Jetons un regard sur la politique avec Francis Lagacé
30 avril 2012
Fable politique
(toute ressemblance avec la réalité ne saurait être que fortuite)
Il était une fois un pays très lointain dont la devise était J'm'en souviens pu.
Dans cet étrange pays, il y avait des dirigeants accrochés au pouvoir pour continuer à faire des affaires d'or en recevant des enveloppes bien garnies et en bradant le patrimoine à de gentils investisseurs subventionnés grâce aux deniers de la population.
Dans ce drôle de pays, le premier sinistre était un clown frisé qui faisait des numéros de stand-up comique. Ce clown était convaincu que son rôle était de prendre l'argent des pauvres pour le donner aux riches afin qu'ils puissent exploiter les ressources naturelles et s'en aller avec dans d'autres pays.
Dans ce pays curieux, de jeunes contestataires s'imaginaient que les impôts devaient servir à rendre des services publics plutôt qu'à permettre aux riches de devenir plus riches et aux présidents des usines à diplômes de se promener en limousine. Ces jeunes-là ne comprenaient rien à la nouvelle religion d'État: la marchandisation.
Dans ce pays bizarre, la ministre de l'ignorance nationale augmentait les prix d'entrée dans les usines à diplômes pour faire plaisir au premier sinistre et au ministre de l'adoration du commerce. Ce dernier avait besoin des profits pour faire des cadeaux aux gentils investisseurs qui, eux-mêmes, avaient besoin de ces cadeaux pour développer les lointaines contrées nordiques dont ils convoitaient les richesses.
Dans ce pays biscornu, les bourgmestres des plus grandes cités étaient de grands défenseurs de la liberté de commerce. Ils trouvaient bien gênants les jeunes malpropres qui dérangeaient la business.
Dans ce pays saugrenu, il y avait un service de police, composé d'agents de la paix économique, dont la tâche était de servir la religion de la marchandisation. Ils faisaient le ménage en ramassant les jeunes incroyants de façon musclée, en les poussant à coups de bâton, quitte à les faire saigner un peu. Qu'est-ce que quelques gouttes de sang, quand il s'agit de préserver les belles vitrines des temples de la nouvelle religion!
Dans ce pays singulier, le ministère de la propagande répétait sans cesse à la population qu'il ne faut pas salir les belles vitrines et aux agents de la paix économique qu'il faut frapper toujours plus fort sur les vilains qui manifestent contre la religion. Les agents de la paix économique étaient tellement occupés à frapper sur les incroyants qu'ils n'avaient pas toujours le temps d'arrêter ceux qui salissaient les belles vitrines.
Dans cet insolite pays, il y avait aussi des faiseurs d'image qui multipliaient par cent et par mille les photos des belles vitrines salies. Parfois, il se glissait dans le lot une photo d'une incroyante ou d'une passante ramassée de façon musclée.
Dans ce pays plutôt louche, pour détourner la population des incroyants, le ministre de l'insécurité publique leur a inventé un ennemi. Il a choisi pour ce faire un représentant d'une classe à part et l'a présenté comme un chef cruel et sanguinaire. «Méfiez-vous de ce monstre, hurlait-il à tue-tête. Sauvez-vous, il va tous nous battre.» Le ministre de l'insécurité publique avait très peur de ce dangereux jeune homme, petit et frêle.
Dans ce pays baroque, si on se plaignait de la taxe sur la chaleur, trop élevée, le ministre de l'adoration du commerce répondait: «Je vous ai entendus. Je vais l'augmenter encore pour le peuple, mais je vais la dimininuer pour les usines.»
Dans ce pays farfelu, les jeunes incroyants pensaient que la démocratie consistait à faire des assemblées où les gens débattent en étant informés et où ils prennent des décisions majoritaires. L'Assemblée des sinistres, à l'aide d'agents spéciaux, s'est chargée de leur montrer que la démocratie, c'est obéir au dictateur pendant quatre ou cinq ans, surtout que le dictateur est un gentil clown frisé, et en attendant, il faut marcher droit et rentrer dans l'usine en silence sinon les juges vont imposer des taxes spéciales.
Dans ce pays tourmenté, il n'y avait pas de négociation possible entre les incroyants et l'Assemblée des sinistres. En effet, la devise de l'Assemblée des sinistres et des ministres du culte du commerce était: «Crois ou meurs.»
Dans ce pays inquiétant, la ministre de l'ignorance nationale disait aux incroyants de parader sans faire de bruit, car les parades sans bruit ne la dérangeaient pas du tout. Seul le bruit la dérangeait, mais il était interdit d'en faire en sa présence.
La ministre de l'ignorance nationale criait pourtant très fort et exigeait des incroyants qu'ils dénoncent les salisseurs de vitrine. De son côté, elle n'avait que des félicitations pour les agents de la paix économique.
Dans ce pays spécial, quand les élections approchaient, on tournait les caméras sur les vilains incroyants et, surtout sur les vitrines salies, pour montrer qu'on a encore besoin du gentil clown frisé pour officier aux grand-messes de la religion.
Dans ce pays indéfinissable, il y avait de jeunes incroyants qui refusaient de sacrifier au dieu commerce et qui rêvaient d'une société où le chacun pour soi serait remplacé par le chacun pour les autres.
Dans ce pays incertain, des jeunes savaient mieux que leurs aînés ce qu'était l'éducation.
LAGACÉ Francis
Fable politique
(toute ressemblance avec la réalité ne saurait être que fortuite)
Il était une fois un pays très lointain dont la devise était J'm'en souviens pu.
Dans cet étrange pays, il y avait des dirigeants accrochés au pouvoir pour continuer à faire des affaires d'or en recevant des enveloppes bien garnies et en bradant le patrimoine à de gentils investisseurs subventionnés grâce aux deniers de la population.
Dans ce drôle de pays, le premier sinistre était un clown frisé qui faisait des numéros de stand-up comique. Ce clown était convaincu que son rôle était de prendre l'argent des pauvres pour le donner aux riches afin qu'ils puissent exploiter les ressources naturelles et s'en aller avec dans d'autres pays.
Dans ce pays curieux, de jeunes contestataires s'imaginaient que les impôts devaient servir à rendre des services publics plutôt qu'à permettre aux riches de devenir plus riches et aux présidents des usines à diplômes de se promener en limousine. Ces jeunes-là ne comprenaient rien à la nouvelle religion d'État: la marchandisation.
Dans ce pays bizarre, la ministre de l'ignorance nationale augmentait les prix d'entrée dans les usines à diplômes pour faire plaisir au premier sinistre et au ministre de l'adoration du commerce. Ce dernier avait besoin des profits pour faire des cadeaux aux gentils investisseurs qui, eux-mêmes, avaient besoin de ces cadeaux pour développer les lointaines contrées nordiques dont ils convoitaient les richesses.
Dans ce pays biscornu, les bourgmestres des plus grandes cités étaient de grands défenseurs de la liberté de commerce. Ils trouvaient bien gênants les jeunes malpropres qui dérangeaient la business.
Dans ce pays saugrenu, il y avait un service de police, composé d'agents de la paix économique, dont la tâche était de servir la religion de la marchandisation. Ils faisaient le ménage en ramassant les jeunes incroyants de façon musclée, en les poussant à coups de bâton, quitte à les faire saigner un peu. Qu'est-ce que quelques gouttes de sang, quand il s'agit de préserver les belles vitrines des temples de la nouvelle religion!
Dans ce pays singulier, le ministère de la propagande répétait sans cesse à la population qu'il ne faut pas salir les belles vitrines et aux agents de la paix économique qu'il faut frapper toujours plus fort sur les vilains qui manifestent contre la religion. Les agents de la paix économique étaient tellement occupés à frapper sur les incroyants qu'ils n'avaient pas toujours le temps d'arrêter ceux qui salissaient les belles vitrines.
Dans cet insolite pays, il y avait aussi des faiseurs d'image qui multipliaient par cent et par mille les photos des belles vitrines salies. Parfois, il se glissait dans le lot une photo d'une incroyante ou d'une passante ramassée de façon musclée.
Dans ce pays plutôt louche, pour détourner la population des incroyants, le ministre de l'insécurité publique leur a inventé un ennemi. Il a choisi pour ce faire un représentant d'une classe à part et l'a présenté comme un chef cruel et sanguinaire. «Méfiez-vous de ce monstre, hurlait-il à tue-tête. Sauvez-vous, il va tous nous battre.» Le ministre de l'insécurité publique avait très peur de ce dangereux jeune homme, petit et frêle.
Dans ce pays baroque, si on se plaignait de la taxe sur la chaleur, trop élevée, le ministre de l'adoration du commerce répondait: «Je vous ai entendus. Je vais l'augmenter encore pour le peuple, mais je vais la dimininuer pour les usines.»
Dans ce pays farfelu, les jeunes incroyants pensaient que la démocratie consistait à faire des assemblées où les gens débattent en étant informés et où ils prennent des décisions majoritaires. L'Assemblée des sinistres, à l'aide d'agents spéciaux, s'est chargée de leur montrer que la démocratie, c'est obéir au dictateur pendant quatre ou cinq ans, surtout que le dictateur est un gentil clown frisé, et en attendant, il faut marcher droit et rentrer dans l'usine en silence sinon les juges vont imposer des taxes spéciales.
Dans ce pays tourmenté, il n'y avait pas de négociation possible entre les incroyants et l'Assemblée des sinistres. En effet, la devise de l'Assemblée des sinistres et des ministres du culte du commerce était: «Crois ou meurs.»
Dans ce pays inquiétant, la ministre de l'ignorance nationale disait aux incroyants de parader sans faire de bruit, car les parades sans bruit ne la dérangeaient pas du tout. Seul le bruit la dérangeait, mais il était interdit d'en faire en sa présence.
La ministre de l'ignorance nationale criait pourtant très fort et exigeait des incroyants qu'ils dénoncent les salisseurs de vitrine. De son côté, elle n'avait que des félicitations pour les agents de la paix économique.
Dans ce pays spécial, quand les élections approchaient, on tournait les caméras sur les vilains incroyants et, surtout sur les vitrines salies, pour montrer qu'on a encore besoin du gentil clown frisé pour officier aux grand-messes de la religion.
Dans ce pays indéfinissable, il y avait de jeunes incroyants qui refusaient de sacrifier au dieu commerce et qui rêvaient d'une société où le chacun pour soi serait remplacé par le chacun pour les autres.
Dans ce pays incertain, des jeunes savaient mieux que leurs aînés ce qu'était l'éducation.
LAGACÉ Francis
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