Francis nous parle de l’armée
8 mai 2024
Le 25 avril dernier, pour la première fois de ma vie, et sans doute aussi pour la dernière, j’ai applaudi l’armée.
Il faut dire que ce n’était pas n’importe quelle armée. Il s’agissait de celle du Portugal et, surtout, des vétérans de 1974, qui ont libéré le peuple de la dictature. Les voir défiler la main sur le cœur et un œillet rouge à la boutonnière sur les chars mêmes qui ont servi à aller déloger le dictateur Caetano (successeur de Salazar) en ce 25 avril 2024, 50 ans après la fameuse révolution des œillets était particulièrement émouvant.
On peine à imaginer aujourd’hui des forces armées au service du peuple plutôt qu’aux ordres de ses dirigeant. C’est d’ailleurs toujours le mot d’ordre des forces armées portugaises : « Au service de la population », en plus de leur devise « C’est ma patrie heureuse, ma bien-aimée ».
La ville de Lisbonne ne manquait pas d’expositions ravivant les souvenirs de cette période exaltante. L’une en particulier m’a franchement impressionné : Les 10 jours qui ont bouleversé le Portugal tenue par un organisme communautaire appelé « Archives éphémères ».
Objets de l’époque, photos, cartes, bibelots, articles de journal, affiches, journaux personnels, lettres manuscrites, tasses, verres, souvenirs de toutes sortes faisaient revivre la petite histoire dans la grande et rendaient un témoignage très touchant de cette révolution pas comme les autres.
Je ne peux m’empêcher pour conclure mon commentaire de souligner deux réactions venues de France qui m’ont tout simplement dégoûté. D’abord, il y a Cavanna dans un article qui se plaignait que les révolutionnaires ne fassent pas subir aux dirigeants déchus le même sort qu’ils réservaient à leurs opposants.
Quelqu’un avait écrit une réponse en français (le français est beaucoup pratiqué au Portugal, surtout à l’époque) sur l’article même en dessinant un gros phylactère comme dans les bandes dessinées. En gros, ça disait : « Vois-tu, Cavanna, c’est pour ça que nous sommes de gauche et que nous ne sommes pas la droite. Nous, nous n’éliminons pas nos adversaires. »
L’autre vient de Libération. Je me rappelle que, déjà, dans les années 80, je préférais Le Monde, que je trouvais plus sérieux, à Libération, que j’estimais destiné aux esprits superficiels et bourgeois. Certes, Le Monde n’a pas tardé à dégringoler à vitesse grand V au point de devenir le torchon néolibéral qui a gracieusement ouvert ses pages à l’odieux Premier Ministre du Québec, Jean Charest, en 2012, lui qui jouissait de voir les étudiant·e·s se faire matraquer, sans que cette feuille aujourd’hui macroniste ne daigne tolérer la moindre réplique ni même une mise en contexte.
Mais pour revenir à Libération, son article superficiel coiffé du titre insultant « Libération ou simple défoulement ? » affichait bien sa tendance libérale. Le seul fait de poser cette question d’une vulgarité sans nom montrait clairement une préférence pour l’ordre bourgeois. C’était une dérive que je ne croyais pas si hâtive, mais elle ne s’est jamais démentie depuis.
Mais de 25 Abril. Fascismo, nunca mais !
Francis Lagacé
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