Jetons un regard sur Option Nationale
avec Francis Lagacé
30 juillet 2012
L'énigme Option nationale
Option nationale a été créée par Jean-Martin Aussant à la suite de sa défection du Parti québécois. Insatisfait du leadership de Pauline Marois, ce député estime que le Parti québécois ne parle pas assez d'indépendance.
Une première plate-forme a été rédigée par un groupe de personnes en 2011, puis adoptée par un congrès le 25 février 2012.
Quand on consulte le programme, on constate qu'il est assez à gauche et ressemble à celui de Québec Solidaire: gratuité scolaire, élections proportionnelles, programme de santé universel, Pharma-Québec, etc.
Était-il nécessaire de créer une autre formation politique si un parti offrait déjà un programme correspondant à ses principes?
Quand on consulte les statuts du parti, on constate à l'article 1.2 que le but d'Option nationale est de réaliser l'indépendance du Québec. C'est donc la raison d'être principale de ce parti essentiellement nationaliste au-delà de l'axe droite-gauche.
Le chef du parti parle d'ailleurs de «Canadiens-français» ainsi que de «communautés culturelles autres que la majorité francophone indigène» dans une entrevue publiée sur le blogue de Mathieu Bock-Côté le 13 juillet 2012.
Si on continue à lire les statuts, on constate à l'article 10 le rôle prépondérant du chef. La chefferie «contribue activement à la détermination [des] grandes orientations». C'est le chef qui décide de la convocation du congrès et des autres instances que sont la conférence nationale, le conseil national et le bureau national.
On constate donc que, ayant déterminé son programme d'en haut pour le faire approuver en congrès, ayant des statuts qui donnent un pouvoir très important au chef, Option nationale est un parti de type top-down par contraste avec Québec solidaire, qui a construit patiemment son programme selon le mode bottom-up.
Reléguer le débat gauche-droite au second plan ne risque-t-il pas de favoriser la droite? Peut-on raisonnablement penser qu'ayant fait l'indépendance avec la droite, elle nous laissera gouverner à gauche après? Qu'en sera-t-il des institutions qui seront alors créées dans un tel pays?
Dans les réseaux sociaux, on voit plusieurs jeunes se prononcer pour Option nationale. Sont-ce là les jeunes qui défilent dans les rues pour réclamer une démocratie plus participative? À la lecture de ce qui précède, ce serait étonnant et énigmatique.
Mais l'instantanéité du programme déjà tout prêt peut séduire. La relative simplicité des priorités aussi: on fait l'indépendance d'abord, on s'occupera du reste ensuite.
S'il est possible et souhaitable de dialoguer entre solidaires et optionnistes, il reste à reconnaître que le mode de fonctionnement des deux partis (top-down pour ON; bottom-up pour QS) et l'ordre des priorités (l'indépendance pour ON; la justice sociale pour QS) permettent de faire des choix éclairés.
LAGACÉ Francis
L'énigme Option nationale
Option nationale a été créée par Jean-Martin Aussant à la suite de sa défection du Parti québécois. Insatisfait du leadership de Pauline Marois, ce député estime que le Parti québécois ne parle pas assez d'indépendance.
Une première plate-forme a été rédigée par un groupe de personnes en 2011, puis adoptée par un congrès le 25 février 2012.
Quand on consulte le programme, on constate qu'il est assez à gauche et ressemble à celui de Québec Solidaire: gratuité scolaire, élections proportionnelles, programme de santé universel, Pharma-Québec, etc.
Était-il nécessaire de créer une autre formation politique si un parti offrait déjà un programme correspondant à ses principes?
Quand on consulte les statuts du parti, on constate à l'article 1.2 que le but d'Option nationale est de réaliser l'indépendance du Québec. C'est donc la raison d'être principale de ce parti essentiellement nationaliste au-delà de l'axe droite-gauche.
Le chef du parti parle d'ailleurs de «Canadiens-français» ainsi que de «communautés culturelles autres que la majorité francophone indigène» dans une entrevue publiée sur le blogue de Mathieu Bock-Côté le 13 juillet 2012.
Si on continue à lire les statuts, on constate à l'article 10 le rôle prépondérant du chef. La chefferie «contribue activement à la détermination [des] grandes orientations». C'est le chef qui décide de la convocation du congrès et des autres instances que sont la conférence nationale, le conseil national et le bureau national.
On constate donc que, ayant déterminé son programme d'en haut pour le faire approuver en congrès, ayant des statuts qui donnent un pouvoir très important au chef, Option nationale est un parti de type top-down par contraste avec Québec solidaire, qui a construit patiemment son programme selon le mode bottom-up.
Reléguer le débat gauche-droite au second plan ne risque-t-il pas de favoriser la droite? Peut-on raisonnablement penser qu'ayant fait l'indépendance avec la droite, elle nous laissera gouverner à gauche après? Qu'en sera-t-il des institutions qui seront alors créées dans un tel pays?
Dans les réseaux sociaux, on voit plusieurs jeunes se prononcer pour Option nationale. Sont-ce là les jeunes qui défilent dans les rues pour réclamer une démocratie plus participative? À la lecture de ce qui précède, ce serait étonnant et énigmatique.
Mais l'instantanéité du programme déjà tout prêt peut séduire. La relative simplicité des priorités aussi: on fait l'indépendance d'abord, on s'occupera du reste ensuite.
S'il est possible et souhaitable de dialoguer entre solidaires et optionnistes, il reste à reconnaître que le mode de fonctionnement des deux partis (top-down pour ON; bottom-up pour QS) et l'ordre des priorités (l'indépendance pour ON; la justice sociale pour QS) permettent de faire des choix éclairés.
LAGACÉ Francis
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