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Ristigouche et le mouvement de résistance aux hydrocarbures
Mardi 26 septembre 2017 / DE : André Frappier
Du 5 au 18 septembre dernier s’est tenu à New Carlisle devant la Cour supérieure du Québec, le procès intenté par la compagnie Gastem en août 2013 contre la petite municipalité de Ristigouche Sud-Est en Gaspésie. Le maire François Boulay fait face à une poursuite de 1,5 million$ suite à l’adoption d’un règlement en 2013, pour protéger l’eau potable de ses 157 citoyens. Le budget d’opération annuel de la municipalité est de 280,000$.
À l’époque aucune réglementation provinciale ne définissait la distance minimale entre le forage et les puits. La municipalité a donc adopté ce règlement interdisant toute exploration pétrolière à moins de deux kilomètres de ses sources d’eau potable. Le président de Gastem, Raymond Savoie est un ancien ministre libéral qui a travaillé ensuite pour la Banque Mondiale avant de devenir promoteur minier. Il avait qualifié de « fascistes » les militants écologistes québécois.
En juin dernier, un regroupement de 230 municipalités déposait leur version du règlement, dans lequel elles demandent des distances minimales de 2 à 10 kilomètres entre les forages et les sources d’eau potable. Le règlement adopté par le gouvernement libéral en juillet 2014, prévoyait une distance minimale de 500 mètres entre une source d’eau potable et un puits gazier ou pétrolier. Les municipalités espéraient que le ministre de l’environnement David Heurtel leur accorde une dérogation puisque le gouvernement s’apprêtait à réviser son règlement en août 2017.
Au lieu de donner suite aux revendications d’un regroupement qui représente tout de même 3,5 millions de québécois, le gouvernement Couillard rajoute l’insulte à l’injure en publiant le 20 septembre dernier un projet de règlement qui donne plus de latitude aux entreprises que celui adopté en 2014. Il prévoit en effet que l’entreprise qui souhaitera mener ces travaux devra notamment respecter une distance minimale de 175 mètres entre la tête du puits et « une concentration d’activités résidentielles, commerciales, industrielles ou de services ». Pour une résidence isolée, le règlement évoque une distance minimale de 150 mètres. C’est donc dire que les activités de l’industrie pourront se déployer très près de zones habitées.
Ce projet autorisera les forages pétroliers près de secteurs résidentiels, de garderies et d’aires protégées et de parcs nationaux, mais aussi dans les lacs et les rivières. Des dizaines de cours d’eau pourront être ciblés dont une grande partie du Lac St-Jean. En Gaspésie, ce sont des dizaines de lacs et de rivières qui se retrouvent dans des territoires sous permis, par exemple avec les entreprises Pétrolia et Junex.
Un autre projet de règlement prévoit que le gouvernement fixera une limite à la responsabilité des entreprises qui n’assumeront donc pas la totalité des coûts en cas de catastrophe. La future réglementation n’interdit pas les forages horizontaux sous les secteurs habités, les cours d’eau, les aires protégées et les parcs nationaux. Le projet précise seulement des distances séparatrices pour la tête des puits de forage.
Le Parti québécois lors de son congrès tenu début septembre a donné son appui à la lutte de Ristigouche. Cependant lors de son passage au pouvoir entre 2012 et 2014 aucune action n’avait été entreprise afin de résoudre cette question. Bien au contraire le PQ s’était montré très ouvert au transport pétrolier d’Énergie Est et à l’exploitation pétrolière, dans le golfe du St-Laurent et à Anticosti entre autres.
Mais la résistance se poursuit. Une vingtaine de membres du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec, qui proviennent d’un peu partout dans la province, ont été présents lors du procès et ont donné leur appui à la municipalité. La porte-parole de Québec solidaire et députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Manon Massé, s’est déplacée jusqu’à New Carlisle pour assister à l’ouverture du procès et donner son appui.
Le fait que le ministre de l’environnement de Philippe Couillard refuse aux municipalités le droit de prendre les moyens pour mieux protéger l’environnement et l’eau potable de leurs citoyens, qu’il laisse une compagnie se servir de sa force économique pour tenter d’écraser la volonté de la population, démontre à quel point ce gouvernement est au service des entreprises.
L’enjeu est important, il ne s’agit pas uniquement de la bataille de Ristigouche. Une victoire de la compagnie pourrait créer une jurisprudence qui empêcherait les municipalités du Québec de protéger leur environnement.
Une levée de fonds a été organisée, afin de soutenir Ristigouche contactez solidariteristigouche.ca
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