L’autonomie des mouvements sociaux, une recette gagnante
Posté le 2 avril 2013 par Alexandre Leduc
L’autonomie des mouvements sociaux, une recette gagnante
J’ai pris ma première carte de membre de Québec solidaire alors que je m’impliquais activement dans le mouvement étudiant de l’UQAM. À l’époque j’étais perçu comme une sorte de curiosité par mes collègues qui ne croyaient plus à la pertinence d’un parti politique progressiste. Plusieurs ont changé d’avis depuis.
Avec le temps, j’ai compris qu’être à la fois un membre actif de Québec solidaire et un militant dans un syndicat ou un organisme serait un défi. Avec le temps, j’ai développé une manière de conjuguer les deux dans le respect.
Lorsque nous avons fondé le parti, nous avions alors décidé de ne pas répéter l’erreur de certains groupes d’extrême gauche des années 1970 : l’entrisme. En effet, c’est une vieille tactique d’infiltration qui trouvait les syndicats et les groupes sociaux trop mous et sans direction. C’était donc le parti qui devait leur dire quoi faire et leur montrer le bon chemin pour arriver à la révolution. Au Québec, plusieurs groupes sociaux se sont effondrés suite à des luttes de pouvoirs terribles dues à des tentatives d’entrisme.
Je m’oppose à cette méthode. Je viens des mouvements sociaux et je comprends leur dynamique. C’est une dynamique plurielle qui est traversée par plusieurs courants politiques : libertaire, extrême gauche, social-démocrate, social libéral, non-alignée, etc. La force des mouvements sociaux est de pouvoir compter sur la synergie de toutes ces forces. Aurions-nous connu un printemps québécois aussi fort si les associations étudiantes avaient été contrôlées par le haut uniquement par des militants identifiés à QS? Bien sûr que non. La crédibilité d’un syndicat ou d’un groupe est basée sur sa non-partisanerie.
Travaillons avec les mouvements sociaux en tant qu’allié et non en tant que gérant d’estrade. Oui, nous sommes leur relais à l’Assemblée nationale, mais non, ils ne sont pas nos faire-valoir. La meilleure synthèse que j’ai entendue sur ce sujet est : «marcher côte à côte, mais frapper ensemble».
J’adhère à l’objectif de faire de QS un parti des urnes et de la rue, mais nous n’y arriverons pas en tentant de remplacer ou d’inféoder les groupes déjà existants. Par contre, lors d’actions de masses, nous devons être mieux organisés pour bien faire circuler notre message. Des initiatives en ce sens ont été mises en place lors du Front commun en 2010, du 1er mai 2012, de la grève à Rio Tinto Alcan, de la grève étudiante, etc. Par contre, ces initiatives sont un peu erratiques et il serait donc intéressant de les systématiser en créant statutairement un comité journal et un comité mobilisation national qui aurait la tâche de préparer et distribuer du matériel d’information en lien avec les luttes d’actualité.
Au final, il ne faut pas perdre de vue le fait que, bien que notre parti se soit initialement basé sur des militants issus des mouvements sociaux et syndicaux, il a énormément élargi sa base de membres depuis. Dans nos assemblées et nos activités, plusieurs membres de QS, probablement une majorité en fait, ne sont ni des officiers syndicaux ni des salariés de groupes communautaires. Il faut absolument éviter de donner l’impression qu’il faut déjà être un militant social AVANT de devenir militant de Québec solidaire.
Au contraire, notre parti est ouvert à tous ceux et toutes celles qui partagent nos valeurs, nos aspirations collectives et qui ont envie de mettre la main à la pâte.
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