour l’indépendance appartient au peuple, elle ne saurait être le monopole des partis politiques. Pour concrétiser cette souveraineté populaire, la mise en place d’un mouvement citoyen pour l’indépendance a été évoquée. Mieux encore, le Nouveau Mouvement pour le Québec a proposé au Conseil de la souveraineté d’élargir ses structures afin de rendre effectif dans les meilleurs délais la mise sur pied d’un tel mouvement.
Les tâches d’un mouvement populaire pour l’indépendance
Un mouvement populaire pour l’indépendance doit avoir pour but de mener des luttes concrètes favorisant le renforcement du contrôle des Québécois et des Québécoises sur leur présent et sur leur avenir. L’indépendance ne gagnera un soutien dans une majorité du peuple québécois, que si elle signifie la capacité pour la majorité populaire d’agir librement dans l’ensemble de ses choix économiques, sociaux et démocratiques.
Une indépendance sans qualité ne peut faire sens. C’est là tout la pertinence du débat gauche-droite à propos de la question nationale. Aujourd’hui, la lutte pour l’indépendance peut et doit se concrétiser par le refus du transit du pétrole sur le territoire québécois, par la reprise en mains de nos ressources naturelles, par le développement des énergies renouvelables par un secteur public sous contrôle citoyen, par planification écologique de nos moyens de transport... Un mouvement citoyen pour l’indépendance devrait intervenir sur ces enjeux en cherchant à unifier les secteurs sociaux qui, en intervenant sur ces questions, manifestent leurs aspirations indépendantistes et leur résistance aux tentatives d’asservissement national.
Un mouvement populaire pour l’indépendance refusera de séparer la lutte nationale d’un projet de pays écologique, égalitaire et démocratique, seul capable de mobiliser une majorité des QuébécoisEs pour l’indépendance. Il refusera de séparer la lutte pour l’indépendance de l’exercice d’une véritable souveraineté populaire dont l’expression se concrétisera par l’élection d’une assemblée constituante. Il se fera donc le promoteur de l’élection de cette dernière qui remettra au peuple la définition du pays qu’il recherche et des institutions démocratiques qu’il veut se donner. Il luttera pour l’élargissement immédiat des droits démocratiques du peuple québécois : introduction d’un mode de scrutin reconnaissant la représentation proportionnelle, possibilité de la tenue de référendums d’initiatives populaires, droit de révocation des personnels politiques corrompus...
Un tel mouvement pourra gagner une majorité du peuple québécois à l’indépendance parce qu’il sera en phase avec l’affirmation de sa souveraineté populaire, parce qu’il cherchera à articuler les trois dimensions de notre lutte de libération nationale : a. la rupture totale avec l’État canadien et avec notre statut de minorité politique, b. un projet de pays dessiné par la majorité de la population, c. la promotion de l’élection d’une assemblée constituante dont la mise en place signifiera la concrétisation même de notre droit à l’autodétermination nationale et une rupture avec la domination de l’État fédéral sur le Québec.
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