L'Autre monde de Tenebrum Draco: Une discussion avec le militant Raymond Bégin (l'entrevue )

Votre hôte Sergio de Rosemont et Raymond Bégin

Une discussion avec le militant Raymond Bégin

Je résume mon ami militant Raymond Bégin a effectué un stage de coopération international au Mali.

Raymond est étudiant à l'UQAM en science politique et militant de Québec solidaire.

Vu que je recevais sa visite en ce lundi le 5 septembre, j'ai pensé qu'il serait pertinent de lui permettre de nous en parler.

Voici l'interview :

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S.D.R. : = Sergio de Rosemont

R.B.: = Raymond Bégin

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- S.D.R. : Bonjour Raymond, dis-moi comment l'idée de ce stage t'est venue ?

- R.B.: En fait, l'idée était simplement de prendre une pose tout en partant à l'aventure. Se n'est pas contradictoire : je souhaitais sortir de mon quotidien au Québec, mais se n'était juste pas mon genre de partir en simple touriste... Donc, aller faire un stage de 75 jours durant l'été tombait sous le sens puisque les dates tombaient en plein entre ma fin de bac à l'UQÀM en science politique et le début de ma maîtrise en science politique toujours à l'UQÀM. Comme étudiant à temps plein c'était donc parfait. Comme je l'ai déjà écrit sur le très célèbre site Facebook : «Hypothétiquement, on peut difficilement faire autre chose que de l'humainerie si on est un être humain. Ceci dit, oui, je crois aussi donner mon coup de pouce bien modeste dans les côtes de l'Humanité pour lui dire quelque chose du genre : ''Aille : pour un monde plus juste et équitable c'est par là! »

- S.D.R. : Explique moi en quoi consistait ton stage ?

- R.B.: Le projet auquel j'ai participé avec 6 autres stagiaires avait un long nom : '' Auto-promotion féminine par le renforcement des acquis au niveau de l'accès au microcrédit, des compétences entrepreneuriales et politiques ''. Bref un long nom qui veut tout dire, mais rien en même temps... Le projet avait surtout pour objectif de : former des femmes en microcrédit, en technique de commercialisation et de maraîchage, d'aménager un point de vente pour les produits maraîcher et de mettre en place d’un périmètre maraîcher. Remarque que c'est un projet sur 3 ans, nous nous étions la première équipe. Nous étions envoyé là-bas par Carrefour Canadien Internationnale, une ONG canadienne (voir son site Internet), et étions accueillit au Mali par l'Association Kilabo*.

SITE WEB DE CCI :
http://www.cciorg.ca/Page.aspx?pid=275

*L’Association Kilabo, l’organisation partenaire de CCI au Mali pour ce projet, a pour mission de contribuer à l'émergence d'une société civile forte à travers la mise en oeuvre d'actions participatives de développement. Kilabo travaille avec plus d'une centaine de villages à travers les régions de Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti. Son travail se fait dans plusieurs domaines touchant le développement des communautés : agriculture, élevage, foresterie, nutrition, alphabétisation et développement institutionnel.

VIDÉO YOUTUBE SUR L'ASSOCIATION KILABO :
http://www.youtube.com/watch?v=LikCiY5Blig

Plus exactement, dans les faits, on a couvert plusieurs villages dans la zone de Baguinéda à l'est de Bamako et on a rencontré à plusieurs reprises les divers groupes d'association de femmes de chacun des villages. Le plus souvent celui ou nous étions logé : Soundougouba. Il s'agissait surtout de rencontres d'introspection, de bilan de leurs expériences et de discussion sur comment règler les problèmes persistants. Cela pouvait aller de la compatbilité simple à la question de la corruptibilité des acteurs ayant main mise sur le fond de micro crédit jusqu'à la question des animaux qui viennent manger dans les parcelles de cultures des associations. Nos disccussions pouvaient alors être très variés! N'oubliez pas qu'on est en Afrique: ces rencontres n'avaient rien de réunion formel avec des ordres du jours planifiés et des statuts et règlements strictes par exemple. Sans doute que cette façon de faire aurait été perçus comme extrêmement cohercitive par ces femmes maliennes. Parrallèlement à ces activitées avec les associations de femmes, on travaillait avec Kilabo pour mettre en place une Fédération paysanne afin que les producteurs (agriculteurs) puissent se coordonner face
aux acheteurs de Bamako (seul débouché) qui achète leurs productions à prix ridicules... Cela à mené au début du mois d'août à une assemblée générale de cette fédération dans laquelle les délégués des divers villages qui ont adhérés ont pu élaborer un plan d'action étalé sur les 5 prochaines années.
Finalement, en dehors de ces activités plus ''formel'' pour nous, on a eu plusieurs rencontre d'échange culturel avec les divers groupes d'âge de notre village à Soundougouba : cela aide vraiment à faire évoluer les mentalités dans un milieu plus ''conservateurs'' au sens classique du therme.

- S.D.R. : Quelle fut ta première désillusion que tu as eu sur place au Mali par rapport à ce qu'on t'avait déjà dit sur ce pays ?

- R.B.: Une première déillusion ? Je ne sais pas exactement à quoi je m'attendais, je ne saurais dire. Je suis au fait des divers problèmes de l'Afrique de l'ouest concernant la question extrêmement large du Développement, mais je n'avais pas d'attente particulière.
Ou peut-être, je peux répondre en disant que le nombre asser impressionnant de motos sur les routes de Bamako m'a surprit!
J'avais l'impression d'être un cible à 1000 points dans un jeux quelconques...

- S.D.R. : Qu'est-ce que ce stage t'a appris ou permis de comprendre ?

- R.B.: Le stage en tant que tel ma surement rapprocher de la mentalité, ou du subconscient culturel africain; ne serait-ce que par les discussions multiples avec les maliens ou ma vie en famille d'accueille. Je ne pense pas qu'on peut vraiment comprendre '' l'institution '' du cousinage ou de l'esprit clannique chez les diverses familles sans y avoir été confronté directement.
Voici des exemples de comportements qui peuvent surprendre : les gens ne se regardent pas vraiment dans les yeux (on ne croise pas le regard d'un aîné), les personnes font preuvent que de peut d'affection entres eux, (jamais en publique, même entres frères et soeurs ou entres mari et femme), il ne faut absolument pas entrer dans la ''case'' d'une personne de l'autre sexe (on croira que vous aller coucher ensemble), la question de la gérontocratie dans chez les Conseil de village (les hommes les plus vieux de chaques familles), le Patriarcat (égalité H/F très relative voir inexistante), etc.
La liste est longue!

- S.D.R. : À ton retour quel fut disons ton premier choc culturel ?

- R.B.: Le fait d'avoir plusieurs choses (responsabilités) à faire dans la même journée! (*rire)

- S.D.R. : Depuis ton expérience au Mali, que pense tu de l'occident ?

- R.B.: Mon voyage comme tel n'a pas vraiment changé mon oppinion. Simplement, nous étions cet été au coeur des soulèvements qu'a connu le monde africain et arabes cet été! Moi et ma famille d'accueille écoutait les nouvelles (radio malienne) à la radio et je peux assurer que nos informations étaient probablement tout autres que ceux de Radio Canada! Juste pour vous donner une idée : tout le monde (ou presque) étaient pour Kadhafi dans ma famille d'accueille; et non, il ne s'agissait pas juste de propagande. Je crois (après avoir fait la comparaison des informations depuis mon retour) simplement qu'il faut être conscient que les informations qu'on reçoit ici en Occident sont biaisés (pro-occident ne serait-ce) et qu'il faut faire tout notre possible pour avoir accès à diverses versions des Évênements.
Ainsi, il est probablement vrai que les soldats de la faction pro-États-Unis (rebels) ont commis autant de gestes malheureux que la faction pro-Kadhafi. On n'a qu'à penser au Talibans que nos médias appelaient des ''Fils de la Liberté'' dans le temps que sa fesait notre affaire qu'ils combattent l'occupation de l'ex-URSS...

- S.D.R. : Que ressens tu lorsque, tu penses à l'occident et à ces gouvernements occidentaux ?

- R.B.: Qu'il n'est absolument pas démodé ou dépassé de parler de colonialisme et d'impérialisme...

- S.D.R. : Et de l'Amérique du Nord ? Et des U.S.A ? Et du Canada ? Et du Québec ?

- R.B.: Qu'il n'est absolument pas démodé ou dépassé de parler de colonialisme et d'impérialisme...

- S.D.R. : Parlons d'optique politique si tu permais.

Si nous prenons la droite québécoise, surtout l'extrême-droite comme celle de ce Réseau Liberté Québec, qu'en pensais tu avant ton départ ?

- R.B.: Que le Québec se porterait beaucoup mieu en se tenant très loin de leur contribution au débât publique.

- S.D.R. : Et maintenant qu'en pense tu suite à ton retour ?

- R.B.: Même réponse.

- S.D.R. : Maintenant si nous prenons la gauche québécoise, avant ton départ qu'en pensais tu ?

- R.B.: L'avenir est à Gauche; cela est extrêmement clair pour moi.

- S.D.R. : Dis-moi Raymond, d'après toi quel devrait être le rôle d'une république québécoise de gauche par rapport aux diverses tragédies humaines qu'on retrouve ailleurs dans le monde ?

- R.B.: Comme peuple ''nordique'' ayant pu jouir de notre rôle de pôle de consommation et d'économie de service dans l'économie-monde capitaliste, nous aurions alors la responsabilité morale et éthique de faire preuve de la plus franche solidarité internationnaliste avec tous les autres peuples de la planète! Ne faisons pas les mêmes erreurs que d'autres; notre peuple vit sous un régime de colonialisme-interne, modéré il va sans dire depuis notre Révolution Tranquille, propre à l'Institution canadienne : chargé de cette expérience, nous serons des mieux placer pour dénoncer haut et fort les diverses tendances Impérialistes à l'échelle mondiale.

- S.D.R. : Tu m'avais déjà mentionné avoir déjà été péquiste dans le passé. Qu'est-ce qui t'a disons motivé à claquer la porte de ce parti ?

- R.B.: D'abord la monté nette et la prédominance de la Droite dans ce parti. J'ai quitté en fait le PQ en 2004 dés l'élection d'André Boisclair comme chef du parti et je n'ais pas renouvelé ma carte du Bloc Québécois en 2005 non plus pour la même raison. À cela s'ajoute un courant dominant de pensée national-chauviniste auquel j'étais de plus en plus allergique dans ma tête, mais aussi dans mes gestes. Regardez à la dernière élection fédéral : on a eu droit à du ''vrai québécois ou faux québécois'', à des ''avec Nous et contre les Autres'', etc... Je ne pense pas du tout que la Souveraineté de notre peuple ainsi que l'Indépendance de notre peuple puisse se baser sur de tels aprioris...

- S.D.R. : Maintenant t'es membre de Québec solidaire. Qu'est-ce qui t'attire qu'est-ce que t'aime dans Québec solidaire ?

- R.B.: Probablement la richesse de réflexion et de pistes de solution aux Crises (économiques, écologiques, sociales, etc. ) que vivent nos sociétés actuellements permit
par la structure réellement Démocratique du parti. QS est un Parti du 21e siècle tourné vers l'avenir : il ne s'agit pas d'un parti rigide et hyérarchique comme les machines qu'ont connus les militants du 20e siècle. Ajoutons tout de même aussi que les Solidaires font également preuves de Vision bien plus qu'on pourrait le penser; ils ne se contentent pas uniquement d'être ''arc-en-ciel''.
Déjà, les Solidaires ne sont plus simplement Altermondialistes, mais ils avancent de plus en plus, tout comme le Forum Social Mondial, vers un horizon clairement éco-socialiste.

- S.D.R. : Suite au décès de Jack Layton qu'aimerais-tu dire ?

- R.B.: J'ai sincèrement été attristé par le décès de Jack. J'offres toutes mes condoléances. Disons qu'on voyait déjà en mai dernier qu'il donnait le tout pour le tout.
Les peuples canadiens ainsi que le peuple Québécois ont sans doute perdu un allié.

- S.D.R. : Que penses tu du Québec actuel, et du Québec en devenir ?

- R.B.: L'Avenir peut toujours être perçus de deux manières : avec Espérance ou avec Crainte. L'Être humain ne peut pas uniquement vivre avec l'idée que ses lendemains seront toujours pareils pour le reste de son existence. Le Québec de demain ne peut, par conséquent, qu'être un Québec d'Espérance.
Il ne sert absolument à rien d'être cynique ou fataliste sur les difficultés que vit le Québec présentement. Je pense fondamentalement que si tous et toutes sortent du conford de leur chez soi privé et mettent tous et toutes l'épaule à la roue, on pourra vraiment construire le Québec de nos Espérance que nous souhaitons consciement ou non collectivement!

- S.D.R. : Je te remercie Raymond pour ta générosité et ta collaboration et bon retour au pays, bon retour au Québec.

P.S: Si vous désirez suivre Raymond Bégin sur l'internet voici ces coordonnées internet :

LE FACEBOOK DE RAYMOND BÉGIN