mardi 28 décembre 2021

Ce prisonnier politique inconnu.

 

Mon plus récent tableau à saveur politique.

Ce prisonnier politique inconnu.

Par Sergio de Rosemont

Lorsqu'on parle de prisonniers politiques, plusieurs noms nous viennent à l'esprit.

Des citoyens / citoyennes emprisonné-Es souvent parce qu'ils ont osé porter une critique contre l'autorité de leur pays.

Dans la majorité des cas, ils en subissent la torture, la privation de sommeil et de nourriture.

Et ils sont aussi victimes d'intimidation, de viol et de cruauté mentale.

Effectivement ce sont des "conditions de vie" cruelles, infernales qu'on leur impose.

Et même nous pourrions plutôt parler de "conditions de survie" cruelles et infernales.

Mais hélas tous les noms de prisonniers / prisonnières politiques que nous connaissons ne sont probablement que la minorité des cas de prisonniers / prisonnières politiques.

Il y a ce qu'on pourrait appeler le "Prisonnier politique inconnu".

Tout comme les prisonniers politiques connus, ils subissent la torture, privation, intimidation, viol et la cruauté mentale.

Leurs conditions de survie sont aussi infernales sauf qu'eux personnes ne connait leurs noms !

Donc, personne ne peut nommer leurs noms pour réclamer leur liberté.

Ils sont condamnés à l'oubli !

Et ils sont aussi plusieurs milliers.

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P.S : J’ai mis le visage sur ce tableau en brun car les hommes et les femmes sont tous les enfants de la terre.

Sur le bandeau sur ses yeux il est inscrit : Personne ne peut nommer leur noms pour réclamer leur liberté.

Sur le bandeau sur sa bouche il est inscrit : Condamné à l’oubli !

samedi 25 décembre 2021

Cet Arbre de Noël

 

Voici un texte que j'avais publié le 23 décembre 2005 :

Cet Arbre de Noël


Par Sergio de Rosemont

Pour plusieurs lorsqu'on parle d'Arbre de Noël, ils vous diront qu'à leurs yeux qu'il s'agit d'un symbole de joie et de paix. Pourtant cet arbre peut aussi devenir un symbole de malheur !

Pour celui qui n'a rien, cet arbre peut représenter ce qu'il n'aura probablement jamais. L'arbre représentera le plaisir que les autres auront, mais lui non !

Combien de personnes pour qui cet arbre rappel un conflit familial, ou une bisbille dans un groupe d'amis dû à un verre de trop ?

Pour celui qui a à coeur l'environnement, cet arbre peut représenter le gaspillage fait par cette société, ainsi que les tonnes de déchets qui prendront le chemin du dépotoir question de mieux salir la planète.

Pour celui qui se soucis de l'équité social et économique, cet arbre peut en devenir la représentation de cette injustice économique, de cette surabondance insultante de ces néo-libéralistes.

Oui cet arbre est le symbole d'une fête. Celle du commerce, celle de cette musique si douce et chère à leurs oreilles jouée par les tiroirs des caisses enregistreuses. Non pas celle de ceux qui erreront dans les rues la nuit, de ceux donc l'abri d'autobus servira de chambre à coucher ou ceux donc le Carré Viger sera leurs royaume.

Et aussi cet arbre pourrait aussi être représentatif du manque de vouloir ou à moins que ce ne soit du côté hypocrite de la nature humaine. Pensons à toutes ces belles promesses et résolutions formulées et prises autour de cet arbre, et qui un coup le temps des fêtes passés, seront comme par magie oubliées ou tout bêtement mis de côté.

Tous ces beaux voeux de paix et de partage formulés de façon qui semblent si sincère, ne seraient-ils que de la foutaise ? Est-ce que ces gens ont conscience de l'importance de ces voeux ?

En ce qui me concerne, je me souviens dans ma jeunesse de quelques évènements médiocres s'ayant déroulés à l'occasion du temps des fêtes où il y avait un arbre de noël. Comme ce soir chez mon oncle Fernand (beau-frère de mon père) que pourtant j'admirais, mais pourtant cet oncle fit un geste auquel l'enfant que j'étais ne s'attendait pas et ne pouvait comprendre non plus.

Un geste donc je pu apprendre la vérité quelques années après la mort de mon père. Nous avions une tradition familiale par laquelle dans le temps des fêtes nous rendions visite à mes 2 oncles du côté de mon paternel, et au moins une visite du côté maternel.

Cet oncle Fernand était le premier à qui nous rendions visite, à chaque année. Il demeurait dans un grand logement au-dessus d'un bureau de poste dans le quartier St-Sauveur, où il avait le rôle d'homme de ménage de nuit.

Mon père qui avait un problème sévère d'alcoolisme avait pris ce soir-là la décision de faire l'effort de ne consommer aucune goutte d'alcool de la soirée. Question de faire honneur à sa famille donc à moi et ma mère. Ce cher oncle Fernand décida question de s'amuser de forcer mon père à boire, sachant pourtant très bien qu'un coup ivre mon père perdait la tête et était chicanier.

Lorsque mon père commença à perdre la tête et à avoir de la difficulté à se tenir debout, il empoigna mon père par la gorge et alla le tirer sur le divan du salon en le traîna tout le long en le soulevant par la gorge. Donc à mes yeux cet arbre me rapporte en mémoire à l'occasion cet acte de lâcheté de cet oncle Fernand qui mesurait presque 6 pieds (1,82 mètre) face à mon père de 5 pieds 4 pouces max (1,62 mètre). Ce sapin me rappelle aussi par la même occasion les vantardises de cet oncle Fernand pour tenter d'épater la galerie.

Mais je me rappelle aussi ces soirées du temps des fêtes chez oncle Roger, oncle du côté maternel où la tradition familiale du temps des fêtes était à la classique partie de Charlemagne (jeu qui se joue avec des cartes).

Officiellement le but était de s'amuser un coup la parenté réunie. Mais pourtant à chaque fois ca finissait en engueulade mémorable et à 2 doigts des coups.

C'était le festival de l'insulte.

Encore aujourd'hui je suis encore surpris que ca est jamais viré en festival de distribution de poing en pleine gueule, à savoir lequel serait le plus généreux dans cette distribution ! Et malgré le fait que tous savaient que chacune de ces parties de cartes finissaient fatalement dans l'hostilité et la rancune, à chaque année on revenait avec cette partie de Charlemagne.

Il est vrai que du côté de mes oncles du côté maternel, je peux comprendre leur amour pour les cartes, ils étaient tellement 2 de pique. Donc par cet arbre des fois à la mémoire ces parties de cartes pourtant si ennuyeuses me reviennent en mémoire.

Mais cet arbre donc on prend la décision de couper, ne servira que 2 semaines pour ensuite finir soit en copeaux de bois ou au dépotoir. Pourtant cet arbre, si nous l'aurions pas coupé aurait pu avoir plusieurs années de vie devant lui ! En fait de compte ce qu'on applique à cet arbre, c'est comme une peine de mort ! Donc pour cet arbre, être un Arbre de Noël n’est sûrement pas un signe de joie et de chance !

Dans un enfer près de chez-vous.

 

Voici un texte que j'avais publié le 16 octobre 2017:

Dans un enfer près de chez-vous.

Par Sergio de Rosemont

Dans un enfer près de chez-vous.

Dans un cauchemar près de chez-vous.

Lorsque la réalité et le cauchemar se côtoient.

Le fond de ruelle derrière chez-vous est son lit.

Et le jour son quotidien est de tenté de survivre tout en buvant cette Coupe du Mépris qu'on lui force à boire.

Survivre et non pas vivre.

Même en plein jour, au soleil on le force à boire cette Coupe du Mépris.

Même le jour ca reste pour lui un enfer.

Oui l'Enfer Lumineux existe bien, souvent ces citoyens se charge de l'entretenir s'en même en avoir conscience.

Non les démons ne portent pas de cornes sur leur tête.

Les démons sont à visage humain à chaque fois qu'un citoyen lui ramène cette Coupe du Mépris devant les yeux.

Les démons sont à visage humain à chaque fois qu'un représentant de l'Ordre Établi le brutalise dans un abus de pouvoir.

Les démons sont à visage humain à chaque fois que l'un de ces citoyens feigne ne pas le voir comme s'il était invisible.

L'oubli oui l'oubli il n'y a pas pire enfer en ce monde.

Et ses larmes coulent à l'intérieur de ses entrailles comme des torrents d'acides le torturant dans son âme.

Non ses larmes ne lui couleront plus sur son visage, à quoi bon puisqu'il n'y a plus personne pour le regarder pleurer, pour le regarder dans les yeux ?

Oui hélas on a oublié qu'il était un humain lui aussi.

Dans un enfer près de chez-vous.

jeudi 23 décembre 2021

24 décembre au soir Carré Viger !

 

Voici un texte que j'avais publié il y a quelques année :

24 décembre au soir Carré Viger !

Par Sergio de Rosemont

24 décembre au soir Carré Viger,......

Sous la pluie, la neige, le verglas, la tempête ou le froid sibérien tout dépendant de l'année.

Et comme matelas la douceur de l'asphalte.

Carré Viger stationnement pour âmes brisées par le destin, écrasée par le système et broyée par les préjugés et le mépris de ces citoyens adorateurs du culte de l'individualisme.

Oui ces individualistes qui doivent signer leurs prières par un :

« Au nom du JE et du ME et du MOI, Amen ! »

Oui ce Carré Viger, refuge de ceux donc le système ne veut plus se rappeler.

Ceux que cette société aimerait bien effacer comme on efface un mauvais trait sur l'ardoise.

Oui des âmes rejetées qui continuent à ressentir pourtant des sentiments tout comme l'ensemble des citoyens.

Et hélas ces citoyens dits : « NORMAUX » oublient trop facilement que ces âmes rejetées sont tout comme eux des citoyens, des humains.

Oui des humains brisés par une trop grande sensibilité face aux épreuves du destin, ou par la maladie mentale.

« MALADIE MENTALE » deux mots que ces citoyens détestes voir ensemble.

Et lorsque ces âmes rejetées sortent de leur Carré Viger, leur refuge pour aller quémander la charité sur cette rue Ste-Catherine, alors cette musique de Noël criée par les haut-parleurs, pourtant si agréable aux autres citoyens les torture dans l'âme en leur rappelant ce qu'ils n'auront pas.

Pour leur rappeler qu'ils sont les rejetés de cette société.

Pour leur rappeler les êtres chers à leur coeur donc ils se refusent à aller voir par honte de ce qu'ils sont devenu.

Pour leur rappeler leur faire ressentir que plusieurs de ces citoyens dit « NORMAUX » aimeraient bien les voir disparaître.

Oui disparaître car pour ces citoyens dit « NORMAUX », le regard de ces âmes rejetées est comme une remise en question de leur si magnifique société.

Et ces citoyens dit « NORMAUX » détestent cette remise en question, sentant leur petit confort personnel menacé.

Et oui ils se refusent à regarder si leur petit confort n'aurait pas été érigé à quelque part sur une injustice.

Une injustice que ces âmes rejetées n'ont qu'à subir en silence sans trop déranger n'est-ce pas ?

Et ces âmes rejetées en ce 24 décembre au soir quêtant un peu de charité afin d'aller prendre un café pour se réchauffer recevront peu de voeux sincères, plusieurs voeux hypocrites et quelques injures.

Oui toi qui lis ce texte, je ressens que t'aurais envie de me dire dire que tu leur a fait la charité lors d'une Guigolée, donc que t'as fait ta part.

Ah bon !

Mais vois tu, tu serais sûrement d'accord avec moi pour dire qu'une vraie Justice Sociale serait meilleurs au goût qu'une simple charité qui permet à plusieurs citoyens de se fermer les yeux sur cette Injustice Sociale tout en se donnant bonne conscience ?

Ah tu va t'en laver les mains en me disant que les gouvernements n'ont qu'à régler le problème.

T'es pas sérieux ?

Comment ce fier aux divers gouvernements lorsque les citoyens élisent des partis droitistes au pouvoir ?

Dis-moi tu n'a pas compris que cette situation fait peut-être l'affaire de ces charognards du néolibéralistes ?

Et oui lorsqu'un individu est occupé à passer ses journées à courir après se qui lui permet de survivre et non pas vivre, il n'a alors pas de temps pour penser politique et s'en occuper; donc cela fait des adversaires de moins dans les jambes pour ces Rois Bâtards de la Rentabilité !

En passant ces âmes rejetées vous souhaitent un Joyeux Noël et une très Bonne Année.

Oui Joyeux Noël !

Elle a prié Aline !

 

Parlons de cinéma avec Francis

Elle a prié Aline !

22 décembre 2021

La petite controverse qui a entouré la sortie du long métrage Aline au Québec a piqué ma curiosité. Je n’ai pas pu résister à l’envie d’aller voir par moi-même de quoi il en retourne. Ce film de, et avec, Valérie Lemercier n’est à l’évidence pas une biographie, encore moins un documentaire, mais bien une œuvre de fiction digne du conte de fée.

Ici, je préviens les personnes qui estiment que connaître beaucoup de détails sur un film avant de le visionner gâche le plaisir. Arrêtez de lire. Vous irez voir Aline quand les salles rouvriront ; c’est un très bon divertissement. Vous pourrez revenir à votre lecture par la suite.

Ce long métrage relève en fait du conte fabuleux, mais un conte à tendance hagiographique. L’utilisation du patronyme Dieu n’aura échappé à personne. Par espièglerie, on dira dans le film Bon Dion pour Bon Dieu et nom de dion pour nom de dieu.

L’humble fille qui deviendra l’une des plus grandes stars internationales est née comme Jésus dans un lieu des plus modestes entourée de pauvreté. Comme lui, elle connaît sa fuite en Égypte : son éclipse quand elle disparaît pour apprendre l’anglais et faire refaire ses dents. Son père est effacé, et sa mère protectrice ne refuse pas d’assumer les conséquences du destin surhumain de l’élue. Les frères et sœurs font office de figurants.

L’idole connaîtra sa retraite dans le désert quand elle doit s’abstenir de parler pendant trois mois et est donc totalement absente de la scène. Puis, après son triomphe, elle connaît sa passion et son calvaire avec le décès de son mari et imprésario. Elle séjourne même au tombeau, ou dans les Enfers si on veut, dans cette séquence où elle découche chez son maquilleur, puis erre dans la ville.

Finalement, elle ressuscite dans une lumière glorieuse pour cette scène finale où elle interprète la très paradoxale et grandiloquente chanson Ordinaire de Charlebois. On a ici le symbole exact de la contradiction inhérente au statut de mégastar assumé par une personne qui n’a jamais quitté son naturel simple (dans le bon sens du terme).

Comme dans les contes, les personnages n’ont pas une grande épaisseur psychologique. Ils sont des types ou ont une fonction liée à la progression du récit. Quelques vignettes symboliques servent à ancrer la déesse dans ses origines simples, par exemple quand elle avoue à son fils qu’elle n’est pas forte en orthographe.

Sa manie de ramasser les sachets de sucre n’est qu’un clin d’œil à cette volonté constante de se rappeler d’où elle vient. La pièce de cinq cents que lui a donné son père lui sert de talisman. Les mimiques qu’elle adopte montre qu’elle n’a pas quitté sa personnalité même si elle évolue dans un monde hyperdimensionné. La star reste toujours fidèle à son monde et demeure la « petite fille » de sa mère.

Quand elle doit sortir par la fenêtre parce que sa robe de mariée est trop ample pour passer par la porte, c’est le symbole du trajet qu’elle a parcouru depuis son enfance et de la stature plus grande que nature dont elle est désormais dotée.

Les écarts par rapport à la prononciation québécoise ont été adoptés avec entrain par les actrices et acteurs du Québec. Ainsi la scène où l’on parle du grand succès d’Aline au Vôtican est une liberté prise avec le nom réel de l’État pontifical servant de tapis pour la chute où Aline dans sa naïveté se demande : « Mais, c’est où ? »

À part une ou deux petites longueurs, par exemple dans la séquence où elle cherche à faire triompher son amour pour son imprésario ou dans celle qui suit le décès de son mari (oui, oui, c’est le même que son imprésario), le rythme est bon et on ne sent pas le temps passer. Pour un film qui dure deux heures, c’est signe d’un scénario bien construit et d’un montage efficace.

Avec cet hommage sincère, souvent émouvant, parfois espiègle rendu à une vedette pour laquelle elle a une évidente affection, Valérie Lemercier nous offre, comme je le disais d’entrée de jeu, un très bon divertissement.

Francis Lagacé

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samedi 18 décembre 2021

Comment est-on billettiste ?

 

Laissons la parole à Francis.

Comment est-on billettiste ? 


16 décembre 2021

Dans les fameuses Lettres persanes de Montesquieu, l’auteur se moque de la naïveté et de l’ignorance de qui est surpris par la différence. Qui n’est pas comme soi est vu par ces personnes comme souffrant d’un défaut, ou encore comme le résultat d’un écart malsain par rapport au droit chemin. C’est ainsi qu’à la cour du Roi, on demande : « Comment est-on persan ? » dans le sens de « comment fait-on pour être persan ? »

Mais cette question naïve et bien intentionnée ne cesse de nous rattraper chaque fois qu’on est confronté à l’Autre, chaque fois qu’on oublie de se demander à soi-même, comment on est ce qu’on est.

Pour prendre mon exemple, je me suis fait demander « Comment est-on homosexuel ? » J’ai répondu : « Comment est-on hétérosexuel ? » Hélas on n’a rien compris à ma réponse, car on m’a répliqué : « Pourquoi tu ne me réponds pas ? Pourquoi tu évites la question en m’en posant une autre ? » On a encore moins compris quand j’ai ajouté : « Mais je n’ai pas évité la question, j’ai fourni la seule et unique réponse possible. »

Puis on m’a demandé comment est-on gaucher ?, comment est-on chargé de cours ?, comment est-on syndicaliste ?, comment est-on socialiste ?, comment est-on pacifiste ?, comment est-on anticapitaliste ?, comment est-on athée ?, comment est-on montréaliste ?, comment est-on doctorant en narratologie ?, comment est-on piéton ?, comment est-on éditeur ?, comment est-on littéraire ?, comment est-on retraité ?

Cependant la plus impérieuse en même temps que la plus angoissée de toutes ces questions revient de manière lancinante : « Mais comment peut-on bien faire pour vivre sans téléphone cellulaire ? »

Ces derniers temps, comme j’ai quitté la vie active pour devenir observateur, je livre, en des billets plus ou moins réguliers et selon les caprices de ma complexion, ma série d’observations. M’est ainsi inévitablement apparue la question qui coiffe ce texte. Pourquoi donc, et comment donc, suis-je billettiste ?

Plutôt que de se demander comment on est boulangère·boulanger, on pourrait chercher à savoir comment on fait du pain. L’on saurait alors qu’est boulangère·boulanger la personne qui sait faire le pain.

Je dirai donc ici du billet qu’il ne se limite pas à l’actualité comme l’y confinent imprudemment certains dictionnaires. Il est d’humeur quand il a pris sa source dans une émotion ou un sentiment, mais il est d’opinion quand il prend la peine d’exposer les faits et d’en tirer des conclusions.

On rappellera que l’opinion relève d’arguments et que :

— « je suis fâché » n’est pas une opinion, mais une émotion ;

— « le gingembre est meilleur que la cardamome » n’est pas une opinion, mais une préférence ;

— « Gabriel Nadeau-Dubois est sympathique (ou pas) » n’est pas une opinion, mais un sentiment ;

— « parce qu’il fait moins trente et que je ne veux pas que tu gèles, je te suggère de porter un manteau chaud, un bonnet, des couvre-oreilles et des gants doublés » est une opinion, en plus d’une suggestion, car elle est basée sur un fait (il fait moins trente) qui sert d’argument à un objectif (je ne veux pas que tu gèles).

Le billet est original en ce sens qu’il tire son origine motu proprio de la personne qui écrit ; il ne saurait être soufflé : « Tiens, fais-moi un billet là-dessus. » À la différence de l’article que l’on peut commander sur un sujet à une personne qui a de la compétence dans ledit domaine, le billet n’est pas sollicité. Il émerge on ne sait trop comment pour la personne qui lit et peut-être en est-il souvent de même pour la personne qui le produit, car c’est désormais connu, la majeure partie de notre réflexion procède de manière inconsciente. On ne peut donc pas demander à un·e billettiste : « Faites-nous d’autres lettres persanes ! », comme ces messieurs·dames de la cour en priaient instamment le bon Montesquieu.

Le billet peut être spontané, mais il est toujours plus savoureux quand il a longuement mijoté. Seule la cuisinière, le cuisinier, a le don de porter la cuillère de bois aux lèvres pour savoir quand la sauce a atteint le bon assaisonnement ainsi que l’onctuosité voulue.

Le billet peut être bref. En ce cas son efficacité repose sur sa densité, sa concentration, son ciblage précis. S’il est long, il répond à un impératif explicatif ou illustratif. S’il est primesautier, il emmène le·la destinataire sur des rivages variés où se nourrira son expérience. S’il est léger, il offre un divertissement destiné à faciliter les constats. Quand il est sérieux, parfois lourd, il ouvre sur une question éthique digne de méditation et d’engagement.

Lorsque le billet est didactique, il prend la lectrice ou le lecteur par la main pour l’amener vers certaines connaissances dont on pourra ensuite disserter, à partir desquelles différentes opinions pourront émerger. S’il est satirique, il se permet tous les coups qu’autorisent les ressources littéraires. Quand il est polémique, il sait qu’il s’adresse à des adversaires et prévoit en général les parades à leurs contre-arguments. Il peut être facétieux et considérer la lectrice, le lecteur, comme partenaire de jeu.

Le billet philosophique réfléchit à voix haute avec l’aide d’illustres personnes contemporaines, ou plus anciennes qui ont précédé l’auteur·e dans des sentiers plus ou moins balisés. Acoquiné avec l’essai, il peut être curieux, espiègle, inquisiteur, raisonneur, logique, analogique, descriptif, allusif, émouvant… Possiblement il n’aboutira pas, car la fin d’un essai est toujours le début d’un autre.

Qu’avons-nous appris jusqu’ici ?

Je vois quelqu’un dans le fond qui lève la main.

— J’ai retenu que, si je te demande un billet sur un sujet, tu vas écrire autre chose.

Tu as tout compris, Richard !

Francis Lagacé

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vendredi 10 décembre 2021

Lorsque des souvenirs qu’on avait oubliés refont surface.

 

Je vous parle de mon passé

Lorsque des souvenirs qu’on avait oubliés refont surface.

Par Sergio de Rosemont

Voilà sûrement vous vous demandez sûrement pourquoi j’ai décidé de partager cette photo de la revue "Je Crois", une revue de droite religieuse.

C’est que certains événements évènements récents m’ont fait remonter à la surface des souvenirs anciens que j’avais oubliés.

En 1976 alors que j’avais 18 ans, alors que je me demandais qu’est-ce que je pourrais faire, apprendre comme métier.

La sœur de ma mère qui était religieuse et même "Mère supérieure" de sa communauté, me fit inscrire à l’imprimerie qui imprimait à l’époque la revue "Je Crois" qui était située à Beauport en banlieue de la ville de Québec.

Et oui cette imprimerie était une entreprise école.

J’ignore si cette imprimerie existe encore et si cette revue "Je Crois" fait toujours imprimer ses revues à cet endroit.

À cette époque les éditions "Je Crois" avaient leur bureaux dans le même édifice que cette imprimerie.

Voilà j’y avais été engagé pour un stage de quelques mois.

Le deal était que j’y travaillait 5 jours semaine recevant un petit montant hebdomadaire et un dîner par journée de travail et en échange on devait m’y apprendre un métier en rapport avec le domaine de l’imprimerie, dans mon cas c’était celui d’imprimeur qui m’intéressait.

Par la suite, un coup ce stage terminé, on devait me donner un certificat confirmant que j’y avais appris le métier d’imprimeur aux éditions "Je Crois".

Ce stage était divisé en 2 périodes.

Personnellement je découvrais l’univers de l’imprimerie et je désirais devenir imprimeur.

Pendant la première moitié de mon stage, j’y prenais ce qu’est le monde de l’imprimerie.

Et à la seconde moitié de mon stage, je devais y apprendre le métier qui m’intéressait soit celui d’imprimeur.

Mais voilà vers la fin de la première partie de mon stage, on me fit venir au bureau du contremaître pour m’y annoncer que je devais oublier mon rêve de devenir imprimeur et que mon stage devait se terminer là.

Pour cela on me servi l’excuse que je souffrais du trouble du (double réflexe), en d’autre mots que supposément je répétais chacun de mes gestes.

J’avais compris sur le coup que le double réflexe, n’était en fin de compte qu’une excuse pour se débarrasser de moi.

Disons qu’à leurs yeux je n’étais pas assez chrétien, assez croyant pour être un bon imprimeur, ne suivant pas assez certaines règles religieuses (non inscrite) comme celle de participer à la bénédicité (le petite prière à réciter avant chaque repas) et celle d’aller à la confesse.

Et oui, la confesse, je me rappelle un après-midi alors que j’étais occupé à travailler sur une guillotine (presse servant à couper le papier), qu’on me fit venir à un bureau situé dans le même édifice que la salle à manger où un prêtre m’y attendait pour me demander de me confesser.

Et non je n’étais pas assez addict à leur "Petit Jésus" pour avoir le droit d’être imprimeur pour eux !

Pourquoi j’ai écrit ce texte ?

Pour dénoncer une discrimination religieuse et voir si d’autres y auraient subi la même situation et aussi pour tourner la page sur ce très mauvais souvenir.

mardi 30 novembre 2021

L'Âme de l'arbre mort.

 

Ma plus récente oeuvre en pyrogravure.

L'Âme de l'arbre mort.

Par Sergio de Rosemont

Photos prise le 23 novembre 2021

Société de consommation, société de violence

 



Parlons de consommation et de violence avec Francis.

Société de consommation, société de violence

29 novembre 2021

Les personnes de ma connaissance qui travaillent dans le commerce ont remarqué, depuis la pandémie, une accélération d’un phénomène déjà notable auparavant : celui de la violence de plus en plus grande des interpellations et réactions des client·e·s. On voit partout affiché tant dans les services publics que dans les établissements commerciaux : « Nous traitons tout le monde équitablement ; la violence ne sera pas tolérée. »

La frustration étant de plus en plus grande, les débordements s’en suivent.

Ce n’est pas par hasard que j’ai inclus les services publics dans le lot des commerces. Depuis longtemps déjà, le public a adopté la fameuse « approche client », qui déshumanise tous les rapports et transforme la relation avec les usagers en « prestation de services », assimilant ainsi toute interaction à une transaction commerciale.

Dans le commerce même, on est passé de « Le client est roi » à « Le client n’est qu’un cochon de payant, qui veut avoir l’impression de payer moins cher. » On en arrive donc à une série d’opérations de laquelle toute préoccupation de qualité véritable, sauf celle qui se mesure, donc qui n’est pas de la qualité, est absolument évacuée.

La frustration est grande chez les malheureux client·e·s qui n’ont jamais affaire à qui que ce soit de responsable et qui reçoivent toujours comme réponse qu’il faut effectuer un acte consommatoire supplémentaire.

Nombre d’entreprises commerciales se prennent pour des forteresses inexpugnables à laquelle il est impossible de s’adresser par courriel, après avoir attendu des heures au téléphone pour aboutir sur une pauvre préposée dénuée de tout pouvoir sur les activités de la compagnie. C’est cette dernière personne sur qui, hélas, se déverse la rage des chaland·e·s exaspéré·e·s par la nonchalance absolue des magasins, banques, assurances, compagnies de crédit et autres agences de communication, y compris certains ministères, dont l’entreprise privée est le modèle.

Quand ces officines vous envoient des réponses qui prouvent à l’évidence qu’elles ne lisent même pas votre courrier (par exemple quand on se fait dire « Merci pour le renouvellement de votre confiance », alors qu’on sollicite la résiliation d’un contrat), il faut être bâti drôlement solide pour arriver à trouver la patience de dénicher dans le dédale des chausse-trapes qu’on dresse devant nous la bonne porte où frapper. J’ai souvent dû fouiller dans le registre des entreprises pour identifier des propriétaires d’entreprises à qui remettre sous le nez leurs responsabilités.

L’immense majorité résignée finit par endurer et laisser filer jusqu’à ce qu’un plomb saute. C’est alors le quidam qui est considéré comme une personne incapable de maîtriser sa colère, comme les travailleuses et travailleurs rendu·e·s cinglé·e·s par leurs conditions de travail sont diagnostiqué·e·s sous l’étiquette accusatrice de « troubles de l’adaptation ».

Notre société de consommation est productrice de violence, mais on s’attaque encore au symptôme, la détresse des individus, plutôt qu’à la cause : l’irresponsabilité des entreprises et de leurs procédures.

De nombreuses solutions sont à notre portée. On pourrait commencer par exiger que toute entreprise indique sur son site web l’adresse postale, téléphonique et électronique de son siège social avec le nom des personnes ultimement en charge (pdg, secrétariat, service à la clientèle, ombudsman le cas échéant). Cette pratique existe en France.

On pourrait aussi exiger que les entreprises assurent une réponse par une personne réelle, non un robot ou un algorithme aux courriels, appels téléphoniques et lettres.

On devrait d’ailleurs redonner des dents à l’Office de la protection du consommateur, lequel est devenu un toutou qui se cache sous le canapé pour lécher les pantoufles du commerçant.

Pour ce qui est des services gouvernementaux, une réforme importante, dont la description demanderait beaucoup plus d’espace que n’en peut offrir un billet, devra replacer la citoyenne·le citoyen et l’humanisme au cœur de toute démarche, qu’on cesse de traiter des cas, mais qu’on interagisse avec des personnes.

Francis Lagacé

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mercredi 24 novembre 2021

La meilleure partie de vous

 

Laissons la parole à Francis

La meilleure partie de vous

23 novembre 2021

Moi, c’est votre plus bel organe qui m’intéresse. C’est celui qui est le plus facile à exciter. Vous ne pouvez voir le mien comme je ne peux examiner le vôtre mais quand je le sais au travail, rien ne me satisfait davantage. Sans lui, vous ne seriez pas là, à me lire. De toutes les fonctions, les siennes sont les plus intéressantes ; celle du plaisir n’est pas la moindre.

Ce serait dangereux de le toucher, même si derrière son enveloppe, on voudrait observer son fonctionnement.

Les comparaisons enfantines comme « Le mien est plus gros que le tien » n’ont nullement leur place ici. Ce qui compte, c’est l’habileté avec laquelle chacun se sert du sien. Le plus tôt nous avons appris à utiliser le nôtre, les plus fortunés nous sommes. Qu’il soit jeune ou vieux, sollicitez-le fréquemment. Il a aussi besoin d’exercices réguliers.

Les personnes qui refusent de nous faire partager ses bienfaits sont de celles qui privent les autres comme elles-mêmes de richesses et de joies inestimables.

Chaque organe a ses avantages. Ceux du foie sont indispensables, ceux du cœur irremplaçables, mais les siens ajoutent un sens aux leurs.

Oui, il est parfois dommage que nous ne puissions le contempler à l’ouvrage. Voir y arriver le sang, source d’oxygène et de vie ; l’admirer transmettre des impulsions électriques partout, assister au déclic qu’il produit soudainement…

Vous avez votre idée sur la meilleure façon de profiter du vôtre, mais surtout ne vous gênez pas pour varier ses activités. Sa liberté, c’est la vôtre. Mettez-vous en contact avec celui des autres. Allez-y, montrez-leur ce que vous savez faire ! Oralement, ou autrement, faites connaître vos découvertes et idées.

Votre plus bel organe, personne ne doit vous empêcher de vous en servir le plus souvent possible, des manières les plus diverses et les plus originales. Il est celui sans lequel la beauté n’existe pas ; c’est celui qui enrichit votre vie et celle des autres ; c’est le seul à connaître tous les sens sans être lui-même sensible. Il a toujours besoin d’oxygène même s’il n’est pas à l’air libre ; il se nourrit de sucres même quand il les trouve dans des nourritures salées ; c’est celui qui fait de vous ce que vous êtes. Il est cause et raison de vos études comme des miennes. Il me restera invisible : je ne suis pas chirurgien et je ne vous souhaite aucun problème de santé ; mais c’est vrai, rien n’est plus beau qu’un cerveau en pleine action.

Ce billet a d’abord servi de texte d’illustration pour l’emploi et l’analyse des pronoms possessifs et démonstratifs dans mon Manuel d’exercices pour une analyse grammaticale accessible paru aux éditions du Méridien, « Cursus universitaire », en l’année 2000.

Francis Lagacé

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Communiquons

 

Parlons de communication avec Francis

Communiquons

19 novembre 2021

C’est à 18 heures 45 que Marie-Ève rentre fourbue du bureau. Elle y a passé la dernière heure à tout nettoyer, covid oblige. Aux bruits de son arrivée, François-Philippe lève les yeux de son ordinateur et la gratifie de signes impérieux ; elle doit faire silence, il est encore en réunion de télétravail.

En ouvrant le frigo, la conjointe constate qu’évidemment, le conjoint n’a rien acheté pour le repas du soir, même s’il avait promis de passer à l’épicerie en après-midi. Déboule tout à coup dans la pièce Sophie-Alice, l’ado surexcitée, qui démolit presque le congélateur à la recherche de pizzas pochettes apparemment évadées vers un autre univers.

Cette dernière marmonne des formules mystérieuses et incompréhensibles pour qui a plus de 30 ans pendant que Marie-Ève pitonne son cellulaire, histoire de commander trois repas cuisinés en s’inspirant de ceux qui avaient été achetés la veille à la suite de trois quarts d’heure de discussion sur leur forme et leur composition.

L’ado regagne sa chambre sans parler, mais en faisant comme si ses pieds pesaient deux tonnes. François-Philippe ferme violemment la porte de la chambre conjugale où il s’est réfugié avec le laptop, et Marie-Ève s’affale sur le canapé pour consulter ses derniers messages.

Une heure et demie plus tard, quand ça sonne à la porte, c’est évidemment Marie-Ève qui doit quitter son canapé, téléphone à la main pour recevoir la livraison, qu’elle dépose sur la table de cuisine en soupirant. Un cri semblable à ceux qui devaient résonner autrefois quand le chasseur avait abattu un mammouth fait vibrer la maison pour prévenir les deux autres membres du clan que la pitance est arrivée.

François-Philippe se réjouit, car il vient de mettre fin abruptement à son rôle dans l’interminable réunion. Il se précipite sur sa chaise et déballe la bouffe tout en allumant le téléphone qui sort lestement de sa poche où il avait dû se tapir depuis le début de l’après-midi. Marie-Ève mange debout tout en pitonnant frénétiquement alors qu’émerge d’un coin obscur une Sophie-Alice vite renversée par une attaque de la table, le cellulaire bloquant la plus grande partie de son champ de vision. Elle reste assise sur le plancher de la cuisine, et son père fait glisser vers elle la boîte restante.

On pourrait intituler ce tableau Portrait d’une agape familiale.

Francis Lagacé

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vendredi 5 novembre 2021

Cette tribu numérique

 

Ma plus récente toile en 3 d





Cette tribu numérique

Par Sergio de Rosemont

Parfois quand j’observe l’interaction de notre société avec le numérique.

Quand j’observe les "Gourous" du numérique que ce soit dans le domaine du commerce en ligne, des médias, de la finance, des gouvernements ou autre.

Comme s’ils voulaient imposer, enfoncer dans notre esprit leur perception de ce que devrait être la réalité, la vérité pour eux.

Et quand je regarde comment plusieurs prennent ce que ces "Gourous" diffusent comme s’il s’agissait d’une vérité suprême.

Comme si la pensée critique serait en sommeil.

Comme si cette puissance du numérique en deviendrait comme une religion.

Une méga tribu planétaire n’écoutant que ses "Gourous".

Qui sait si ces "Gourous" voudront décider ce à quoi nous devons croire ?

Qui sait si ces "Gourous" voudront décider ce que nous devons aimer ou haïr ?

Qui sait si ces "Gourous" voudront décider ce que nous devons penser et décider ?

Qui sait si ces "Gourous" voudront décider ce qu’ils voudront insérer dans notre esprit ?

Qui sait si un jour aux yeux de ces "Gourous" si nous ne serons pas perçus que comme des clefs USB biologiques sur lesquelles ils peuvent y insérer ce qu’ils désirent.

Si nous ne prenons pas garde, qui sait ce que l’avenir pourrait nous réserver !

Ça arrive aux hommes

 

Parlons d’abus sexuel et d’abus de pouvoir avec Francis.

Ça arrive aux hommes

5 novembre 2021

En 1997, le sociologue Michel Dorais publiait un essai intitulé Ça arrive aussi aux garçons. Dans cet ouvrage, il étudiait les impacts des abus sexuels subis par les jeunes de sexe masculin. Au vu de l’affaire Salvail et d’autres cas qui ont été révélés par la suite, le public sait maintenant que ça arrive également à des hommes. Et si je reprends ici ce titre, c’est pour bien marquer que nul n’est à l’abri de ce phénomène qui, comme je le dis depuis toujours, est d’abord, et avant même d’être un abus sexuel, un abus de pouvoir. (Voir à ce sujet le billet en même temps lettre ouverte du 27 janvier 2018 Des hommes appuient #EtMaintenant.)

Le hockeyeur Kyle Beach a révélé avoir été, il y a de cela 10 ans, victime d’une agression sexuelle par son entraîneur vidéo, Brad Aldrich. Torturé par la honte et la culpabilité que ne manque pas de transférer sur lui son abuseur, se sentant abandonné de tous, il n’avait pas osé en parler publiquement. Pourtant, il s’était plaint à la direction de l’équipe de hockey. Celle-ci n’a rien fait pour sanctionner le prédateur ni pour éviter qu’une telle situation se reproduise. Elle a préféré regarder ailleurs.

On raconte même que des rumeurs ont circulé dans les vestiaires sur la victime et qu’on en rigolait plutôt que de faire preuve de compassion. C’est une illustration flagrante de la culture de masculinité toxique qui valorise la domination plutôt que l’empathie.

Il importe de comprendre que ni la force physique, ni l’assurance personnelle, ni aucun comportement spécial de la victime ne la protègent vraiment, car les abuseurs manipulent, se servent de leur autorité, de leur rôle dans la famille, de leur statut social, de leur notoriété, de leur popularité, de leur richesse, de leur influence, de tous les moyens à leur disposition pour arriver à leurs fins.

Si on arrive à comprendre qu’un homme peut être la proie de tels abuseurs, on devrait enfin se rendre compte qu’il faut arrêter de blâmer les victimes. Comprendra-t-on qu’il faut cesser de dire aux femmes comment s’habiller ou se comporter, qu’il faut cesser de leur suggérer quoi dire ou quoi faire alors que le problème réside chez l’abuseur ?

Maintenant qu’un joueur de hockey professionnel a osé parler, a ouvert la trappe du côté sombre de ce monde pas toujours glorieux, on peut s’attendre à ce que d’autres sportifs, que ce soit dans ce sport-là ou dans les autres, révèlent ces secrets inavouables, car les jeux de pouvoir qui s’y exercent aboutissent aussi aux abus sexuels.

Je suis prêt à parier qu’il y a de nombreux autres cas ; il est moins certain qu’on osera les dénoncer, mais en tout cas, la brèche est ouverte.

Francis Lagacé

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mardi 2 novembre 2021

Retrouvez votre sens

 

Francis nous parle de sens

Retrouvez votre sens

26 octobre 2021

Quand une personne perdait contact avec la réalité, autrefois on lui disait : « Reprenez vos sens ». Les vieux de mon entourage, y compris mon paternel, prononçaient d’ailleurs [sã] (prononcé comme « san »). Le sens, les sens, sont essentiels aux liens avec ce qui nous entoure.

La même injonction était aussi adressée à une personne qui perdait tout bon sens. Et encore une fois, les bonnes vieilles personnes prononçaient aussi [sã]. Vous avez peut-être déjà entendu l’expression Ça n’a pas de bon sens vocalisée de cette façon-là.

C’est en tout cas à ce sens-ci que je fais appel pour vous livrer un plaidoyer en faveur de la sémantique, cette mal-aimée des discours public et politique.

Souvent, des personnalités publiques, des personnes appelées pour leur expertise, des journalistes et même des savant·e·s déclarent : « On ne perdra pas notre temps avec un débat sémantique, l’important, c’est d’agir. » Ou encore « Ce n’est qu’une question de sémantique. » Autrement dit, ça n’a pas beaucoup d’importance. Et tout le monde, hélas, d’applaudir.

Je dis hélas parce que cela revient à dire : « On ne s’embarrassera pas du sens (donc du fond), ce qui compte, c’est d’agir sur la forme. »

Or, le sens est ce qui importe le plus pour les êtres humains.

Bien que le sens soit une chose qui n’existe pas dans l’univers en dehors de lui, pour l’homo sapiens, c’est justement ce qui oriente son agir. C’est probablement ce qui nous distingue le mieux des autres animaux.

Le sens nous obsède, nous le cherchons en toute chose, nous le créons au besoin. Le sens traverse la littérature, la politique et même la science quand nous nous attardons à trouver la causalité, ce qui nous permet de reproduire ce qui paraît désirable et d’éviter ce qui semble indésirable. Nous choisissons le sens et nous nous en donnons.

Noam Chomsky, père de la grammaire syntaxique, dite un temps générative et transformationnelle, laquelle n’est plus du tout transformationnelle depuis les années 80 et de moins en moins générative puisque surtout descriptive, a beaucoup œuvré pour disqualifier la sémantique en la considérant comme un sous-domaine du lexique, domaine qu’il traitait comme quantité négligeable.

Cette absurdité a nourri quantité de linguistes désinvoltes devant la sémantique, cette matière qui affecte la phonologie, la prosodie, le lexique et la syntaxe, autrement dit, qui n’est pas du tout un sous-domaine, mais un sur-domaine.

Confondre le lexique et la sémantique conduit à s’imaginer qu’établir le champ lexical d’un discours revient à établir sa carte sémantique. C’est ce qui a permis à un journaliste de me déclarer un jour qu’un certain groupuscule, avec lequel je n’avais absolument rien à voir, était du même côté que le Conseil central du Montréal métropolitain de la CSN, dont j’étais alors deuxième vice-président, au prétexte qu’il employait les mêmes mots.

Il avait tout faux, sauf sur le fait que le groupuscule employait les mêmes mots, ce qui signifie simplement qu’il parlait du même sujet, mais le faisait n’importe comment.

Dans cette vision simpliste, on croit qu’une personne qui affirme : « Je n’aime pas les gens qui aiment la tarte à la citrouille » pense comme celle qui déclare : « Je n’aime pas les gens qui n’aiment pas la tarte à la citrouille » puisque leurs énoncés ont exactement le même champ lexical : aimer, citrouille , gens, je, ne pas, qui, tarte (et encore certains n’incluent que les substantifs, adjectifs et verbes dans l’établissement du champ lexical).

Le champ lexical permet de déterminer la question dont on parle. La carte sémantique, qui permet de connaître le sens des interventions, nécessite en plus la connaissance de l’emploi des opérateurs du discours (modalités exprimées par certains modes verbaux, par les adverbes et marqueurs de discours, etc.), des différents relateurs (en gros ce qu’on appelait autrefois les relatifs, les conjonctions et prépositions) et de leur ordre ainsi que des formes de thématisation (ce qui est placé en position d’importance et ce qui est relégué en position accessoire).

C’est à cause de cette confusion et aussi de l’ignorance de la linguistique diachronique que j’ai pu lire dans un article au début des années 80 une sottise profonde comme : « Il faudra réviser les règles concernant la formation des diminutifs, car on ne peut pas dire qu’une tablette est une petite table. »

Justement si ! Une tablette était une petite table au moment où le terme a été dérivé. Une table a d’abord signifié une planche et même un plan de travail, et une tablette est, comme une table, une petite planche, ou un petit plan, pour y déposer des affaires. Le mot est apparu au XIIIe siècle, pas en 1982, a-t-on envie de répondre aux auteurs étourdis de ce papier. Voilà ce qui arrive quand on perd le sens et l’histoire pour ne s’arrêter qu’à l’immédiateté.

Il faudrait un long traité pour expliquer en quoi ce mépris pour le sens a fourvoyé la linguistique ; je n’en ai ici ni le temps ni l’espace.

Pour en revenir à la malheureuse sémantique dans le discours hégémonique, on écrase les débats sans état d’âme en écartant comme impertinent ce qui, justement, est le cœur et le fond de l’affaire : la signification.

Chaque fois que j’entends « On ne fera pas un débat sémantique », je rage et je dis qu’au contraire, c’est exactement ce qu’il faut faire si on veut retrouver le sens et s’attaquer au vrai problème.

Quand, par exemple, on vous dit que la question du racisme systémique n’est qu’une querelle de mots, rien qu’un débat sémantique, on essaie de vous faire croire que ne pas s’entendre sur le sens est accessoire. Ce n’est pas du tout une querelle de mots. C’est bel et bien un débat sémantique, car le concept de racisme systémique est l’outil qui permet de comprendre comment des personnes qui n’ont aucune mauvaise intention agissent de manière inappropriée, comment un individu peut être discriminé même quand personne n’a commis de geste raciste ni prononcé de phrase raciste, parce que la victime n’entre pas dans la bonne case.

On ne peut pas corriger le racisme sans corriger les structures, l’organisation, les façons de faire. Si on se contente de chercher les méchants individus qui agissent mal, on ne s’attaque pas à la cause du problème. C’est, dans le cas qui nous occupe, par le refus de la sémantique que l’on confond la responsabilité sociale avec la responsabilité individuelle.

Ne vous laissez pas dérouter par une personne qui prétend savoir mieux que vous et qui cherche à écarter vos arguments en affirmant que « ce n’est que de la sémantique ». Si c’est une question de sémantique, c’est donc important. Le savent celleux qui ne sacrifient pas le fond à la forme.

Francis Lagacé

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jeudi 14 octobre 2021

Le piège du pardon catholique

 

Parlons de l’Église catholique et de son pardon.

Le piège du pardon catholique

14 octobre 2021

On a appris en septembre dernier, grâce à une enquête indépendante, l’ampleur des abus sexuels commis au sein de l’Église catholique française. Après des révélations semblables dans la plupart des clergés catholiques des pays occidentaux, ce qui étonne encore, c’est qu’on en soit surpris. Tout le monde aurait dû s’y attendre.

Les autorités, qui ont pourtant sciemment caché ces ignominies depuis toujours, n’ont rien trouvé de mieux à faire que d’alléguer leur ignorance et de demander pardon.

Depuis mon enfance, j’ai toujours été révolté par l’odieux chantage au pardon auquel se livrait sans vergogne la curaille, profondément horrifié que j’étais par l’épouvantable violence avec laquelle on tentait de nous l’extorquer alors que c’était censément un acte librement consenti.

Je trouvais absolument illogiques les termes absurdes et insensés sous lesquels on nous le représentait, comme une grâce qui rendait le cœur léger au coupable, laissant la victime confuse et troublée par une culpabilité inversée.

Le pardon tel qu’il est conçu dans la mentalité catholique étant une véritable escroquerie, je me livre ici à la déconstruction du piège qu’il constitue et j’en profite pour énumérer les conditions auxquelles un pardon est possible.

La rumeur populaire catholique nous enseigne pourtant que le pardon est sans condition. Il ne souffrirait d’aucun mais. Naturellement, comme dans la plupart des prétentions catholiques à l’égard de nos sentiments et comportements, c’est exactement le contraire qu’il faut retenir. Il ne peut y avoir de pardon sans condition et les mais y sont essentiels.

La première de ces conditions est que la victime doit avoir envie de pardonner. Rien au monde n’oblige qui que ce soit à pardonner quoi que ce soit. Se contraindre à pardonner ne serait qu’ajouter une douleur à la douleur subie. Se passer de pardonner quand on n’en a pas envie ajoute au calme de savoir qu’on n’est pas dans le tort.

Ensuite il faut que le bourreau avoue sa faute. Un pardon accordé à un coupable qui se prétend innocent ne sert de rien. Il est une parole inutile et inopérante.

Puis, il est nécessaire que le coupable demande ce pardon. Ce n’est pas tout d’avouer sa faute, il faut en demander pardon si on espère que la victime se réconcilie avec soi. Encore une fois, un pardon accordé à qui ne l’a pas demandé est un acte d’une totale insignifiance.

La contradictoire et menteuse Église catholique elle-même exige qu’il y ait aveu de la faute et demande de pardon, en plus de la pénitence, pour accorder son pardon. Ce sont là trois conditions qu’elle impose, et après elle prétend que le pardon est sans condition ? Quand ça fait son affaire, oui !

Il faut aussi que le bourreau mérite ce pardon. Il n’est pas possible de pardonner à qui se fout totalement d’avoir blessé autrui. Il est donc tout à fait normal qu’il y ait réparation de la faute. Cela variera selon l’entente que la personne pardonneuse aura avec la personne pardonnée. Que ce soit argent, travaux, dons en nature, activités bénévoles, la volonté de se faire pardonner doit se manifester par un engagement qui montre la participation à une forme de dédommagement.

Les sbires du catholicisme nous répètent souvent que s’il n’y a pas oubli, il n’y a pas pardon. Espérer faire avaler une si grosse couleuvre à ses fidèles est bien le fait d’une institution infiniment effrontée comme l’Église catholique.

Le pardon est le contraire de l’oubli. Si on oublie la chose pardonnée, alors il n’y a plus rien à pardonner et le pardon est inutile. S’il y a pardon, il doit nécessairement y avoir souvenir constant de la faute afin que le pardon soit véridique et opératoire. Comme toujours, il faut retenir l’inverse de ce qui est prêché par l’Église : le souvenir est une condition sine qua none du pardon.

Il ne s’agit pas de rappeler sans cesse à la personne coupable qu’elle a été pardonnée, mais il est essentiel pour la personne qui pardonne de garder en mémoire ce qu’elle a pardonné et comment cela est arrivé afin d’éviter de se mettre en état de vulnérabilité dans le cas où une situation semblable se produirait. Elle pourra ainsi se protéger pour ne pas être victime à nouveau. On doit apprendre de ses erreurs. En conclusion, quand il y a oubli, il n’y a pas de pardon et, quand il y a pardon, il n’y a pas d’oubli.

La sixième condition est que la demande de pardon soit sincère. Si on observe que la demande était fausse, que la personne pardonnée se fiche totalement de la générosité de sa victime et démontre par ses paroles et agissements ultérieurs qu’elle cherchait uniquement à se décharger de sa culpabilité sur la victime, eh bien le pardon est alors nul et non avenu.

Cela va une nouvelle fois contre l’illusion catholique selon laquelle le pardon est irrévocable et éternel. Hélas, rien n’est éternel dans l’univers, pas même l’éternité, laquelle disparaîtra en même temps que le temps. Une demande insincère conduit par conséquent à un pardon invalide et donc retiré.

Septième condition, le pardon ne peut s’appliquer qu’à une faute précise et passée. Par exemple, on peut pardonner une première offense, mais en aucune façon cela ne garantit que l’on pardonnera une autre faute. Il est bon d’en aviser le bénéficiaire du pardon pour qu’il ne croie pas que pardonner une chose signifie pardonner toute autre chose. Il doit aussi savoir que le pardon ne concerne que le passé, jamais l’avenir.

Un pardon qui ouvrirait sur l’avenir n’est qu’un marché de dupe grâce auquel la victime s’offre bénévolement pour être la récipiendaire perpétuelle des exactions du bourreau sans aucune rémission.

Huitième et dernière condition, qui dépend de la précédente, il faut que le coupable s’engage à ne plus recommencer. Ce n’est pas parce qu’on aurait pardonné une faute la première fois, qu’on est obligé de pardonner la même faute une autre fois. Une personne coupable qui se réserve la possibilité de reproduire son crime ne mérite aucune pitié. Pardonner une fois ne signifiera jamais pardonner une deuxième fois.

Au final, la victime est seule juge de ce que les termes de l’aveu, de la demande et de la réparation lui conviennent puisque c’est elle qui octroie le pardon.

Mais, même lorsque chacune de ces huit conditions est respectée, il importe de savoir que le fait de pardonner n’est qu’un geste de générosité de la part de la victime pour soulager la conscience de la personne coupable.

Contrairement à ce que les grenouilles de bénitier nous serinent, le pardon n’aide pas à vivre. Il ne soulage pas la douleur et son absence ne signifie pas nécessairement qu’on entretient de la haine. Ça signifie simplement qu’on estime qu’il n’est ni nécessaire ni mérité. Le pardon ne réduit en rien la blessure ; il n’assure aucune guérison ni aucune sérénité.

Puisque le pardon ne soulage que la personne coupable, la meilleure utilisation que peut en faire une victime, c’est de l’appliquer à elle-même. Mais quelle faute a-t-elle donc commise pour devoir se pardonner ? C’est un phénomène bien connu, les victimes se sentent coupables d’avoir été lésées, et c’est cela leur faute, non pas d’avoir été abusées, mais bien de prendre sur elles la culpabilité des agresseurs. Cette culpabilité les tourmente, et c’est en se pardonnant qu’elles s’en délivrent.

La victime doit donc se rendre compte de ce phénomène afin de se pardonner à elle-même de ce sentiment intolérable qui lui a été transféré par le vrai coupable. C’est pourquoi pardonner le bourreau, loin d’être indiqué, risque au contraire de retarder la guérison de la victime.

Afin de se pardonner à soi-même, comme pour le pardon envers les autres, les huit mêmes conditions s’appliquent.

D’abord, vous devez avoir envie de vous pardonner. Si vous estimez que vous méritez le sort qu’on vous a fait subir, vous n’aurez pas envie de vous pardonner. Le seul tort que vous avez est de croire que vous avez mal agi ou que vous méritez ce qui vous est arrivé. Il faut se défaire de cette charge.

Vous devez donc vous demander sincèrement pardon à vous-même (troisième et sixième conditions). Pour mériter ce pardon que vous vous demandez, pour réparer le tort que vous vous êtes fait, prenez le temps de vous accorder une récompense, ce sera la réciproque de la pénitence. Faites-vous un plaisir de la vie auquel vous n’aviez pas encore eu accès, que ce soit de petites vacances, une sortie inhabituelle, un apostat de la secte qui vous a trahi, un changement dans vos habitudes ou simplement de bannir de votre vie certaines choses ou personnes qui vous insupportent.

Vous ne devez pas oublier que vous avez dû vous pardonner. Si jamais une situation semblable à la précédente se reproduit, vous pourrez être sur vos gardes et, dans tous les cas, vous rappeler que puisque que l’agression ne relève pas de vous, vous n’êtes pas à blâmer.

Comme ce pardon ne s’applique qu’au passé, vous devez vous rappeler de ne pas à nouveau sombrer dans l’autoculpabilisation si jamais vous deviez être à nouveau victime. Vous savez que vous aurez peut-être à vous pardonner à nouveau.

À ces conditions, une victime qui s’est pardonnée peut retrouver la sérénité et transférer pour de bon la culpabilité au bourreau. Le reste est affaire de choix personnel.

C’est pourquoi ma recommandation à toutes les victimes est de répondre ceci aux abuseurs : ni oubli, ni pardon.

Francis Lagacé

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Ma ville est cancéreuse.

 

Mon plus récent poème sur une réalité qui nous afflige tous :



Ma ville est cancéreuse.

Par Sergio de Rosemont

Oui Montréal que j’ai choisi pour y vivre est cancéreuse.

Le cancer qui la ronge se nomme Gentrification.

Un cancer donc les symptômes font que les logements à des prix correspondants à la capacité de payer des locataires se font de plus en plus rares.

Des symptômes faisant en sorte que l’on peut observer une explosion de l’augmentation des cas d’itinérance, et cela même dans des quartiers où il y avait peu de cas d’itinérance.

Un cancer qui aussi tue l’âme de nos quartiers.

Et oui nous éprouvons de plus en plus de difficulté à reconnaître nos quartiers.

Un cancer qui fait que l’on se sent de moins en moins chez-nous dans nos quartiers.

Un cancer qui fait que l’on se sent de plus en plus étrangers dans nos quartiers.

Un cancer qui créé des situations qui s’attaquent à la dignité des gens.

Je n’ai qu’à penser à ce dimanche 10 octobre 2021 alors que je marchais au centre-ville de Montréal pour me rendre à une vigile, j’aperçu un homme qui me semblait être dans les 70 ans déchirant un sac à ordure derrière un restaurant dans la ruelle espérant y trouver de quoi se nourrir.

Qui sait fort probablement que cet homme avait travaillé dur toute sa vie.

Comme je déteste ce cancer qui gruge nos villes !

Comme je déteste cette gentrification qui gruge nos villes !

jeudi 7 octobre 2021

Oui bien sûr Denis Coderre était compétent pour

 

Regardons ensemble les compétences de Denis Coderre si vous le permettez:

Oui bien sûr Denis Coderre était compétent pour

Par Sergio de Rosemont

Oui bien sûr Denis Coderre était compétent en 2004 alors qu’il était ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration pour être complice d’un coup d’état à Haïti.

Oui bien sûr Denis Coderre était compétent pour son méga fiasco du grand prix électrique où les citoyens d’un quartier ne pouvaient plus circuler librement dans leur propre quartier.

Le Grand Prix de F.E. de Montréal (Formule électrique), le seul Grand Prix de F.E. où c'est les contribuables qui ont dû payer et où les résidents du secteur du circuit ont été enclavés.

Oui bien sûr Denis Coderre était compétent en 2017 pour l’abattage d’arbres au parc Jean Drapeau de l’île Ste-Hélène pour l’aménagement d’un «amphithéâtre naturel» à l’endroit où se tiennent les festivals Osheaga et Heavy MTL.des, tout en dérangeant les animaux sauvages vivants tout proche, destruction des plantes, et plaintes des riverains pour des bruits excessifs.

Oui bien sûr Denis Coderre était compétent en décembre 2015 pour favorisée dans un appel d’offres de la Ville de Montréal de l’entreprise Cisco.

Oui bien sûr Denis Coderre était compétent en mars 2012 pour avant d’accéder à la mairie de Montréal, avoir mentionné à une policière qu’il serait «son futur "boss"» au moment de recevoir un billet d’infraction.

Oui bien sûr Denis Coderre était compétent en mai 2021 pour avoir été pris en photo par un citoyen alors qui manipulait visiblement un appareil mobile derrière son volant, plus tard il sortira l’excuse que le cellulaire avait tombé tout seul.

Oui bien sûr Denis Coderre était compétent en mai 2015 pour mépriser le droit au logement pour tous alors qu’en 2015 25 000 ménages étaient déjà en attente d’un HLM; - 102 500 ménages payaient déjà plus de la moitié de leurs revenus pour se loger.

Rappelons-nous ce 21 mai 2015 sa réaction face du "Camp pour le droit au logement du FRAPRU", il a ordonné à la SPVM le démantèlement du camps d'une façon assez impérative sans aucune tolérance, assez spécial pour un maire qui se prétend être pour le logement social n'est-ce pas ?

Si Denis Coderre aurait été vraiment pour le logement social il n'aurait pas agi de la sorte.

Pensez-y, vous aviez un camp du FRAPRU un organisme qui milite pour plus de logements sociaux.

À ce camp vous aviez le personnel de la permanence du FRAPRU ainsi que des représentants de tous les comités logement de Montréal à la même place.

Donc si Denis Coderre aurait été pour le logement social, il n'aurait pas ordonné le démantèlement de ce camp.

Au contraire il s’aurait rendu sur place en tant que maire à ce camps et avec les militants sur place et il aurait regardé ce qu’il aurait pu faire en tant qu'administration municipale afin d'améliorer la situation et faire en sorte qu’il se créé plus de logements sociaux.

La problématique de l'itinérance est en hausse et pourtant Denis Coderre n'est pas l'ami des plus démunis de notre ville, en tant que maire il a préféré mettre 40 millions pour illuminer le pont Jacques Cartier mais n’a investit que des miettes pour combattre l'itinérance.

Oui bien sûr Denis Coderre était compétent, mais est-ce vraiment ce genre de compétences qu’un maire de Montréal doit avoir ?

Je ne crois pas et vous ?

jeudi 23 septembre 2021

L’acte de consommation

 

Francis nous parle d’acte.

L’acte de consommation

18 septembre 2021

Dans l’Église catholique, immense marécage où j’ai été immergé pendant la totalité de mon enfance, il existe certaines sortes de prières constituant de véritables proclamations à l’égard de sa foi et de son obéissance à Dieu par l’entremise de son clergé.

Ces brèves oraisons sont appelées des actes. On nous forçait à réciter souvent ces preuves de soumission volontaire. Au nombre de neuf, ils pouvaient servir en diverses circonstances, soit comme rappel de notre allégeance absolue à l’Église, soit comme pénitence imposée par un prêtre.

On devine à quoi servaient l’acte d’adoration ainsi que l’acte d’amour ou de charité : l’adoration est réservée à Dieu seul, l’amour étant d’abord voué à Dieu, puis la charité aux autres, gentiment désignés sous le vocable de prochain. L’acte de contrition, de son côté, servait de conclusion à la confession des péchés, depuis appelée sacrement du pardon.

L’acte de demande, que l’on croit destiné à chercher un avantage, se résumait en fait surtout à implorer « la grâce de faire en toutes choses votre sainte volonté ».

L’acte d’espérance était tout dirigé vers l’obtention de la vie éternelle par le moyen de l’observance des commandements du Seigneur.

Le remarquable acte de foi déclarait : « je crois fermement tout ce que la Sainte Église catholique croit et enseigne ». Comme reniement du libre arbitre et de la science, on ne pouvait trouver mieux, même si la science nous apprend aujourd’hui que le libre arbitre est loin d’être si décisif qu’on aurait pu le croire.

Dans le non moins remarquable acte d’humilité, le croyant suppliait : « apprenez-moi à me mépriser moi-même ». C’est mentalement très sain. Après ça, on s’étonne que pendant la Révolution tranquille tant de gens aient jeté tout l’arsenal religieux par-dessus bord.

Avec l’acte d’offrande, le croyant offrait son corps, son âme et tous ses biens au Divin, ce qui veut dire en clair à l’Église.

Finalement l’acte de remerciement avait pour conclusion que le plus grand bien est d’avoir été « fait enfant de votre Église ».

Alors, les gens qui ne comprennent pas que tant de monde soit soumis aux Talibans, dites-vous qu’il n’y a pas si longtemps, de nombreux peuples étaient complètement subjugués par l’Église catholique et que ce n’est pas davantage compréhensible.

Mais, comme actuellement la religion la plus dominante est le capitalisme et que la consommation en est un rouage puissant, j’ai décidé de composer un Acte de consommation inspiré de l’acte de contrition des catholiques. Rappelons qu’à l’origine catholique signifie « universel » et que, justement, le capitalisme a de son propre aveu vocation, c’est le cas de le dire, à être universel.

Acte de consommation

Ô Divin Capital, j’ai un extrême besoin de consommer et je regrette de ne jamais le faire assez parce que tu es infiniment bon, infiniment aimable et que l’obsolescence programmée te ravit.

Pardonne-moi par les mérites de la Sainte Finance mon messie. Je me propose moyennant ton Saint Crédit de m’ensevelir sous les achats et de recommencer le plus souvent possible.

Francis Lagacé

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