Pierre Dostie nous parle de souveraineté:
Pierre Dostie, ex-candidat de l'Union des forces progressiste (2003) et de Québec solidaire (2012) dans la circonscription de Chicoutimi
La souveraineté appartient au peuple
Publié le 22 juillet 2013 à 06h05
Pierre Dostie
Le Quotidien
(Chicoutimi) La récente actualité québécoise a été marquée par les tentatives infructueuses de construire une alliance des partis souverainistes en vue des prochaines élections qui sont pressenties dans la prochaine année.
Dans sa chronique du Devoir récemment, Michel David affirme que «sans alliance, les libéraux de Philippe Couillard ont toutes les chances de reprendre le pouvoir». Il qualifie l'attitude des partis souverainistes d'«égoïsme suicidaire». La question est délicate, aussi hautement stratégique qu'émotive.
Tellement délicate que la seule manière de poser la question peut conduire à un dérapage. Par exemple, situer l'enjeu au niveau d'empêcher le retour des libéraux au pouvoir ou d'avoir à tout prix un gouvernement souverainiste majoritaire sans préciser pour quoi faire, ni la suite des choses. Que veulent les souverainistes? Gouverner la province ? Donner une majorité au moins pire des partis qui a le plus de chances de lemporter ou faire un pays? Mais comment y arriver justement?
Chacun des partis souverainistes a sa raison dêtre sur laxe gauche-droite, trop longtemps occulté par laxe indépendantisme-provincialisme. La question de lalliance électorale souverainiste doit cependant être abordée, non pas en référence aux programmes respectifs des partis, mais plutôt sous langle d'une stratégie commune daccession à l'indépendance, ce qui devrait être la principale, sinon la seule question à discuter.
Motivations indépendantistes et responsabilité historique
Pour Québec solidaire, la justice sociale et la lutte pour une société progressiste sont indissociables du projet de pays. L'émancipation sociale est le moteur et la raison d'être du projet de pays. Pays sans lequel le programme de QS ne pourrait se réaliser. Pour les autres partis sans vouloir parler à leur place la motivation peut être différente, par exemple d'abord identitaire, ce qui est parfaitement légitime. De toute évidence, il faut constater aujourd'hui que ce n'est pas sur la base des programmes des partis, du moins pas principalement, que l'alliance souverainiste peut se faire. La stratégie commune d'accession à l'indépendance du Québec n'est pas un programme de gouvernement. C'est le chemin vers l'indépendance, qui contribuera à la réalisation de l'un ou lautre projet de société, et que continueront de débattre les partis, avant, pendant, et après l'accession à l'indépendance. La seule base unitaire possible, par-delà, malgré, et avec les différences au sein des partis souverainistes, doit reposer sur une plateforme minimale de transition et un plan de campagne électorale expliquant clairement à la population le processus d'accession à l'indépendance qui sera enclenché dès lélection dun gouvernement de coalition indépendantiste; ce processus devrait être foncièrement démocratique et comprendre une démarche par laquelle le peuple québécois exerce concrètement sa souveraineté, par exemple au sein dune Assemblée constituante appelée à décider du statut politique du Québec et à rédiger une constitution à soumettre à la population par référendum; ce processus devrait reconnaitre le droit à l'autodétermination des nations autochtones et favoriser une alliance avec elles.
Il est de première importance de nous rappeler que le projet de pays n'est pas l'apanage des partis encore moins d'un seul parti. Le projet d'indépendance appartient et est destiné à tous les Québécois. Les militants indépendantistes de toutes provenances, tout comme les partis souverainistes, ont une responsabilité commune : conduire le Québec vers son pays. Mieux encore : animer la population de manière à ce qu'elle s'approprie ce projet et indique la voie à suivre.
Le récent «Congrès de la convergence» organisé par le Nouveau mouvement pour le Québec (NMQ) a fait au moins la démonstration que de nombreux militants, quelle que soit leur appartenance partisane, sont ouverts à trouver des solutions qui vont au-delà des positions actuelles des partis. Toutefois, l'attention actuellement portée sur les différents scénarios de candidature unique devrait plutôt se recentrer sur une stratégie commune d'accession à l'indépendance. Question de mettre le boeuf en avant de la charrue.
Enfin, la récente décision des États généraux et du Conseil de la souveraineté du Québec (CSQ) de favoriser dorénavant une approche citoyenne est véritablement salutaire.
L'entente intervenue entre le CSQ et le NMQ sur un plan d'action pour la mise en oeuvre des résolutions adoptées lors des deux récents événements nationaux est un bon signal qui devrait être capté par les citoyens. Vivement que le peuple s'empare de cette question qui lui appartient au premier chef, afin qu'aucun parti ne la détourne à son intérêt ou ne freine davantage le processus historique. L'indépendance ne se fera qu'avec la volonté populaire.
Il reste bien peu de temps avant les prochaines élections, pour qu'un débat de fond conduise les partis souverainistes à une véritable stratégie commune d'accession à l'indépendance. Souhaitons-le malgré tout. Toutefois, les enjeux à court terme et l'agenda politique électoral provincial sont secondaires à côté de cela. Il serait en effet irresponsable de s'engager dans une alliance rien que pour empêcher les libéraux d'être élus par exemple. L'histoire devrait nous avoir enseigné qu'un gouvernement provincial souverainiste sans stratégie qui vaille est plutôt de nature à faire reculer le projet de pays. Le Québec mérite mieux que cela. Dans la confusion actuelle, et les querelles partisanes et parfois mesquines, le développement d'un fort mouvement citoyen représente le seul espoir qu'il nous est permis d'entretenir, de voir un jour advenir le pays du Québec.
Pierre Dostie, ex-candidat de l'Union des forces progressiste (2003) et de Québec solidaire (2012) dans la circonscription de Chicoutimi
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire