jeudi 23 septembre 2021

L’acte de consommation

 

Francis nous parle d’acte.

L’acte de consommation

18 septembre 2021

Dans l’Église catholique, immense marécage où j’ai été immergé pendant la totalité de mon enfance, il existe certaines sortes de prières constituant de véritables proclamations à l’égard de sa foi et de son obéissance à Dieu par l’entremise de son clergé.

Ces brèves oraisons sont appelées des actes. On nous forçait à réciter souvent ces preuves de soumission volontaire. Au nombre de neuf, ils pouvaient servir en diverses circonstances, soit comme rappel de notre allégeance absolue à l’Église, soit comme pénitence imposée par un prêtre.

On devine à quoi servaient l’acte d’adoration ainsi que l’acte d’amour ou de charité : l’adoration est réservée à Dieu seul, l’amour étant d’abord voué à Dieu, puis la charité aux autres, gentiment désignés sous le vocable de prochain. L’acte de contrition, de son côté, servait de conclusion à la confession des péchés, depuis appelée sacrement du pardon.

L’acte de demande, que l’on croit destiné à chercher un avantage, se résumait en fait surtout à implorer « la grâce de faire en toutes choses votre sainte volonté ».

L’acte d’espérance était tout dirigé vers l’obtention de la vie éternelle par le moyen de l’observance des commandements du Seigneur.

Le remarquable acte de foi déclarait : « je crois fermement tout ce que la Sainte Église catholique croit et enseigne ». Comme reniement du libre arbitre et de la science, on ne pouvait trouver mieux, même si la science nous apprend aujourd’hui que le libre arbitre est loin d’être si décisif qu’on aurait pu le croire.

Dans le non moins remarquable acte d’humilité, le croyant suppliait : « apprenez-moi à me mépriser moi-même ». C’est mentalement très sain. Après ça, on s’étonne que pendant la Révolution tranquille tant de gens aient jeté tout l’arsenal religieux par-dessus bord.

Avec l’acte d’offrande, le croyant offrait son corps, son âme et tous ses biens au Divin, ce qui veut dire en clair à l’Église.

Finalement l’acte de remerciement avait pour conclusion que le plus grand bien est d’avoir été « fait enfant de votre Église ».

Alors, les gens qui ne comprennent pas que tant de monde soit soumis aux Talibans, dites-vous qu’il n’y a pas si longtemps, de nombreux peuples étaient complètement subjugués par l’Église catholique et que ce n’est pas davantage compréhensible.

Mais, comme actuellement la religion la plus dominante est le capitalisme et que la consommation en est un rouage puissant, j’ai décidé de composer un Acte de consommation inspiré de l’acte de contrition des catholiques. Rappelons qu’à l’origine catholique signifie « universel » et que, justement, le capitalisme a de son propre aveu vocation, c’est le cas de le dire, à être universel.

Acte de consommation

Ô Divin Capital, j’ai un extrême besoin de consommer et je regrette de ne jamais le faire assez parce que tu es infiniment bon, infiniment aimable et que l’obsolescence programmée te ravit.

Pardonne-moi par les mérites de la Sainte Finance mon messie. Je me propose moyennant ton Saint Crédit de m’ensevelir sous les achats et de recommencer le plus souvent possible.

Francis Lagacé

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Cela fait 48 automnes

 

Voici mon poème que Sandra et moi Sergio de Rosemont du collectif "Le Droit de vivre en paix Montréal / El Derecho de vivir en paz Montreal " avons lu le 11 septembre 2021 à la "Place des Amériques" pour l’occasion du 48ème anniversaire du coup d’état d’Augusto Pinochet.

Sandra lisait la traduction du poème qu’elle avait fait.


Cela fait 48 automnes

De Sergio de Rosemont

Le 11 septembre 1973, Augusto Pinochet assassina la démocratie au Chili en un coup d’état avec l’appui des Vautours États-Uniens.

Cela fait 48 automnes de dictature que le peuple chilien suffoque sous la botte du fascisme.

Cela fait 48 automnes de dictature qu’on a dépossédé le peuple chilien de leur Chili.

Cela fait 48 automnes de dictature où qu’on assassine les enfants du Chili.

Cela fait 48 automnes de dictature que des citoyens disparaissent.

Cela fait 48 automnes de dictature que des familles recherchent leurs disparus.

Oui au Chili, au pays de Victor Jara, là où Sébastian Piñera remplaçait Augusto Pinochet, et que le gouvernement, l’armée et la police sont les ennemis du peuple.

Cela fait 48 automnes de dictature que le gouvernement, l’armée et la police sont les valets de la classe dominante et des multinationales néolibéralistes.

Le Chili a servi de laboratoire pour instauration du néo-libéralisme.

Le Chili fut le premier pays où le néo-libéralisme fut implanté.

Mais le peuple chilien est courageux et combatif.

Et le peuple chilien finira par gagner.

Et le Chili appartiendra à nouveau au peuple chilien !

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espanol

Aquí está mi poema que Sandra y yo Sergio de Rosemont del colectivo "Le Droit de vivre en paix Montreal / El Derecho de vivir en paz Montreal" leímos el 11 de septiembre de 2021 en la "Place des Amériques" con motivo del 48 aniversario de la Golpe de Augusto Pinochet.

Sandra estaba leyendo la traducción del poema que había hecho.

Han pasado 48 otoños

Por Sergio de Rosemont

El 11 de septiembre de 1973 Augusto Pinochet asesinó a la democracia en Chile en un golpe de Estado con el respaldo de los buitres americanos.

Han sido 48 otoños de dictadura que el pueblo chileno se asfixia bajo la bota del fascismo.

Han pasado 48 caídas de la dictadura desde que el pueblo chileno fue desposeído de su Chile.

Son 48 caídas de dictadura donde los niños de Chile están siendo asesinados.

Han sido 48 otoños de dictadura que han desaparecido ciudadanos.

Las familias han estado buscando a sus desaparecidos durante 48 caídas de dictadura.

Sí en Chile, en el país de Víctor Jara, donde Sébastian Piñera reemplazó a Augusto Pinochet, y donde el gobierno, el ejército y la policía son los enemigos del pueblo.

El gobierno, el ejército y la policía han sido esbirros de la clase dominante y de las multinacionales neoliberalistas durante 48 caídas de dictadura.

Chile sirvió de laboratorio para el establecimiento del neoliberalismo.

Chile fue el primer país donde se estableció el neoliberalismo.

Pero el pueblo chileno es valiente y combativo.

Y el pueblo chileno ganará al final.

¡Y Chile volverá a pertenecer al pueblo chileno!

vendredi 10 septembre 2021

Observer le monde

 

Laissons la parole à Francis

Observer le monde

6 septembre 2021

Regarder le fleuve couler, lui confier des salutations carrossées par ses flots jusque du côté de l’amie Claire sur les rivages de Rimouski, là où une lumière soyeuse caresse l’onde.

Entendre au loin la plainte du geai bleu, au moment où l’écureuil furtif attire tout de même l’attention parce qu’il agite les feuilles en se sauvant au sommet d’un tilleul dont il dévore les graines que la bractée ne suffit pas à protéger.

Marcher débonnairement en saluant les passants en direction du café, s’y asseoir et siroter ce carburant au milieu des spectateurs d’un match de foot.

Admirer les paysagements d’une rue résidentielle dans une expédition sans destination, solitaire ou binomiale.

Respirer les effluves du foin tondu sans penser à rien d’autre qu’au foin coupé ; garder pour plus tard les considérations sur l’avancement de la saison.

Cesser de voir les affiches bleues et les affiches rouges tellement elles se ressemblent en s’opposant. Élever les yeux quelques instants pour accueillir le vent dans les branches des frênes du terre-plein, puis découvrir le pépiement de quelque roitelet égaré.

Être ébloui par le poitrail gonflé du cardinal bien posté. Siffler avec le merle haut perché.

Manger un yogourt salé et sentir sa texture qui caresse la langue, en être satisfait.

Être émerveillé par une tomate toute rougissante sur la galerie, apercevoir à sa surface le soleil qui coulera en nous accompagné d’une huile d’olive dorée.

Lire les nouvelles, avoir envie d’en commenter certaines, d’en oublier d’autres, mettre quelques notes ici et là, peut-être surtout là, où on ne les retrouve pas toujours.

Faire la vaisselle en écoutant des chansons populaires qui pourraient exaspérer un intellectuel.

Expliquer à cette passante comment se rendre à la petite quincaillerie du quartier ; lui conseiller d’arrêter à la boulangerie en revenant.

Sourire aux vitrines, les laisser passer, consommer parcimonieusement, car les achats attachent au lieu de libérer.

Se laisser assourdir par le chant des cigales dans leur dernier sprint pour la reproduction et compter les corps des vainqueurs sur le trottoir, car celles qui meurent sont celles qui ont réussi à s’accoupler.

Avoir de la compassion pour les yeux effarés des oreilles qui ont entendu cette profession publique de farniente.

Savourer la joie suprême d’être improductif.

Ne rien faire n’est pas laisser faire s’il est possible de témoigner, pétitionner, encourager, appuyer, diffuser.

L’observateur est un passeur de récits ; les récits organisent du sens dans un univers qui en est dépourvu.

Toujours se rappeler que ne plus avoir besoin de travailler est un droit arraché à la société par des travailleurs·travailleuses, qui ont lutté pour l’obtenir, l’hégémonie capitaliste n’ayant rien de plus pressé que de transformer la jouissance du temps en un temps de la jouissance programmé, formaté, étiqueté et encadré de sorte qu’il se résume à l’acte de consommation.

Embaumer de louanges la mémoire de Lafargue pour son Droit à la paresse.

Francis Lagacé

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vendredi 3 septembre 2021

Les traces de cette violence.


Mon plus récent tableau

Les traces de cette violence. 

Par Sergio de Rosemont

Les traces de cette violence, oui c’est comme ce morceau de manche de couteau trouvé sur le sol de ce parc.

Mais Les traces de cette violence peuvent aussi être invisibles comme celui qui pendant son enfance avait comme père un alcoolique, un ivrogne.

Mais Les traces de cette violence peuvent aussi être invisibles comme celui qui dans sa jeunesse a été placé à cause de l’alcoolisme de son père, alors qu’on a tenté de lui faire croire que c’était à cause de ses résultats scolaires.

Mais Les traces de cette violence peuvent aussi être invisibles comme celui qui dans sa jeunesse a été placé et qui a connu la strap et le bâton.

Mais Les traces de cette violence peuvent aussi être invisibles comme celui dans sa jeunesse à l’école a connu l’intimidation et devait après l’école presque quotidiennement affronter 4 à 5 autres étudiants.

Mais Les traces de cette violence peuvent aussi être invisibles comme celui ou celle qui dans sa jeunesse était témoin de cette violence conjugale, familiale.

Mais Les traces de cette violence peuvent aussi être invisibles comme ceux et celles ayant connu les abus, l’inceste et / ou le viol.

Mais Les traces de cette violence peuvent aussi être invisibles comme ces réfugiéEs politiques qui ont dû fuir leur pays pour sauver leur vie.

Mais Les traces de cette violence peuvent aussi être invisibles comme ceux qui ont connu le racisme.

Mais Les traces de cette violence peuvent aussi être invisibles comme ceux et celles qui ont connu la discrimination et le mépris à cause de leur différence.

Mais Les traces de cette violence peuvent aussi être invisibles comme ceux qui étaient comme des agneaux et qui à force de subir les morsures sont devenus eux-mêmes comme des loups mordant ceux qui les ont mordu ou les mordent ou les mordront.

Oui souvent ces traces de cette violence sont invisibles.

Oui les cicatrices de cette violence peuvent se retrouver dans la chair mais aussi dans l’âme.