dimanche 28 janvier 2018

Des hommes appuient #EtMaintenant


Voici une déclaration donc je suis co-signataire sous mon vrai nom :
Serge Leclerc

 

Des hommes appuient #EtMaintenant 

27 janvier 2018



Voici la déclaration que nous avons fait parvenir aux quotidiens québécois. Des noms s'y sont ajoutés depuis.



Des hommes appuient #Etmaintenant



Le mouvement #Etmaintenant, lancé par une centaine de féministes québécoises, expliquait : « Nous voulons [...] les hommes à nos côtés. [...] que les politiques publiques, la culture des entreprises et des institutions, les contenus médiatiques – eh oui, les relations amoureuses et sexuelles – évoluent dans le sens d’une véritable égalité entre les sexes. »



Nous sommes des hommes qui appuyons ce mouvement.



Dès le début du mouvement #Moiaussi, on a vu se développer un ressac multiforme, comme le « droit d’importuner » au prétexte d’une misère sexuelle masculine. Aussi la prétention que les hommes de pouvoir, qui en ont abusé, avaient le bénéfice du doute au motif de la « présomption d’innocence », eux qui, pour plusieurs, ont sévi pendant des décennies, bénéficiant de l'impunité et, par le fait même, multipliant leurs agressions.



Les agressions sexuelles et les harcèlements ne sont pas le fait de quelques dérives individuelles. Au Québec, une femme sur trois a été victime d’au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 16 ans. Les infractions sexuelles sont plus fréquentes (53  des cas) chez les moins de 18 ans, surtout chez les filles, mais aussi chez les garçons. De 40 à 50  des femmes des pays de l’Union européenne auraient subi des avances sexuelles non désirées, des contacts physiques ou d’autres formes de harcèlement sexuel au travail. Aux États-Unis, 83  des filles âgées de 12 à 16 ans auraient subi une forme ou une autre de harcèlement sexuel dans les écoles publiques.



L’agression sexuelle est avant tout un abus de pouvoir. L’agresseur se sent autorisé à imposer ses volontés à une personne réduite au rang d’objet sexuel. On sait le sort que connaissaient autrefois les victimes d’agresseurs puissants bien placés dans la société : elles étaient condamnées sans appel, et les agresseurs jouissaient d’une impunité quasi totale. Toute structure hiérarchique, qui voue un culte à la suprématie mâle, favorise ces abus : églises, sectes, armées, clubs sportifs, clans, familles, monde des affaires, etc. Ce sont surtout les femmes qui en font les frais, mais pas seulement : les enfants certes, filles et garçons, mais aussi des hommes.



La virilité hégémonique s’exprime dans les prisons par les viols d’hommes ainsi infériorisés. Au Québec, un producteur omniprésent à l’écran de la télévision québécoise harcelait sexuellement ses employés masculins. On savait que les petits garçons étaient une cible de prédateurs sexuels dans la famille, l’Église, etc. Désormais, des hommes adultes osent parler de ce qu’ils subissent ou ont dû subir par des hommes mieux placés qu’eux dans la hiérarchie sociale.



Le changement social nécessite un changement des relations de pouvoir dans la société. Les agresseurs perdent une partie de leur pouvoir, mais il reste beaucoup d’hommes puissants à l’abri. Pourtant ce sont leurs employéEs qui subissent les contrecoups en perdant leur source de revenus. En plus de risquer leur propre emploi, les victimes craignent d’en faire perdre à d’autres. Ces réflexions éthiques sont absentes chez les personnes en situation de domination. Cela fait d’ailleurs partie des considérations qui se bousculent dans la tête des victimes si peu promptes à dévoiler ce qu’elles ont vécu, déjà qu’elles se sentent coupables de ce qui leur est arrivé.



Qui doute encore que la justice a deux vitesses? Les plus fortunés se paient les meilleures firmes d’avocats, les mieux à même de performer devant des juges qui viennent rarement des classes défavorisées ou dominées et qui, de ce fait, comprennent peu les structures d’oppression, quand ils n’ont pas un préjugé favorable envers elles.



Celui qui a l’argent et le pouvoir domine les personnes réduites à vendre leur force de travail, c’est ce qui accorde à la personne qui embauche une formidable prépondérance. L’argent et le pouvoir lient, rabaissent et soumettent la personne-force de travail, tout en rendant le rapport impersonnel, réifié. Le sentiment de supériorité des employeurs fait partie intégrante de leur plaisir, lié à l’acte de location de la force de travail et à la déshumanisation qu’elle implique (processus de marchandisation). Ces hommes ne recherchent pas la réciprocité. C’est précisément la subordination des gens qui est source de plaisir, lequel est accentué par un sentiment d’impunité. L’argent et le pouvoir apparaissent comme des mises en action de la virilité.



Dans les sociétés capitalistes patriarcales, les sexualités masculines hégémoniques agissent surtout au moyen d’un désir univoque. C’est très souvent un appel à une consommation rapide. Le temps des relations sexuelles semble déterminé par l’éjaculation, vue comme finalité de la relation sexuelle. Dans cette consommation, il y a survalorisation de la place et de la fonction du pénis. Cette sexualité devient réductionniste et fonctionnelle, si ce n’est utilitariste et contingentée (limitée). Elle est également dissociée (sexe et sentiments).



Tant que nous n’aurons pas appris à vivre humainement nos rapports sexuels, il ne sera pas question de fermer les volets sur la souffrance imposée par les rapports de pouvoir, notamment les rapports de genre.



C’est pourquoi il est important comme hommes de donner un soutien ferme et indéfectible à la parole qui se libère, à la résistance aux agressions, à la renégociation de rapports basés sur le consentement et non sur la prédation ou la domination.



Instigateurs de la déclaration

 Francis Lagacé, écrivain, militant des droits sociaux

Richard Poulin, éditeur, prof émérite (Université d’Ottawa) et prof associé (IREF-UQAM)


Premiers signataires

 Louis Bélanger, Guy Bellemare, Marc Bonhomme, Claude Braun, Albert Breau, Raphaël Canet, Jean-Nicolas Carrier, Érick Doucet, Michel Duchesne, Martin Dufresne, Dominic Dumont, Jonathan Durand-Folco, Didier Epsztajn, Marc-André Éthier, André Frappier, O. Louis Hains, Jean-Yves Joannette, Michel Lacroix, yeun lagadeuc-ygouf, Henri Lamarre, Louis Lamarre, Paul Laurendeau, Thierry Lawrence Bernard, Serge Leclerc, Yves Leclerc, Richard Légaré, Sylvain Lemay, Richard Lépine, David Mandel, Ianik Marcil, Christian Montmarquette, Ludvic Moquin-Beaudry, Michel Morin, Réjean Poirier, Bernard Rioux, Jean-Yves Rioux, Sébastien Rioux, Michel Roche, François Saillant, Luc Saucier, Michel Seymour, Michel Taylor, Michel Thiénot, Dominique Uhde, Claude Vaillancourt, Bernard Vallée, André Vincent


LAGACÉ, Francis


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Pour ceux qui désirent voir la déclaration sur la Presse +
http://plus.lapresse.ca/screens/acc5b714-c052-40c0-8f21-31d925

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