mardi 10 décembre 2024

Bien sûr que je suis woke, mais il n’y a pas de wokisme

 

Laissons Francis nous expliquer le wokisme

Bien sûr que je suis woke,
mais il n’y a pas de wokisme



9 décembre 2024

Que signifie « être woke » ? L’expression vient des milieux afro-américains. C’était un avertissement que l’on donnait à ses camarades de rester éveillés dans certaines villes du Sud, où leur sécurité et carrément leur vie étaient en danger. Être woke, c’est donc être alerte, sur ses gardes.

Avec le temps, l’expression permet de regrouper les différentes préoccupations pour la justice sociale, l’équité entre les hommes et les femmes, le respect des minorités, la justice écologique, bref tout ce qui constitue une démocratie saine et respectueuse.

On comprendra qu’il n’existe pas de « wokisme », car ce n’est pas un mouvement, mais bien la description d’une gauche inclusive, tout simplement. Il n’y a pas de wokisme. Je n’ai jamais adhéré à un mouvement qui s’appelle wokisme. J’ai adhéré de façon successive, et pas nécessairement dans cet ordre, aux luttes LGBTQ+, au féminisme, au socialisme, à la justice sociale... Ce sont des mouvements autonomes qui s’entrecroisent, car il y a souvent convergence des luttes et intersectionnalité. Et puis, quand on est sérieusement écologiste, on sait qu’il faut combattre le capitalisme et le productivisme qui détruisent l’environnement.

Finalement, on découvre que si on est éveillé aux besoins de notre société et à la justice sociale, on est woke, c’est-à-dire éveillé. Ben oui, éveillé, c’est pas mal mieux qu’engourdi, qu’en dites-vous ?

En revanche, l’antiwokisme existe puisqu’il s’agit d’une réaction épidermique à tout ce qui remet en question le confort d’une société capitaliste, patriarcale, blanche, hétéronormative et cisgenre.

De la même façon qu’il n’y a jamais eu de sorcellerie mais qu’on a brûlé des milliers de sorcière, de la même manière qu’il n’y a pas d’ectoplasmes mais que les chasseurs de fantômes sont légion, il n’y a pas de wokisme, mais une pléthore d’antiwokes prêts à s’insurger contre ce qui menace le statu quo ou les privilèges des classes dominantes.

Se déclarer antiwoke, c’est donc afficher ouvertement son aversion pour le féminisme, l’écologie, l’inclusion, la démocratie directe, l’antiracisme, la justice sociale. En fait, les antiwokes ont peur de ne pas pouvoir perpétuer la suprématie blanche et chrétienne. Ces personnes font des Occidentaux des victimes alors que l’Occident a pillé le monde et réduit les peuples à l’esclavage.

C’est d’ailleurs assez amusant de voir des gauchistes mous, en fait des droitistes honteux, prétendre que les wokes détournent la gauche de ses objectifs réels. Comme si la lutte des classes excluait le féminisme, l’égalité des droits, le respect des cultures et l’écologie.

Ces discours qui attribuent l’affaiblissement de la gauche à un prétendu « wokisme » sont parfaitement en phase avec le discours de l’hégémonie néolibérale qui veut faire croire aux opprimés que d’autres opprimés sont la cause de leur oppression.

En se déclarant fermement anti-woke, Paul Saint-Pierre Plamondon (PSPP), le chef du Parti Québécois, a fait une profession de foi droitiste utilisant la même rhétorique que Donald Trump. Entre lui et le Premier ministre Legault, c’est le concours à qui réaliserait le plus fidèlement la réincarnation de Maurice Duplessis. PSPP a même réussi le tour de force de qualifier d’antidémocratiques, les personnes qui revendiquent un plus grand respect de la démocratie et des minorités. C’est une pirouette digne de Trump et parfaitement indigne d’un successeur de René Lévesque.

Francis Lagacé

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