mardi 16 avril 2013

La constitution canadienne corrompue?

Oui un excellent texte d'André Frappier


La constitution canadienne corrompue?

Publié le 11 avril 2013 


La nouvelle faisant état d’irrégularités lors du rapatriement de la constitution par l’ex-premier ministre Pierre Elliott Trudeau en 1982 est très troublante. Si les faits sont avérés, cela s’appelle un coup d’État constitutionnel doublé du non-respect d’un principe essentiel de nos sociétés démocratiques: la séparation des pouvoirs.

Selon l’auteur du livre « La bataille de Londres », le juge en chef de la cour suprême Bora Laskin aurait fait part des délibérés aux représentants-es du gouvernement Thatcher ainsi qu’à ceux du gouvernement Trudeau. De surcroit, on apprend que des documents du Foreign Office indiquant un éventuel appui à un Québec souverain ont été cachés au peuple québécois. Savoir, à l’époque, qu’un pays comme la Grande-Bretagne aurait reconnu le pays du Québec, ce n’était pas rien. On a l’impression de nager en pleine fiction et pourtant, ça ressemble à une bien triste réalité. Les amateurs-trices de la théorie du complot apprécieront. Ayoye!

Bref, comme beaucoup de souverainistes, la nouvelle m’a pas mal sonné. Mais sommes-nous véritablement étonnéEs?  Historiquement, le gouvernement fédéral est coutumier du fait. Il a été bâti en négation de la reconnaissance des nations autochtones ainsi que du peuple  francophone. La politique d’assimilation du peuple autochtone dont la commission vérité et réconciliation nous démontre les horreurs  est très révélatrice de cette attitude qui n’a plus sa place au XXIème siècle.

On pourrait aussi prendre l’exemple de l’intrusion dans le processus référendaire de 1995 par le gouvernement Chrétien. Un secret de polichinelle confirmé par la commission Gomery. Tous ces épisodes ont joué  un rôle important dans la conscience populaire québécoise en ce qui concerne le rôle antidémocratique du gouvernement fédéral.

Le Québec veut simplement la vérité. Monsieur Harper qui n’est pas un habitué de la transparence devrait écouter le gouvernement du Québec sur ce dossier.

Même si nous croyons que cette situation arrive comme une bouée de sauvetage pour le Parti Québécois qui est en mal de crédibilité et de définition de son projet de « gouvernance souverainiste », nous appuierons toute démarche qui demande au gouvernement fédéral et à la cour suprême de rendre des comptes et de faire enquête.

Pour regarder devant nous et pour réaliser le pays du Québec, je lance une mise en garde au gouvernement de Madame Marois : il ne suffit pas  de déchirer sa chemise sur la place publique que ce soit sur cette question ou sur celle de l’assurance-emploi, nous attendons des actes comme sur le registre des armes à feu. Il est plus que jamais nécessaire de travailler dès maintenant à construire la mobilisation nécessaire à une société juste, égalitaire et souveraine.  Au lieu de lancer des appels partisans à joindre les rangs du PQ, faisons en sorte de remettre les clés de notre souveraineté à la population et de lui redonner le goût de cette indépendance. Il est temps de lui laisser la liberté d’en dresser les contours en lui associant un projet social, environnemental et économique au lieu de nous présenter une gouvernance souverainiste sans saveur et qui fonctionne selon un stratégie sans issue :  chicane avec Ottawa tout en gouvernant provincialement.

André Frappier, président et porte-parole de Québec solidaire

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