jeudi 16 février 2023

Les amants mythiques

 

Laissons Francis nous parler de St-Valentin

Les amants mythiques

14 février 2023

Oui, je sais, la Saint-Valentin est une fête commerciale dont l’unique but est de faire mousser le commerce des fleurs, des chocolats et de la restauration. Mais il y a moyen de pratiquer les choses autrement.

Par exemple, si vous décidez simplement d’ajouter la Saint-Valentin à une liste de fêtes que vous avez envie de célébrer rien que pour le fun, personne ne vous oblige à faire des achats coûteux : vous mitonnez un plat chaleureux et vous ouvrez, si vous êtes buveuse ou buveur, une bouteille réconfortante.

Profiter de tous les saints du calendrier pour mettre les instruments de communication sur pause, pour s’isoler de l’activité frénétique de nos vies branchées en continu, pour ralentir la fureur technique de notre monde et pour savourer la douce compagnie de l’être aimé est très différent de se soumettre au diktat du commerce selon lequel on doit se réjouir, et surtout consommer, sur commande.

La fête en question ne devient alors qu’un prétexte de plus pour s’accorder quelques heures de vacances loin des soucis quotidiens. Absolument rien n’interdit que ça se fasse dans la simplicité (je m’y emploie presque toujours) et la sobriété (ça, c’est moins ma tasse de montepulciano, mais vous avez bien le droit de vous abreuver des choses non alcoolisées qui vous plaisent : thé, thé vert, thé noir, thé de toutes les origines, café, limonade, jus de fruits ou de légumes, chinotto, mocktails, lait de chèvre, lait de brebis, kéfir, labneh, ayran, kombucha, tisanes à l’infinie variété des herbes et épices, lait de vache aromatisé, lait d’amande, lait de soja, eau minérale, ad libitum).

Quand une fête s’inscrit dans un parcours disséminé au long des feuilles de votre éphéméride en tant que motif de plaisir partagé, il n’est pas nécessaire de s’offrir une dispendieuse sortie en ville ; les chocolats ne sont pas obligatoires et l’alcool non plus si vous êtes abstème ou habituellement sobre. Il suffit de mettre au-dessus du reste le bien-être de votre foyer.

En mettant ainsi votre intimité en avant, vous ne faites que valider votre volonté de communier le plus souvent possible à l’harmonie de votre accord ; vous êtes romantique non pas cette fois-là en particulier, mais cette fois-ci entre autres.

En donnant préséance à votre lien affectif, vous additionnerez vos noms à la longue liste de ces amants mythiques, et souvent fictionnels :

Gilgamesh et Enkidu
Adam et Yves
David et Jonathan
Achille et Patrocle
Alexandre et Héphestion
Antoine et Cléophas
Iéchoua et Iohan
Hadrien et Antinoüs Abélard et Éloi
Tristan et Hervieux
Henri et Thomas
Robin et Mario
Richard et Blondel
Jules et Innocent
Roméo et Julien
William et Henri
Graham Bell et Sébastien
Oscar et Alfred
Rimbaud et Verlaine
Paul et Virgile
Tintin et Archibald
Charles et Johnny
Jean et Jean
Bruce et Dick
Tanguy et Laverdure
Lazare et Cecil
Emerson, Lake et Palmer
René et Louis-Ferdinand
Elton et David
Francesco et Riccardo
Jean-François et Lisée...

Francis Lagacé

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mercredi 1 février 2023

L’apprenti sorcier

 

Parlons de Blue Tooth avec Francis.

L’apprenti sorcier

1er février 2023

Les personnes les plus âgées se rappelleront la fin des années 1950 et le début des années 1960 quand les premières télécommandes pour porte de garage sont apparues. Lorsque le banlieusard arrivait chez lui et activait sa manette, toutes les portes de garage de toute la rue s’ouvraient en même temps sous l’effet de sa seule commande.

Plus près de nous, il vous est sans doute arrivé, si vous habitez dans un appartement aux murs minimaux comme il est fréquent à Montréal, de regarder la télé et de voir la chaîne changer sans que vous n’ayez rien fait. C’est grâce à la télécommande d’un voisin, laquelle a affecté votre téléviseur.

Récemment, j’ai eu le bonheur de rester pendant quelques jours dans un appartement dont l’équipement est connecté à Blue Tooth. Comme j’aime bien démarrer moi-même mes appareils, je ne me suis pas servi de la télécommande accessible par iPad.

Toutefois, j’ai eu la surprise de me faire réveiller à deux heures du matin par la sonnerie du téléphone que des voisins avaient réglé à distance pour leurs besoins sans se rendre compte que c’était mon appartement qui était visé. Enfin, c’est ce que j’ai dû conclure, car lorsque tous les appartements d’un immeuble sont ainsi connectés, il est difficile de savoir de quel logement venait la commande : celui d’en face, celui de droite, celui de gauche, celui du dessous, celui du dessus ?

Et aller frapper à toutes ces portes pour m’en plaindre n’aurait pas changé grand-chose à ma situation, à part me réveiller davantage. Ça n’aurait pas évité que ça se produise une nouvelle fois puisque les gens qui ont programmé un réveil l’ont sûrement fait pour leur départ. En plus, cela aurait causé un dérangement inopiné pour les locataires d’au moins quatre autres appartements.

Le lendemain, c’est mon téléviseur qui me réveille en s’allumant à minuit pour éclairer toute la chambre et diffuser par le biais d’iTunes une fort jolie chanson dans une langue qui m’est inconnue par un chanteur qui m’était tout aussi inconnu : je ne suis pas arrivé à déchiffrer l’écriture qui donnait les renseignements sur la pièce et je ne connaissais le visage de l’interprète ni d’Yves ni d’Adam. (Pour les personnes lentes, je sais que je n’emploie pas la formule consacrée. Je faisais une blague.)

Encore une fois, frapper à cinq portes ne m’aurait pas apporté grand-chose. La personne « coupable » a dû se rendre compte de son erreur après que j’aie éteint mon téléviseur.

Deux jours plus tard, alors que j’étais en train de souper, c’est le lave-vaisselle, pourtant vide, qui se met en marche. Je m’approche du tableau de bord et je vois que le programme est réglé pour durer trois heures de temps. J’ai beau appuyer sur le bouton d’arrêt, je n’arrive pas à éteindre la machine. Il faut dire que le seul lave-vaisselle dont je connaisse le fonctionnement est constitué d’une lavette, d’une bassinette et de mes mains. J’essaie la technique connue qui consiste à ouvrir la porte de la machine pendant quelques secondes, puis à la refermer. Aucun résultat.

Il me faut donc trouver le manuel d’utilisation. Je fais le tour de toutes les armoires de l’appartement. C’est évidemment derrière la dernière porte de placard que je trouve les livrets d’instructions des appareils ménagers. Et, devinez quoi, le seul qui n’ait pas été retiré de son emballage plastique était celui du lave-vaisselle.

Essayer de déchirer le plastique de ces emballages quand on est pressé, c’est enrageant et on n’y arrive pas avant de faire appel à un objet coupant ou tranchant. Je sors la pile de manuels. Le premier était en turc, le deuxième en arabe, le troisième en allemand, le quatrième en chinois, le cinquième en néerlandais, le sixième en espagnol, le septième en anglais et le huitième en français. Je le parcours rapidement et trouve la solution : appuyer sur le bouton d’allumage pendant plus de trois secondes. Ouf ! Me voilà sauvé du bruit infernal de cet engin tout comme d’une dépense d’eau et d’énergie parfaitement inutile.

Aurais-je été plus avancé en allant visiter les cinq appartements suspectables ? Pas plus que le dixième voisin de cette rue de Springfield dont la porte de garage s’est ouverte toute seule le 14 juin 1961.

Ce fut une drôle d’expérience. J’espère qu’elle aura su vous amuser un peu. Je dois avouer que, pendant ces épisodes, je me suis senti comme l’apprenti sorcier de la fable, même si ce n’est pas moi qui ai tenté de jouer avec la baguette magique.

Francis Lagacé

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Désautels, les retraites et le narcissisme

 

Laissons la parole à Francis.

Désautels, les retraites et le narcissisme 


23 janvier 2023

Le segment de l’émission Désautels, le dimanche qui portait sur les retraites en France et qui a été diffusé hier 22 janvier 2023 sur les ondes de la radio publique francophone canadienne avait tout l’air d’une saynète entièrement rédigée par McKinsey afin de faire la promotion d’une mesure macroniste.

L’animateur présente la situation en répétant les arguments du gouvernement français et fait parler un économiste qui pense exactement comme lui en lui fournissant les réponses qu’il veut entendre à chaque question qu’il pose.

Aucune place pour les arguments contraires. L’animateur va même jusqu’à prétendre qu’il suit un peu ce qui se passe en France et qu’il ne voit absolument pas comment on peut être contre cette réforme sinon le fait qu’il est difficile de toucher à un système implanté en 1945 laissant entendre clairement que les Françaises et les Français ne sont que des râleurs impénitents qui veulent le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. En tous points les arguments spécieux et ridicules dont font usage les macronistes.

Il ne faut pourtant pas chercher longtemps pour trouver des économistes comme Thomas Porcher qui estiment que le régime n’est pas en danger. Il ne faut pas chercher loin pour découvrir des sondages, comme celui de l’Institut Montaigne, qui montrent que 93 % des travailleuses et travailleurs actifs sont contre cette réforme et comprendre que les millions de personnes qui défilent dans les rues pour s’y opposer ne sont pas des râleuses professionnelles.

Il ne faut pas non plus chercher loin pour comprendre que le fameux « régime hybride » du Canada jette dans la pauvreté les personnes âgées qui n’ont pas de régime privé. Il ne faut pas non plus chercher bien loin pour trouver des politiques aguerris comme Gérard Filoche qui expliquent posément, chiffres à l’appui, que cette réforme n’est pas nécessaire.

Cela aurait-il coûté trop à notre animateur vedette de faire connaître l’avis du Conseil d’orientation des retraites, un organisme hautement crédible, qui estime lui aussi que le régime des retraites n’est pas en danger ?

C’est quand même formidable que notre radio publique en soit rendue à servir de propagandiste à la Macronie et à ses sbires du privé.

Il y a un bon bout de temps que Désautels est irritant. Une émission d’affaires publiques ne devrait jamais porter le nom de son animateur. On doit faire du reportage rigoureux et non gonfler l’égo d’une personnalité. Cela conduit à la situation absurde où cette émission porte le nom de Désautels tout l’été alors qu’elle est animée par quelqu’un d’autre. Nourrir le narcissisme n’a jamais rien de bon.

« Je n’ai ni conscience ni esprit critique » répondait récemment ChatGPT à l’un de mes correspondants qui lui demandait de prendre parti. C’est ce qu’on peut dire du sketch joué par Désautels hier.

Et, parlant de retraite, il serait sans doute temps que l’animateur se confine à son hôtel particulier.

Francis Lagacé

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