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Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne Faire une place aux néo-Québécois dans nos institutions démocratiques est nécessaire pour améliorer les relations avec ceux qu’on connaît moins bien, estime la députée Manon Massé.
Est-ce qu’on pourrait montrer l’exemple?
4 février 2017 | Manon Massé - Porte-parole parlementaire par intérim de Québec solidaire |
Nous sommes quatre. Quatre à avoir des moyens considérables, des tribunes privilégiées, des leviers qui peuvent faire évoluer bien des choses.
Nous sommes quatre partis à l’Assemblée nationale et nous devons tous les quatre assumer nos responsabilités dans l’attentat terroriste qui a visé la communauté musulmane de chez nous. Nous nous devons d’être humbles et d’accepter l’évidence : non, nous n’avons pas jusqu’à maintenant emprunté la bonne voie pour améliorer le vivre-ensemble et, non, nous ne pouvons pas décider de ce qui est bon pour tout le monde uniquement entre personnes blanches et privilégiées.
Après ce terrible drame et l’onde de choc qui lui fait encore écho, l’heure est à l’écoute. Peut-on se rassembler, se rallier, se réunir et chercher ensemble des solutions ? Pas chacun et chacune dans son coin du Québec. Pas en discutant avec nos « proches », qui ont toutes les chances du monde de penser comme nous. Mais plutôt avec nos « loin ». Avec ceux et celles qu’on connaît moins bien, mais qui sont pourtant nos semblables.
Est-ce qu’on pourrait donner une chance à ces échanges d’avoir lieu ? Est-ce qu’on peut se parler dans le blanc… des yeux ?
Racisme systémique et plus encore
À l’Assemblée nationale, notre pouvoir législatif, est-ce qu’on pourrait entendre les personnes de confession musulmane, les personnes racisées, écouter ce qu’elles ont à dire, leurs pistes de solutions ? Réfléchissons ensemble pour panser leurs blessures.
Il faut leur faire une place, une place assez grande pour pallier (au moins un peu) leur sous-représentation démocratique. Comment peut-on les consulter plus souvent pour faire reculer le racisme ordinaire et systémique ? Pas seulement sur les questions liées à l’immigration. Le racisme, il faut le combattre partout. C’est un enjeu d’éducation, de santé, de logement, de sécurité publique, de justice, d’emploi et, bien sûr, de laïcité de l’État…
On ne peut pas simplement attendre patiemment que de nouveaux députés racisés soient élus pour défendre leurs droits individuels et collectifs. On doit ajouter leurs voix au chapitre. En plus de déclencher au plus vite une Commission sur le racisme, comme les groupes le réclament depuis trop longtemps, comment ferons-nous pour créer cet espace d’écoute, de dialogue et d’échanges ? Il faut aussi répondre à cette question avec eux. Est-ce qu’on veut un Conseil du statut des minorités racisées et des personnes immigrantes ?
L’attentat terroriste que nous avons connu constitue un réveil brutal pour la société québécoise. Notre Parlement doit en prendre acte, être créatif et surtout inclusif. Il faut que ça bouge et il faut que ça bouge maintenant.
Les blessures et les craintes
Il y a tous ces gens qui ont de vraies craintes. Ces craintes-là, nous les connaissons bien. La peur de l’inconnu, des guerres, de la violence, du rejet, de l’impuissance. Ces peurs s’expriment, elles résonnent dans les médias. Et pourtant, bien qu’on nous les ait confiées, nous avons été négligents… Pire, certains en ont profité et les ont alimentées.
Est-ce qu’on pourrait travailler ensemble et trouver les bons mots pour informer, déconstruire les préjugés et comprendre les insécurités légitimes des citoyens et citoyennes ? La peur s’est frayé une place de choix à l’Assemblée nationale et dans les discours sur l’islam, l’immigration, l’inclusion. Pour apaiser les inquiétudes, c’est pourtant de discours politiques sincères, rassembleurs et basés sur les faits que nous avons besoin.
Voici mes réflexions sur ce rôle de député. Je souhaite ardemment que mes collègues fassent eux aussi l’exercice pour qu’ensemble on contribue à changer les choses. J’espère qu’on pourra, comme Parlement et comme élus, prendre le taureau par les cornes et nous attaquer sérieusement à la question du racisme, dans le dialogue, dans l’ouverture d’esprit, dans l’action, loin des préjugés.
Et peut-être que, si on montrait l’exemple, le reste de la société, les médias, les tribunaux, le gouvernement, s’en inspireraient pour que s’opère ce changement de culture nécessaire.
INFORMATION PRISE ICI
www.ledevoir.com/attentat-de-quebec-est-ce-qu-on-pourrait-montrer-l-exemple
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