Laissons Francis Lagacé nous parler d'enseignement
3 décembre 2012
Les chargéEs de cours, excellentEs enseignantEs
Avec les rencontres sur la qualité de l'enseignement en vue du Sommet sur l'enseignement supérieur, on nous ressort la rengaine de la qualité menacée par la présence importante des chargéEs de cours dans les universités.
D'abord un petit mot sur la qualité. Ce concept est complètement contaminé par les affairistes de toute sorte. Qui définit ce qu'est la qualité? La qualité pour qui et dans quel but? Ça me fait penser aux jugements qu'on porte sur les universités et dont l'UQAM sort toujours perdante pour les raisons mêmes qui sont sa force: une université située au centre-ville et ouverte à la mixité sociale.
Quand on calcule les ratios professeurEs étudiantEs, on oublie toujours de compter les chargéEs de cours. En fait, les universités préfèrent les cacher de leurs statistiques, comme on cache la bonne immigrée qui est pourtant responsable du succès de la cuisine.
Quand j'entends des déclarations chocs comme «certainEs étudiantEs auront fait tout leur bac sans rencontrer un seul professeur», je ne me peux m'empêcher de riposter que les étudiantEs en question en seraient les premiers surpris, car elles et ils vous jureront qu'elles et ils en ont eu une bonne trentaine. Pour l'immense majorité des étudiantEs, unE professeurE est une personne qui leur enseigne. Et elles et ils ont bien raison.
J'ai beaucoup d'amiEs chez les professeurEs. Je vais en insulter plusieurs ici, mais il faut bien dire qu'en 26 ans d'expérience comme enseignant à l'université avec des contrats à durée déterminée, les témoignages que j'ai recueillis de la plupart des étudiantEs qui connaissent la différence entre unE chargéE de cours et unE professeurE sont à l'effet que les chargéEs de cours sont meilleurs pédagogues, plus à l'avant-garde, alors que les professeurEs sont payés pour être à la fine pointe des connaissances, et plus disponibles alors même que les professeurEs disposent de bureau et ne sont pas obligés de travailler en trois ou quatre endroits différents pour arriver à un revenu suffisant.
Devrais-je verser dans l'excès inverse de celui que je dénonce en prétendant qu'il suffirait de supprimer les postes de professeurEs? Ce ne serait pas plus malin que les personnes qui associent chargéE de cours et risques pour la qualité.
C'est la qualité de vie des personnes chargées de cours qui est menacée par leur précarité. On ne peut être contre une augmentation du nombre de professeurEs puisqu'il devrait être normal d'avoir une stabilité d'emploi et d'avoir accès à une infrastructure qui permette la recherche.
Mais, de grâce, ne tirez pas sur les précaires, tirez sur la précarité!
LAGACÉ Francis
Les chargéEs de cours, excellentEs enseignantEs
Avec les rencontres sur la qualité de l'enseignement en vue du Sommet sur l'enseignement supérieur, on nous ressort la rengaine de la qualité menacée par la présence importante des chargéEs de cours dans les universités.
D'abord un petit mot sur la qualité. Ce concept est complètement contaminé par les affairistes de toute sorte. Qui définit ce qu'est la qualité? La qualité pour qui et dans quel but? Ça me fait penser aux jugements qu'on porte sur les universités et dont l'UQAM sort toujours perdante pour les raisons mêmes qui sont sa force: une université située au centre-ville et ouverte à la mixité sociale.
Quand on calcule les ratios professeurEs étudiantEs, on oublie toujours de compter les chargéEs de cours. En fait, les universités préfèrent les cacher de leurs statistiques, comme on cache la bonne immigrée qui est pourtant responsable du succès de la cuisine.
Quand j'entends des déclarations chocs comme «certainEs étudiantEs auront fait tout leur bac sans rencontrer un seul professeur», je ne me peux m'empêcher de riposter que les étudiantEs en question en seraient les premiers surpris, car elles et ils vous jureront qu'elles et ils en ont eu une bonne trentaine. Pour l'immense majorité des étudiantEs, unE professeurE est une personne qui leur enseigne. Et elles et ils ont bien raison.
J'ai beaucoup d'amiEs chez les professeurEs. Je vais en insulter plusieurs ici, mais il faut bien dire qu'en 26 ans d'expérience comme enseignant à l'université avec des contrats à durée déterminée, les témoignages que j'ai recueillis de la plupart des étudiantEs qui connaissent la différence entre unE chargéE de cours et unE professeurE sont à l'effet que les chargéEs de cours sont meilleurs pédagogues, plus à l'avant-garde, alors que les professeurEs sont payés pour être à la fine pointe des connaissances, et plus disponibles alors même que les professeurEs disposent de bureau et ne sont pas obligés de travailler en trois ou quatre endroits différents pour arriver à un revenu suffisant.
Devrais-je verser dans l'excès inverse de celui que je dénonce en prétendant qu'il suffirait de supprimer les postes de professeurEs? Ce ne serait pas plus malin que les personnes qui associent chargéE de cours et risques pour la qualité.
C'est la qualité de vie des personnes chargées de cours qui est menacée par leur précarité. On ne peut être contre une augmentation du nombre de professeurEs puisqu'il devrait être normal d'avoir une stabilité d'emploi et d'avoir accès à une infrastructure qui permette la recherche.
Mais, de grâce, ne tirez pas sur les précaires, tirez sur la précarité!
LAGACÉ Francis
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