mercredi 29 novembre 2017

En route vers un Québec indépendant, pluriel, solidaire et égalitaire !


Laissons la parole à Bernard Rioux



En route vers un Québec indépendant, pluriel, solidaire et égalitaire !



Mardi 21 novembre 2017 / DE : Bernard Rioux

En lisant et en relisant le Cahier de synthèse du prochain congrès de Québec solidaire, un cahier de 130 pages, on ne peut qu’être submergé par la profusion de propositions et d’amendements agglutinés autour de thèmes classés par ordre alphabétique. Comment surnager face à la multitude de débats d’importances inégales suggérés par le cahier de synthèse ? Comment construire, ensemble, une plate-forme qui identifie les enjeux essentiels de la période et qui fasse ressortir les réponses que Québec solidaire doit donner à ces enjeux ? S’il y a un grand nombre de propositions plus intéressantes les unes que les autres dans ce Cahier de synthèse, quelles propositions doit-on mettre de l’avant prioritairement pour construire une véritable plate-forme capable de concrétiser le projet de société de Québec solidaire ? Quelles propositions devrions-nous présenter à la population qui auraient la possibilité de devenir audible et de mobiliser ? C’est à ces questions que le texte qui suit va essayer de répondre. Et c’est bien ce type de discussion qu’il serait profitable de faire au congrès dès l’ouverture du débat sur la plate-forme.

I A. Les gouvernements néolibéraux à Ottawa comme à Québec aident les entreprises pétrolières à développer les hydrocarbures et s’accrochent à une stratégie extractiviste et de libre-échange.

Les politiques économiques du gouvernement Couillard cherchent à répondre aux stratégies d’accumulation de la bourgeoisie canadienne. En investissant pour faciliter les affaires des entreprises extractivistes, en se faisant le défenseur de la stratégie canadienne sur les hydrocarbures et le promoteur de l’Accord de libre-échange (AÉCG) avec l’Europe, le gouvernement Couillard poursuit une politique de soumission de l’économie et de la population du Québec aux intérêts du grand Capital et il s’inscrit comme un agent de l’assujettissement national du Québec. L’adoption de la loi sur les hydrocarbures (loi 106) a ouvert la possibilité de l’exploration et de l’exploitation des gaz de schiste par fracturation hydraulique. Le gouvernement a présenté le gaz naturel (de schiste) comme une énergie plus propre. Il n’a pas adopté un plan de transition énergétique et s’est contenté de s’inscrire dans la logique d’un mix énergétique où les hydrocarbures tiennent une place de choix. Malgré ses prétentions sur la défense des Accords de Paris, le gouvernement Couillard s’est aligné sur les politiques des différents gouvernements Occidentaux face au réchauffement climatique. Les politiques appliquées jusqu’ici indiquent qu’il n’hésitera pas à faire du Québec une plaque tournante de la distribution des hydrocarbures en direction des États-Unis.

I B. Québec solidaire lui défend l’urgence de la transition écologique. Cette dernière passe par :

1. La recherche d’une indépendance énergétique et la transition vers les énergies renouvelables peuvent et doivent être un premier axe du renouvellement de la structure industrielle du Québec.

• Nationalisation de l’industrie éolienne et de celle de l’énergie solaire (avec l’ensemble des recherches qui restent à faire) peut créer les conditions de l’indépendance énergétique et d’une transition véritable.
• Socialisation démocratique de la gestion qui pourrait être décentralisée et basées sur des petites coopératives locales et régionales.

2. Le développement du transport public, de la construction de matériel roulant et des infrastructures adéquates à ces moyens de transport collectif constitue le deuxième axe d’une politique industrielle.

• Construction d’une industrie de tramways et de flottes d’autobus électrifiés.
• La construction d’un monorail haute vitesse entre les principaux centres du Québec
• Développement du transport par cabotage entre les différentes villes du St-Laurent serait une autre dimension pour sortir du transport routier coûteux et polluant…

3. La sortie d’une agriculture agroexportatrice et le développement d’une agriculture visant une véritable souveraineté alimentaire sont un troisième axe de transformation de l’appareil de production.

• Soutien au développement d’une agriculture de proximité
• Utilisation des énergies vertes et arrêt de l’utilisation des OGM
• Rejet des accords de libre-échange qui briment les capacités d’initiatives autonomes des agriculteur-e-s et qui ouvrent tous les marchés aux multinationales de l’alimentation.

4. Une telle politique industrielle nécessitera des investissements publics massifs pour cette transition énergétique

• Redéfinition de la mission de la Caisse de dépôt et placement vers des investissements pouvant assurer la transition énergétique, la transformation radicale du système de transport et la souveraineté alimentaire.
• Retrait des investissements de la caisse des sables bitumineux
• Socialisation du secteur bancaire afin d’en faire un véritable service public

5. Refonder l’économie du Québec autour d’une reprise en main des ressources stratégiques,

• Bloquer tout projet d’exploitation pétrolière et gazière sur le territoire du Québec.
• Interdire la construction sur le territoire québécois de pipelines et de ports
pétroliers facilitant l’exportation du pétrole produit à partir des sables bitumineux. • Prendre en main des grandes entreprises minières et forestières

II A. Les gouvernements néolibéraux s’attaquent aux services publics, minent les mesures assurant la solidarité et favorisent le développement des inégalités.

Depuis son élection, le gouvernement de Philippe Couillard a mené de façon systématique une politique d’austérité. Ces politiques ont débouché sur des coupures d’ampleur en santé, en éducation et dans l’ensemble des ministères fournissant des services à la majorité populaire. Ces coupes ont frappé particulièrement les personnes assistées sociales. Ces coupes ont participé de la détérioration des services de garde pour la petite enfance. Les coupes dans les services de santé ont alourdi les tâches des employé-e-s du secteur et participé à la détérioration de ces services et ont favorisé une privatisation rampante des services de garde. Il a aussi maintenu les subventions aux écoles privées tout en coupant les ressources professionnelles dans le secteur public d’éducation. Le PLQ est demeuré sourd aux groupes populaires qui ont demandé depuis la prise du pouvoir par le Parti libéral du Québec une hausse substantielle du salaire minimum et une réforme de la fiscalité permettant une véritable redistribution de la richesse. Les libéraux ont rejeté la hausse du salaire minimum à 15$ de l’heure. Ils n’ont même pas répondu aux propositions sur la montée du nombre de paliers pour la fiscalité, la mise en place d’une taxe sur le capital et la richesse. Ils se sont contentés de consultations parlementaires sans suite sur les paradis fiscaux et les différents mécanismes d’évitement fiscal. Pour ce qui est des employé-e-s du secteur public, l’offre gouvernementale correspondant en fait à un recul du pouvoir d’achat. Particulièrement pour les secteurs les plus faiblement rémunérés.

II B. Québec solidaire défend le développement des services publics et la redistribution de richesse. Ces objectifs nécessitent :

1. Réinvestir massivement dans les services publics pour défendre la gratuité et l’accessibilité aux services publics en éducation et en santé.

• Éducation : gratuité scolaire de la maternelle à l’université
• Fin aux subventions aux écoles privées
• Transfert du financement des services de garde privés vers les CPE
• Réinvestissement dans le système de santé et retour des cliniques privées dans le giron des CLSC
• Mises sur pied de Pharma-Québec dans l’achat, la production et la fourniture des médicaments.

2. Le gouvernement Couillard favorise l’enrichissement des plus riches et s’attaque aux conditions de vie des travailleuses et des travailleurs.
Les partis de la classe dominante (au fédéral) comme au Québec, les milieux d’affaires et les médias sous leur contrôle ont rejeté les propositions des mouvements sociaux (syndicats, coalition main rouge,

2.1. Favoriser la redistribution en faveur des travailleuses et des travailleurs et l’élargissement des droits des travailleurs

• Augmentation du salaire minimum à 15$/h et son indexation annuelle au coût de la vie ;
• Mise sur pied d’un revenu minimum garanti
• Mise sur pied d‘un régime de retrait public et universel
• Renforcements des droits syndicaux
• Introduction de la syndicalisation multipatronale renforcement de la loi anti-briseurs de grève et réduction de la semaine de travail à 35 heures sans baisse de salaire et embauche compensatoire..

2.2. Mettre en place un régime d’imposition permettant une distribution plus égalitaire des richesses

• interdiction des mesures d’optimisation fiscale des entreprises (paradis fiscaux, congés fiscaux...)
• augmentation du nombre de paliers d’imposition

III A. Le gouvernement Couillard défend le consensus néolibéral concernant les discriminations faites aux femmes et aux communautés ethnoculturelles et aux personnes racisées.

Les politiques d’austérité du gouvernement Couillard en éducation et en santé ont touché les femmes travailleuses du secteur public qui ont vu leurs salaires stagner et leurs conditions de travail s’alourdir particulièrement. Avec le développement de la culture pornographique et la généralisation de son accès sur internet, la culture du viol s’impose de plus en plus au Québec comme ailleurs sur la planète. Cela signifie concrètement que la violence faite aux femmes reste un problème majeur pour notre société.

Le contexte international caractérisé par une offensive néocoloniale visant la mainmise sur les ressources naturelles (particulièrement pétrolières du Proche-Orient) a favorisé la prolifération des discours racistes (souvent islamophobes) dans l’espace public. Le développement de l’islamophobie, le racisme et le profilage racial dans les grandes villes, la répression policière contre les jeunes noirs ou autres groupes racisés, les attaques contre les immigré-e-s et la multiplication des expulsions montrent que la société néolibérale, y compris la société québécoise est de plus en plus intolérante. Tous les jours pourtant, les médias, des responsables des partis politiques et des intellectuel-le-s dénient la réalité du racisme systémique au Québec ou tentent d’en marginaliser la réalité.

III. B Québec solidaire cherchera à en finir avec la discrimination, la violence contre les femmes. Il refusera le racisme. Québec solidaire visera à construire un Québec pluriel, égalitaire et solidaire par l’extension des droits et des conditions de toutes les composantes de la population.

1. Pour l’inclusion, contre le racisme

La lutte contre la discrimination raciale et les préjugés est non seulement légitime, elle est nécessaire pour s’opposer aux discriminations économiques, au profilage racial et à la vindicte haineuse de grands médias et pour permettre aux personnes racisées de vivre sur un pied d’égalité dans la société québécoise, seule forme véritable d’un réel vivre ensemble. L’unité véritable, celle des classes ouvrières et populaires, passera par une lutte conséquente contre le racisme, qui est un instrument de division que n’hésitent pas à utiliser les classes dominantes pour justifier et consolider leur pouvoir.

Québec solidaire prendra tous les moyens pour lutter efficacement contre le racisme, le profilage racial, l’exclusion, l’homophobie, le sexisme, la transphobie, le capacitisme, l’islamophobie, l’antisémitisme, qui représentent autant d’entraves à la construction d’un Québec indépendant, pluraliste et inclusif. A cet effet, notamment, il :

• mettra sur pied une Commission d’enquête sur le racisme systémique et s’assurera de l’application des recommandations conséquentes ;
• augmentera le soutien financier aux associations et aux organismes
• communautaires qui développent, dans les grands centres urbains et dans les régions, des services et des activités d’accueil et de soutien et d’intégration destinés aux personnes issues de l’immigration ou aux communautés culturelles ;
• instaurera des programmes particuliers pour les femmes immigrantes afin de leur faciliter l’acquisition du français, l’accès à l’éducation et au marché

2. Contre le sexisme et la violence faite aux femmes

Les récentes révélations d’agressions sexuelles commises par des célébrités sont bouleversantes par leur ampleur et ont permis de mieux comprendre l’aspect systémique de pareilles agressions. Le sort des prostituées devient lui aussi un sujet de préoccupations. La violence faite aux femmes a aussi u ne dimension raciste. Comme l’explique la FFQ « Bien qu’un nombre très négligeable de femmes portent le niqab ou la burqa ici au Québec, cette loi concerne toutes les femmes. Ceci est un enjeu féministe, car cette loi de “neutralité religieuse”, dont le but déclaré, mais fallacieux est de garantir la sécurité ou de promouvoir la libération des femmes, ne conduit qu’à l’exclusion d’un certain groupe de femmes de l’espace public, et donc à leur précarisation. La loi 62 victimise certaines femmes et les rend vulnérables à la violence genrée. Isolement, barrières à l’accès aux services publics et violation des droits civiques, les répercussions sont innombrables pour les femmes visées. »

• C’est pourquoi Québec solidaire exigera :
• Le retrait de la loi 62
• Le renforcement du financement des groupes de femmes qui soutiennent les femmes touchées par la violence
• La mise en place des mesures pour sensibiliser et éduquer la population et les hommes en particulier quant à la stigmatisation que vivent les personnes prostituées/travailleuses et travailleurs du sexe.

IVA. Les partis fédéralistes favorisent la subordination des droits Québec et les droits des Premières nations aux intérêts de la bourgeoisie canadienne

En adoptant une position servile face au gouvernement fédéral, le gouvernement Couillard a systématiquement cherché à faire du Québec une province comme les autres. Son bonententisme avec les autorités fédérales l’a enfoncé dans l’impuissance politique face à Ottawa. Le gouvernement Trudeau en profite pour continuer ses politiques de rapetissement des pouvoirs du Québec en occupant les champs de compétence du Québec (énergies, éducation) et en continuant à s’attaquer à l’aspiration des Québécois-e-s à faire du français la langue commune de la société québécoise.

Le projet de société de Québec solidaire, pour se concrétiser, nécessitera une rupture avec l’État canadien et l’indépendance du Québec. Elle impliquer a également de faire de la souveraineté populaire du peuple québécois, l’acteur principal de son émancipation nationale. La lutte pour l’indépendance, la démarche pour la redéfinition démocratique de nos institutions et pour la réappropriation de nos richesses et le contrôle de notre travail, la lutte contre le sexisme et le racisme forment un seul et même combat, celui de l’unité du peuple québécois contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression et pour l’établissement d’une démocratie véritable.

C’est pourquoi, dès son arrivée au pouvoir, Québec solidaire

• convoquera rapidement une assemblée constituante pour que le peuple du Québec puisse affirmer sa souveraineté en l ’exerçant pour se donner une constitution d’un Québec indépendant.
• Suivi d’un référendum sur la constitution du Québec favorisant l’instauration d’un Québec solidaire, égalitaire, féministe et démocratique
• reconnaîtra les droits ancestraux des peuples autochtones et leurs droits à l’autodétermination

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