samedi 1 décembre 2018

Ce qui est plus grand que nous


Ce texte de 2008 demeure pertinent


Ce qui est plus grand que nous 

7 janvier 2008




Dans notre société, où l'individualisme effréné fait oublier la part que chacun doit aux autres, il est particulièrement paradoxal de constater à quel point l'être humain des sociétés développées est absolument dépendant des autres alors qu'il se prétend parfaitement autonome et indépendant.



L'autarcie individuelle (c'est-à-dire la capacité de se fournir tout seul en biens et aliments pour assurer complètement sa survie) est devenue impossible, sauf dans de rares contrées isolées.



Aux individualistes de tout poil qui essaient de me convaincre qu'ils se débrouillent tout seuls, je suggère l'exercice suivant: installez-vous tout nu sans aucun accessoire dans une forêt (peu importe la saison, mais ça sera encore plus probant en hiver) et tâchez de vous débrouiller sans faire appel à quiconque.



Jamais, dans l'histoire de l'humanité, les êtres humains n'ont tant eu besoin des autres alors que jamais ils n'ont tant cru pouvoir s'en passer.



Dans une fort intéressante exposition consacrée à Benjamin Franklin par le Musée des Arts et Métiers de Paris (en cours jusqu'au 30 mars 2008), j'ai eu le plaisir de lire une pensée de Rousseau selon qui la liberté correspond au choix des contraintes mutuellement consenties. J'ai aussi pu savourer cette merveilleuse pensée de Franklin citée dans son Almanach du Bonhomme Richard : "Tout le bien qu'un particulier peut accomplir ne vaudra jamais celui que peut réaliser une collectivité qui s'en donne la peine."



Ce qui est plus grand que nous, ce qui nous transcende, ce n'est pas une quelconque déité ni une chimérique religion, mais bien la société dont nous faisons partie parce que l'être humain est un animal social et qu'il n'est rien sans l'apport de ses semblables qui l'aident à construire sa liberté.



Il est désolant de voir des penseurs comme Charles Taylor essayer de trouver au fond du firmament le souverain bien pourtant visible au bout de notre nez: le "vivre ensemble". À propos de Taylor, je vous signale un article de grande qualité, publié par le Mouvement laïque québécois, sous la plume de Marie-Michelle Poisson dans le numéro 10 de la revue Cité laïque actuellement en kiosques. On y traite de la position idéologique du philosophe: il se situe parmi les penseurs qui rejettent les progrès apportés par Les Lumières. Vous le trouverez en allant sur le site MLQ et en cliquant sur Publications dans le menu de gauche.



Renvoyez les obscurantistes à leurs devoirs!

LAGACÉ Francis

«»--------------------«»




Aucun commentaire: