jeudi 28 juin 2018

Les perspectives électorales de QS : revenir à l’esprit du printemps érable de 2012 en mobilisant la jeunesse


Parlons de Québec solidaire avec Paul Cliche



Les perspectives électorales de QS : revenir à l’esprit du printemps érable de 2012 en mobilisant la jeunesse 

Mardi 26 juin 2018 / DE : Paul Cliche

Paul Cliche est militant de Québec solidaire

Après l’embellie qui a suivi l’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois à Québec solidaire en 2017, les intentions de vote du parti sont revenues depuis au niveau antérieur de 9-10%. Pendant ce temps, la CAQ caracole en tête des sondages principalement grâce à la ponction importante qu’elle a effectuée dans la clientèle du PQ ; ce qui pourrait valoir à ce dernier la pire dégelée de son histoire. Quant aux libéraux, ils conservent leurs bastions anglophones mais ils risquent de perdre toutes les circonscriptions à forte concentration francophone qu’ils détiennent. Jusqu’ici QS a stagné. Mais de nombreux indices laissent prévoir une remontée significative d’ici le scrutin du 1er octobre.

Analysons-les :

Le nombre de membres de QS ne cesse d’augmenter s’approchant du cap des 20 000. Et les dons affluent plus que jamais. En 2017, le parti a dépassé ses objectifs de financement ; quelque 3,500 donateur.trice.s lui permettant d’amasser 300,000$. Plus que la CAQ qui a dû se contenter de 225 000$. Aux dernières nouvelles, le parti avait déjà atteint 75% de son objectif de financement pré-électoral.

9 000 personnes aux assemblées de QS depuis le début de 2018

Sur le plan de la mobilisation, plus de 4, 000 sympathisant.e.s ont participé, ce printemps, aux quatre grands rassemblements que Québec solidaire a tenu à Sherbrooke, Rouyn-Noranda, Québec et Montréal. C’est tout un exploit car aucun des trois autres partis n’a organisé d’assemblées de masse jusqu’ici. Pourtant les médias ont très peu diffusé de nouvelles à ce sujet. Dans le cas du rassemblement de Montréal, auquel quelque 2 300 personnes ont participé, on a même eu droit à un black-out médiatique total pendant que les nouvelles candidatures caquistes et libérales faisaient les manchettes.

Jusqu’ici, les associations locales de circonscriptions de Québec solidaire ont choisi plus de 90 des 125 candidates et candidats qui brigueront les suffrages. Leur choix s’est fait lors d’assemblées d’investiture auxquelles, estime-t-on, plus de 4 000 membres et sympathisant.e.s ont participé. Sur le plan démocratique c’est donc bien différent de la CAQ et du Parti libéral où les candidat.e.s sont désignés par le chef sans que les membres du parti n’aient leur mot à dire. De plus, seul QS atteindra pour une cinquième élection consécutive la parité masculine-féminine parmi ses candidat.e.s.

Il s’est également tenu de nombreuses assemblées générales au niveau des circonscriptions au cours des derniers mois. On peut donc estimer qu’en additionnant ces trois types de réunions (grands rassemblements, assemblées de mises en candidature, assemblées générales), on atteint un total de quelque 9 000 personnes ; ce qu’aucun autre parti n’a réussi.

C’est ça faire de la politique autrement !

L’authenticité de Manon Massé incarne la différence de QS

Québec solidaire n’a pas à avoir de complexe d’infériorité au chapitre du leadership car, avec ses deux porte-parole, il possède des atouts aussi enviables que le charisme d’un René Lévesque qui mené le PQ au pouvoir en 1976.

La différence qu’incarne Manon Massé constitue son principal atout. Elle prouve que Québec solidaire sait relever le défi de faire de la politique autrement que les trois autres partis vieux jeu qui assombrissent notre paysage politique. « À une époque où le cynisme envers la classe politique atteint un sommet, Manon est devenue un véritable symbole d’authenticité en assumant pleinement sa personnalité hors norme », a écrit le chroniqueur politique Michel David du Devoir qui lui a décerné la cote ‘A’ la plaçant en tête de son palmarès des parlementaires de l’opposition pour la dernière session.

On se souvient qu’Amir Khadir et Françoise David avaient décroché le même honneur lorsqu’ils agissaient comme porte-parole de QS de 2009 à 2016 ; ce qui démontre l’excellence du travail effectué par notre aile parlementaire.

Autre témoignage percutant : celui du critique littéraire du Devoir Louis Cornellier qui, de son propre aveu, est loin d’être un sympathisant solidaire. Manon du peuple. C’est pourtant le titre louangeur dont ce dernier a coiffé sa critique du livre Parler vrai que Manon Massé publié il y a quelques semaines. Sans compter le fait que la porte-parole de QS a livré, de l’avis de plusieurs, la meilleure prestation lors de la série d’entrevues que les chefs des quatre principaux partis ont accordé à tour de rôle du 19 au 22 juin au chef d’antenne de Radio-Canada, Patrice Roy, sous le thème Sur la ligne de départ. Cela promet pour le débat des chefs du 13 septembre prochain. La différence de Manon se fera certes sentir autant que celle de Françoise David qui, elle aussi, avait remporté la palme lors débat de 2014.

Quant à l’autre porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, figure de proue du Printemps érable, il agit comme organisateur en chef de la campagne électorale. Le duo formé par Manon et Gabriel est sans contredit plus inspirant que celui des Couillard, Legault ou Lisée même si ce dernier s’est adjoint in extremis Véronique Hivon comme vice-chef.

QS : la seule alternative aux politiques néolibérales

Depuis 20 ans, les six campagnes électorales menées par les partis de la nouvelle gauche québécoise, que ce soit le PDS, le RAP, l’UFP ou QS, se sont faites sous le signe de la rupture d’avec l’ordre néolibéral dominant, c’est-à-dire d’avec le Parti libéral, le PQ et la CAQ (ou son ancienne mouture, l’ADQ de Mario Dumont).

Cette orientation sera encore plus marquée cette année où QS se présentera comme la seule alternative crédible aux politiques néolibérales imposées depuis 30 ans par les gouvernements libéraux et péquistes qui ont alterné au pouvoir. On remarque aussi que la plateforme 2018 s’efforce de proposer des propositions politiques de plus en plus claires qui se traduisent par des engagements simples et fermes dont les incidences sont susceptibles de bénéficier à la population. Par exemple, l’assurance-dentaire, le salaire minimum à 15$, le transport en commun à moitié prix, les vacances portées à quatre semaines et bien d’autres mesures concrètes qui parlent aux gens.

QS présente donc la plateforme la plus cohérente. Il présente aussi l’équipe de candidat.e.s ayant le plus de cohésion : des citoyen.ne.s bien implanté.e.s dans leur milieu, choisi.e.s démocratiquement par la base. Quelle différence d’avec ces candidat.e.s, décrits comme des vedettes, que Legault et Couillard parachutent un peu partout au gré de leur opportunisme politique. Et on voudrait nous faire croire que ces gens, pourraient former une bonne équipe gouvernementale (« l’équipe du changement », clame la CAQ) alors qu’il ne s’agit que d’un assemblage disparate de gens qui n’ont que deux points en commun : la défense des intérêts établis et la promotion de leur carrière personnelle. Ainsi, à la CAQ on trouve aussi bien un économiste libertarien qui nie l’existence du bien commun, un dirigeant de la Banque Nationale, une ancienne attachée de presse de Jacques Parizeau, ainsi que plusieurs ex-supporteurs libéraux flairant l’odeur du pouvoir.

Cette élection se déroule sous le thème du changement, prétend-t-on. « Du changement dans la continuité », précisent les libéraux pour ne pas s’exclure du jeu. On prévoit en effet un changement de gouvernement. Mais les politiques caquistes de François Legault ne seront certes pas différentes de celles que nous ont fait subir les libéraux de Jean Charest et de Philippe Couillard depuis 13 ans et les péquistes de Pauline Marois lors de l’intermède de 2012-2014. Quelle farce !

Durant le carnaval médiatique auquel a donné lieu jusqu’ici la pré-campagne électorale, le terme « progressiste » n’a jamais été aussi galvaudé ; étant utilisé même pour décrire des politicien.ne.s de centre droit. Je me demande s’il ne serait pas temps de trouver un autre vocable pour qualifier notre mouvance politique ?

Enclencher le processus d’accession à l’indépendance dès l’arrivée au pouvoir

QS s’est aussi engagé à enclencher le processus d’accession à l’indépendance dès la prise du pouvoir. Manon Massé l’a d’ailleurs confirmé lors de l’entrevue qu’elle a accordée à Patrice Roy de Radio-Canada le 22 juin. Ce serait le premier geste que poserait un gouvernement solidaire, a-t-elle répondu à l’intervieweur qui l’interrogeait à ce sujet.

Dans le communiqué qu’il a publié le 24 juin à l’occasion de la Fête nationale, QS insiste « C’est une chance que nous devons saisir : le Parti québécois, en décidant de reporter la souveraineté aux calendes grecques, nous laisse le champ libre. Nous avons un projet inclusif, ouvert et qui peut rassembler tous les Québécois et toutes les Québécoises. Il est fondé sur la construction d’un Québec où tout le monde a sa place et où l’on arrête les distinctions entre « nous » et « eux ».

« Au lieu d’attendre qu’un « contexte plus favorable » s’installe, créons-le ! Un projet transformateur et emballant comme celui de l’indépendance du Québec, ça n’arrive pas du jour au lendemain. »

Le dynamisme de la jeunesse pour propulser QS en orbite

Québec solidaire cible prioritairement les 18-24 ans. Les jeunes sont en effet les plus susceptibles de devenir la bougie d’allumage de la fusée qui mettrait QS en orbite le 1er octobre. Pour atteindre cet objectif, il faudra qu’à compter de la troisième semaine d’août un blitz soit lancé sur la vingtaine de campus universitaires et la cinquantaine de campus de cégeps que compte le Québec afin de mobiliser le plus grand nombre possible d’étudiant.e.s. Cette mobilisation aurait un effet d’entrainement dans la population. On pourrait alors revivre l’esprit du Printemps érable de 2012. Mais, cette fois-ci, les casseroles seraient remplacées par des votes. Ça tombe bien, nous avons comme porte-parole l’icône de ce mouvement qui a constitué la mobilisation populaire la plus importante survenue au Québec depuis la campagne référendaire de 1995.

Ces dernières années, les campagnes électorales ont joué un rôle important. Rien n’est joué à l’avance comme c’était le cas dans les décennies 1930 et 1950 avec les libéraux de Louis-Alexandre Taschereau et les unionistes de Maurice Duplessis. On a vu, en 2001, comment le néo-démocrate Jack Layton a su conquérir le Québec en l’espace de quelques semaines détrônant le Bloc québécois de Gilles Duceppe qui , au milieu de la campagne, était encore en tête dans les sondages. Le tout s’est joué en l’espace de moins de 15 jours. Un phénomène semblable s’est produit, en novembre dernier, en faveur de Projet Montréal dirigé par Valérie Plante, une jeune n’ayant pas de notoriété publique. Elle a dépassé, dans le dernier droit de la campagne, un Denis Coderre empêtré dans le bourbier de la Formule E. La victoire inattendue du Justin Trudeau en 2015 sur un Thomas Mulcair, erratique, est un autre exemple.

Montréal, 25 juin 2018

 

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