samedi 30 juin 2018

La montée de la droite, et la construction d’une alternative de gauche


Laissons la parole à André Frappier



La montée de la droite, et la construction d’une alternative de gauche 



Mardi 26 juin 2018 / DE : André Frappier

À quelques mois des élections générales au Québec les sondages indiquent la possibilité d’un gouvernement majoritaire de la CAQ de François Legault avec 37% des intentions de vote versus un parti libéral à 28% qui n’arrive pas à remonter la pente, une chute historique du PQ à 19% et une certaine stabilisation de QS à 9%.

La crise financière et l’incertitude économique qui en découle ne sont certainement pas étrangères à cette situation. Cette incertitude n’est pas seulement causée par des paramètres uniquement québécois mais par la crise mondiale, qui conduit des parties importantes de populations à fuir les désastres environnementaux, la pauvreté endémique, la répression et la guerre.

L’Europe et l’Amérique du nord (à l’exception du Mexique) font partie des endroits qui jusqu’à récemment ont relativement échappé à cette crise, notamment à cause de leur position de domination par rapport aux pays du sud. Domination qui s’est développée par l’exploitation économique mais aussi par la politique guerrière à laquelle les États-Unis au premier plan mais aussi le Canada ont participé. La crise permanente tant environnementale qu’économique qui en découle nous rejoint maintenant. Une récession durable s’est installée en Europe et aux États-Unis et cogne maintenant à nos portes, dans l’État canadien comme au Québec.

Le Parti Libéral usé et corrompu n’est plus en mesure d’apparaître avec crédibilité malgré ses promesses électorales. Le vent dominant cependant, n’est pas à gauche. L’arrivée de Macron en France, de Trump aux États-Unis et récemment de Doug Ford en Ontario ainsi que du candidat conservateur lors des élections fédérales partielles au Saguenay non seulement le confirme mais vient ajouter un poids aux défis de la gauche et particulièrement pour Québec solidaire. Une réponse politique à la mesure de cette situation est nécessaire afin de convaincre la population de la nécessité d’un changement social en profondeur.

Si nous n’arrivons pas à donner cette réponse globale, les arguments protectionnistes et anti immigration garderont leur emprise sur une population en recherche de solutions. Vaincre la droite c’est identifier leur responsabilité dans la crise politique et économique actuelle.

La CAQ a utilisé le thème de l’immigration pour se faire du capital politique. Ce parti a d’abord soulevé la nécessité d’ajuster les seuils d’immigration aux capacités d’intégration des personnes migrantes et CAQ n’a pas hésité à afficher son hostilité envers les personnes demandant un statut de réfugié. Le PQ quant à lui a fait abondamment la preuve à quel point il pouvait utiliser les sentiments identitaires à des fins électoralistes.

Si PLQ et la CAQ sont des artisans de la privatisation au service des entrepreneurs, le PQ quant à lui promet d’être un gouvernement fier de ses entrepreneurs qui met « l’État au service d’une croissance économique plus robuste ». Il créera un environnement propice à l’entrepreneuriat en allégeant la réglementation. [1]

Le Parti libéral du Québec s’est fait le défenseur zélé des intérêts des patrons du Québec et plus particulièrement des pétrolières et des gazières. La CAQ s’inscrit dans la même logique et n’a jamais pris aucune distance face aux politiques du PLQ. L’expérience du Parti québécois au pouvoir sous Pauline Marois a été désastreuse à cet égard en subventionnant l’exploration pétrolière sur l’île Anticosti et en harnachant le gouvernement avec les pétrolières dans un contrat dont il a fallu payer pas moins de 41 millions pour s’en libérer.

La campagne politique de Québec solidaire à la veille des élections s’inscrit donc dans le contexte d’un Parti libéral est usé, d’un PQ face à une baisse historique continue mais en même temps d’une mobilisation sociale en baisse suite aux échecs successifs des dernières années. En effet le mouvement syndical au premier chef n’a pas su capitaliser et emboiter le pas dans les grandes avancées comme le fut le printemps des carrés rouges. Il n’a pas su mener la bataille lorsque les mobilisations étaient au rendez-vous.

Le défi pour QS ne réside donc pas seulement dans la réussite d’une campagne électorale au sens classique du terme mais dans sa capacité de redonner espoir et de rassembler les forces sociales pour relancer la lutte. C’est ce à quoi il s’est attardé dans les dernières semaines avec la tournée de mobilisation, la campagne électorale est maintenant dans quelques semaines et nous nous y préparons avec intensité.

[1] Presse-toi à gauche !, Les engagements et les promesses des plates-formes du PLQ, de la CAQ et du PQ cherchent à masquer le caractère de classe de leurs politiques. Mercredi 30 mai 2018 / DE : Bernard Rioux

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