Francis Lagacé nous parle d’alimentation
Le cri de la carotte
29 novembre 2017
Sauf à vouloir se nourrir en suçant des cailloux, il est impossible de s'alimenter sans ingérer des organismes vivants ou l'ayant été. Depuis tout jeune, je blague avec mes camarades végétariens en leur opposant le cri désespéré de la carotte qu'on arrache de son potager à ceux des pauvres veaux qu'on mène à l'abattoir.
Méfiez-vous, amis carnivores, car ce qui commence comme un plaidoyer en faveur des bouffeurs de viande se mute tout à coup en panégyrique des défenseurs des animaux. En fait, bien que ne pouvant résister à un cassoulet garni de cuisses de canard confites ou à un savoureux lapin aux champignons et à la crème, je confesse me sentir en dissonance cognitive comme ces capitalistes verts, lesquels prétendent sauver la planète en continuant de la faire dépérir.
S'il est bien vrai que l'on se nourrit essentiellement d'êtres vivants (végétaux, bactéries et autres), il reste que l'on devrait éviter des souffrances à des êtres dotés de sensation. J'ai beau me donner bonne conscience en préférant les poulets élevés en liberté, je ne peux que me sentir mal à l'idée qu'on doive les abattre pour me nourrir.
Comme tous les humains, je me crée ma petite hiérarchie souvent anthropomorphisante, mammiférodominante, en me sentant moins coupable quand j'engloutis des huîtres que si je déchire de mes avides mâchoires les chairs d'un si joli cochon rose. Et il ne faut surtout pas que je songe à l'élégant alezan au leste trot dans la prairie lorsque je savoure un tournedos chevalin.
Mais trêve de sentimentalisme, songeons à ce que coûte en énergie, en eau et en surface terrestre l'élevage des animaux à viande comparé à la production de céréales ou de légumes pour se persuader que l'alimentation carnée n'est pas bonne pour notre planète ni donc pour l'humanité. La consultation d'un site comme Vegetarismus est des plus convaincante à cet égard.
Passons maintenant à l'aspect santé. Elles sont de plus en plus nombreuses les études qui montrent que la consommation de viande, et surtout de viande rouge, a des effets néfastes sur notre santé générale. Une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) indiquait en 2015 que les viandes rouges sont probablement cancérogènes. On peut consulter cette étude sur le site OMS Cancéroginicité de la consommation de viande rouge.
Mon conjoint ajoutera sans doute de la ciguë dans la sauce de son prochain bœuf bourguignon quand il apprendra en le lisant ici que je suis cryptovégétarien et que je consomme la barbaque amoureusement cuisinée le plus souvent pour lui faire plaisir. En fait, ne joue-t-il pas le même jeu lorsque je lui propose mes lasagnes aux lentilles. Il n'en reste pas moins que toutes les raisons du monde concourent pour que nous fassions de plus en plus de place à l'alimentation végétale en sachant tirer nos protéines des légumineuses, céréales, noix et autres sources appropriées. On trouvera des règles d'association de protéines végétales sur un site d'une institution française qui ne les priorise pas et ne peut en conséquence être accusée de favoriser le végétarisme, soit celui de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.
Au vu de toutes ces bonnes raisons, je me considère donc comme une sorte de végétarien non-pratiquant et, à la manière de ces chrétiens qui mangent du prochain alors qu'ils devraient l'aimer et le servir, je fais profession de foi envers les défenseurs des animaux. C'est pourquoi je choisis toujours le menu végétalien quand je participe à un congrès, comme celui de Québec Solidaire qui aura lieu en fin de semaine à Longueuil.
Nous vivons tous nos contradictions. En être conscient est déjà pas mal, mais en tout état de cause, je sais bien que ce sont les végétaliens, et même les véganes, qui ont raison.
LAGACÉ, Francis
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