Laissons la parole à Francis
15 août 2020
Je regardais le téléjournal de 18 heures à Radio-Can. Oui, je sais, ça s'appelle maintenant Ici télé, mais je continue à appeler Radio-Can, ce qui s'appelle toujours CBC chez les Anglos, et ce n'est pas sans lien avec ce qui va suivre.
En deuxième sujet du bulletin de nouvelles, il y avait la victoire au hockey des Canadiens de Montréal contre les Pingouins de Pittsburgh. En regardant l'extrait où Jonathan Drouin répond en français à une question des journalistes, j'ai été frappé comme par la foudre de l'attitude de son coéquipier Max Domi. Il convient que vous alliez voir ce bref extrait qui commence à 5 minutes 30 sur le lien du Téléjournal de 18 h du 14 août 2020.
Le langage non verbal de Max Domi est une illustration parfaite de ce qu'est devenu le fait français pour l'anglo-saxophonie dominante. On voit un homme qui semble se dire : « C'est donc plate, ça va-tu finir, c'est sans intérêt, et je ne ferai surtout pas le moindre effort pour témoigner quelque intérêt que ce soit pour des déclarations faites dans une langue insignifiante et inutile que je ne comprends pas et à laquelle je n'ai aucune raison de m'intéresser. » Suivez son visage profondément ennuyé et ses yeux qui partent dans toutes les directions.
Vous aurez alors envie de vous jeter à bras raccourcis sur le pauvre Max Domi, surtout qu'il s'est déclaré ami de la diversité. Et vous écrirez des lettres enflammées à la direction des Canadiens de Montréal pour dénoncer ce mépris. Ainsi donc, la diversité concerne la couleur de la peau, l'origine ethnique, l'orientation sexuelle, mais pas la langue ?
Mais vous ferez fausse route. Ce n'est pas du mépris. C'est de la nonchalance systémique. Domi n'est même pas conscient qu'il est ici le révélateur de la pensée hégémonique dans le monde anglo-saxon et chez tous ceux qui l'adulent (ce qui inclut beaucoup de sociétés européennes), pensée selon laquelle le français n'est qu'une langue accessoire et son utilisation un irritant à l'usage de quelques maniaques.
Je me tiens très loin des identitaires et des nationaleux, mais je constate néanmoins que, dans la pensée hégémonique globalisante, le français n'est considéré que comme une perturbation momentanée destinée à l'extinction à brève échéance. Et l'extrait vers lequel je pointe en est une illustration iconique parfaite. Y voir une mauvaise volonté individuelle de la part de l'agent qui la manifeste, c'est rater le phénomène dont il n'est que le symptôme.
Francis Lagacé
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