mercredi 30 décembre 2020

Joyeux Solstice quand même !

 

Laissons la parole à Francis

Joyeux Solstice quand même ! 

23 décembre 2020

« Vingt-trois décembre, Joyeux Noël, Monsieur Côté ! Salut ti-cul, on se reverra le 7 janvier. » (Merci Beau Dommage !)

Mais, moi, vous vous en doutez maintenant, je préfère célébrer le Solstice, retour du dieu Soleil qui rame toute la nuit pour revenir de l'autre côté du jour.

Et, puisque c’est de nouveau le Solstice d'hiver, « J'espère que vous avez pensé aux personnes vieilles et jeunes, aux faibles et aux forts, à la fin des combats. » (Merci John Lennon !)

La saison du Solstice, c’est le temps des bilans, le moment de rentrer en soi pour chercher de la lumière quand il y en a si peu dehors. Pour certaines personnes larguées par la société de consommation, il n'y a plus beaucoup d’éclairage à l'intérieur, elles n'y voient qu'un abîme effrayant, et nous continuons à leur offrir des solutions individuelles qui n'en sauveront peut-être que quelques-unes, mais qui n'empêcheront pas les autres de sombrer dans le gouffre.

Malgré les deuils qui nous affligent, Joyeux Solstice quand même !

Joyeux Solstice, même si vous ne pourrez pas dire en pleine face à l'oncle Albert qu'il n'est qu'un vieux réac et misogyne fini.

Joyeux Solstice, même si les prédateurs courent en liberté, même si leurs mensonges reconnus comme tels ne suffisent pas à les faire condamner.

Joyeux Solstice, même si on vous promet un retour à la normale, c’est-à-dire une accélération de l'hyperconsommation avec ses conséquences : la dégradation précipitée de l'environnement, la réduction inéluctable de l'espace pour les espèces fragiles et une recrudescence des zoonoses dont la Covid-19 n'est qu'un pâle échantillon.

Joyeux Solstice, malgré la solitude qui vous afflige.

Joyeux Solstice, malgré vos revenus qui rétrécissent et l’épicerie qui gruge une plus grande part du peu qui reste chaque fois.

Joyeux Solstice, malgré vos traitements qui sont sans cesse retardés.

Joyeux Solstice, malgré cette opération que vous attendez encore et toujours.

Joyeux Solstice, même si la date officielle (21 décembre) est déjà passée.

Joyeux Solstice, même si vous n’avez pu voir la conjonction de Saturne et de Jupiter.

Joyeux Solstice, si un peu d'amitié vous rejoint.

Joyeux Solstice, si un peu d'humanité vous réchauffe.

Joyeux Solstice, si la musique vous console.

Joyeux Solstice, s'il reste quelqu'un qui vous aime.

Joyeux Solstice quand même sur cette planète de moins en moins bleue, qui n'a pas besoin de nous pour tourner, mais qui est si jolie quand des bipèdes anthropomorphes s'y donnent la main.

Francis Lagacé

«»-----------------------«»

SITE DE FRANCIS LAGACÉ

lundi 14 décembre 2020

Qui sommes-nous pour eux ?

 

Voici mon plus récent tableau en 3D

Qui sommes-nous pour eux ?

Par Sergio de Rosemont

Qui sommes-nous pour eux à leurs yeux ?

Qui sommes-nous, nous les citoyens, humains pour ces "Empereur$ Ignoble$ de la Finance et du 1%" ?

À leurs yeux sommes-nous que des jouets avec lesquels qu'ils peuvent jouer sur "Échiquier de la Rentabilité" ?

Qu'ils peuvent nous faire croire que consommer à outrance donne le bonheur ?

Qu'ils peuvent décider à notre place ce que nous aimons, que nous aimerons ?

Quelle couleur nous porterons cette saison ?

Qu'ils peuvent décider ce que nous devons penser et croire ?

Ou pire ! ,…….

Qu'ils peuvent décider qui nous devons aimer et qui nous devons haïr ?

Et oui stimuler la surconsommation c'est payant pour ces "Empereur$ Ignoble$ de la Finance et du 1%".

Et oui semer la haine et la division c'est payant pour ces "Empereur$ Ignoble$ de la Finance et du 1%".

Dites-moi qui sommes-nous, nous les citoyens, humains pour ces "Empereur$ Ignoble$ de la Finance et du 1%" ?

P.S: Vu que pour l'instant je met mes photos sur Facebook et vu que Facebook aime bien à l'occasion changer l'adresse URL des photos, en cas où qu'un tel changement surviendrait à ma photo voici l'adresse de mon article en version Facebook :

Les mots et les gestes (2e partie)

 

Laissons la parole à Francis

Les mots et les gestes
(2e partie) 

2 décembre 2020

La première partie de cette séquence, publiée le 22 octobre 2020, se terminait sur la conclusion qu'une opinion ne s'improvise pas puisqu'il s'agit d'une prise de position argumentée. Les arguments sont des données sujettes à vérification et ceux-là peuvent nous faire défaut quand trop de faits sont inconnus.

Il se trouve des linguistes pour prétendre qu'à force d'utiliser un élément lexical, il perd de sa valeur, reflétant ainsi dans le monde des mots la théorie quantitative de la monnaie que professait Fisher. Cela pourrait être une explication à la signification très faible que prend le terme opinion dans le langage courant.

Il pourrait aussi y avoir d'autres causes, comme le voisinage fréquent de ce substantif avec des noms qui appartiennent au registre de l'expression de la pensée et des connaissances comme pensée, idée, avis, commentaire, jugement, point de vue, position, créant ainsi un champ sémantique où l'homonymie se substitue à l'hyponymie (un concept est englobé par un autre) ou à l'hyperonymie (un concept en englobe un autre).

En se basant sur ces rapprochements, on pourrait croire, conformément au sentiment largement répandu chez les commentatrices·commentateurs, que les médias sont envahis par l'opinion. En fait, c'est tout le contraire, ils en sont désespérément dépourvus ; ils foisonnent plutôt de commentaires, dénués la plupart du temps d'analyse. En matière d'information, on a besoin de concepts opératoires, aussi convient-il de distinguer l'opinion du commentaire, le commentaire de l'avis, l'avis du sentiment et le sentiment de l'émotion, ou de l'impression plus ou moins fugace que laisse cette dernière.

Jean-Louis débarque à Montréal par un beau jour de juillet où il fait 38 degrés. Il ressent une chaleur accablante augmentée par l'humidité suffocante. Il va partout répétant que Montréal a un climat tropical. Est-ce là une opinion ? Non, c'est une sensation qui sert de base à son avis, son avis n'étant rien d'autre en l'occurrence que ce qu'il en pense spontanément.

Sophie se répand dans les journaux en déclarations incendiaires sur la gauche qui occupe tout l'espace médiatique. Est-ce là son opinion ? C'est un avis qui lui permet de s'épancher en des commentaires fréquents, mais ce n'est certes pas une opinion, car on chercherait en vain les données probantes qui permettent d'argumenter à cet effet : faute d'argument, point d'opinion.

Le commentaire consiste à exprimer et développer ce que l'on pense à partir d'observations. On doit disposer de points de repères permettant de reproduire ces dernières si l'on veut s'assurer qu'elles sont rigoureuses. En l'absence de faits vérifiables, le commentaire n'est pas argumenté et ne relève pas de l'opinion, mais bien du sentiment. Les personnes férues d'histoire se rappelleront la cruelle remarque de Wilfrid Laurier à Henri Bourassa : « La province de Québec n'a pas d'opinion, elle n'a que des sentiments. »

Ainsi, on pourra répéter ad nauseam que Roméo doit épouser Juliette, si on n'a pas de preuves de son amour, on peut difficilement argumenter en ce sens. Par contre, on pourra, le cas échéant, ayant trouvé des démonstrations observables de cette dévotion, par exemple les bouquets de fleurs qu'il lui envoie, les sérénades qu'il lui donne sous son balcon, juger que, s'il l'aime, il doit l'épouser si on vit dans une société qui valorise l'amour comme ciment du mariage, ou à l'inverse qu'il ne doit pas se marier avec elle si l'on appartient à une société dont les règles prévoient que les époux ne sont pas faits pour partager l'amour, mais plutôt pour répliquer un ordre hiérarchique donné. Ces derniers avis seront des opinions puisqu'ils reposent sur des arguments sociologiques vérifiables.

Il est amusant de constater comme le sens des mots évolue, ces derniers ne possédant pas de quiddité ontologique. De même, les concepts évoluent, car ils ne représentent que l'appréhension par l'être humain de sa réalité.

La linguistique diachronique offre pléthore de cas où un élément lexical a pris un sens totalement différent de celui qu'il avait à l'origine. Pensons à protester qui a d'abord signifié « témoigner pour » avant de glisser à « se prononcer contre ». Le mot formidable avait une valeur qui le ferait apparaître à côté de l'expression bombardement d'Hiroshima, or on ne l'emploie à peu près jamais dans ce sens aujourd'hui. Il n'y a qu'à voir au Québec la signification qu'ont endossée des mots comme les adjectifs terrible et écœurant (le nom, lui, a gardé sa valeur d'origine, un écœurant est un être ignoble).

J'aimerais ici donner quelques exemples d'expressions ou de vocables qui, à entendre leur usage par des « communicant·e·s », ont acquis une faveur qui en a modifié la portée au point d'en perdre son vieux françoys. Il convient toutefois de se rappeler que, puisque les mots sont aussi des gestes, ils disent davantage et souvent autre chose que ce qu'ils disent.

L'expression « C'est une bonne réponse » laisse entendre avec raison que d'autres bonnes réponses étaient possibles, mais il semble que les animateurs de quizz de notre télé publique (rien que des hommes apparemment) ne s'en soient pas avisés de sorte qu'ils l'utilisent lorsque la réponse est la seule admissible en lieu et place de « C'est la bonne réponse. »

ADN est devenu pour certain·e·s un synonyme de caractéristique ou d'habitude. On entend d'étonnantes affirmations comme « C'est maintenant dans notre ADN de vouloir acheter local. » La génétique n'a pas grand-chose à voir avec cette habitude, qui par ailleurs est loin de toucher tout le monde.

Saga s'emploie souvent comme un équivalent d'« histoire » ou même de « suite ». Aussitôt qu'un fait donne lieu à une suite, il se trouve quelque commentateur·commentatrice pour dire qu'il s'agit d'une « saga ». La mythologie nordique employait ce mot pour désigner une série quasi interminable de récits dont chacun est composée d'innombrables péripéties.

Perdurer s'est banalisé comme une variante luxueuse de durer. Vous entendrez peut-être dire, comme cela m'est arrivé, qu'un épisode de chaleur « perdure depuis quatre jours » ou pis encore « que le froid va perdurer toute la nuit ». Or, ce qui perdure, dure sans qu'on n'en voie la fin, en principe, bien sûr. L'usage finit toujours par avoir le dernier mot, si vous me permettez cette facétie et l'on comprend ici que Perdurer sert surtout à manifester son impatience.

Finalement, j'ai lu dans un quotidien respectable, vous me signalerez que je fais là usage d'une co-occurrence propre à me valoir le bannissement, cette locution particulièrement troublante : « frénésie modérée ». Or, la frénésie existe justement quand il n'y a pas de modération. De quoi, pardonnez cette dernière galéjade, être légèrement et momentanément anéanti.

Francis Lagacé

«»-----------------------«»

SITE DE FRANCIS LAGACÉ

mercredi 2 décembre 2020

Voici la déclaration d’une campagne internationale d’appui au peuple chilien que le { Palestiniens et Juifs Unis : PAJU } endosse

 

Voici la déclaration d’une campagne internationale d’appui au peuple chilien que le { Palestiniens et Juifs Unis : PAJU } endosse :

DÉCLARATION

Au Chili, le 18 octobre 2019, dans un geste de rébellion à la grandeur du pays, des centaines de milliers de personnes ont envahi les rues pour demander plus d’égalité sociale et économique. On a appelé ce mouvement « el estallido social » (la révolte sociale).

Le lendemain, soit le 19 octobre, le gouvernement déclarait l’état d’urgence envoyant les forces armées et la police anti-émeute dans les rues avec ordre de réprimer les manifestations, en plus d’imposer un couvre-feu. Ces choix du gouvernement ont causé un bris de démocratie ainsi que des violations graves, massives et répétées des droits humains du peuple chilien et des peuples autochtones.

Ces violations ont été dénoncées dans les rapports produits par des organismes internationaux tels qu’Amnistie Internationale, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et la Mission d’observation québécoise-canadienne des droits humains au Chili, entre autres. Les conclusions de ces rapports dénoncent un usage excessif et non nécessaire de la force, des décès, un nombre alarmant de blessures aux yeux ou au visage, des cas de torture, mauvais traitements, violence sexuelle et détentions arbitraires.

À ce jour, il y a plus de 2 000 prisonniers et prisonnières politiques au Chili, jeunes, hommes et femmes, qui sont toujours détenu.e.s dans différentes prisons du pays. Emprisonné.e.s injustement, sans preuve, accusé.e.s à l’aide de mises en scène orchestrées par la police chilienne; ces personnes ne sont ni criminelles ni terroristes, bien au contraire, elles sont des prisonnières politiques, comme l’a déclaré récemment la Commission Interaméricaine des droits humains, contredisant de ce fait la Cour Suprême du Chili.

Des organismes chiliens ont lancé un appel à dénoncer les violations systématiques des droits humains perpétrées par l’État chilien et, à titre de membres d’organismes québécois et canadiens, nous signons cette déclaration et nous condamnons le silence du Gouvernement fédéral.

Par conséquent, devant la violente répression instaurée depuis un an au Chili, nous demandons au Gouvernement canadien de concrétiser son engagement envers la démocratie et les droits humains en Amérique latine et à se prononcer face aux violations dont le peuple chilien est victime de la part du gouvernement de Sebastián Piñera.

Je rêve d'un Noël solitaire

 

Parlons de Noël avec Francis

Je rêve d'un Noël solitaire 

19 novembre 2020

C'est en 1983 que j'ai commencé la coutume de ne jamais donner de cadeau à Noël et d'interdire qu'on m'en fasse. En effet, l'orgie consumériste de cette période m'a toujours parue financièrement monstrueuse en même temps que délétère pour la planète.

À l'époque, j'étais encore étudiant, on me pardonnait d'un sourire entendu. On s'étonna fort quand, dès l'année suivante, alors que je travaillais à temps plein, je réitérai mon commandement sans le changer d'un iota.

Je conseillai à mes proches de garder leurs sous pour se faire un beau cadeau à eux, ce que je ne manquais pas de me faire à moi-même. Cela évite les inutiles comparaisons, où pour bon nombre de personnes la valeur d'un présent se mesure malheureusement à son prix. Pour ma part, j'ai toujours préféré recevoir un seul œillet de Nice que je pouvais piquer à ma boutonnière plutôt qu'un immense bouquet. Cela évite aussi des dépenses faramineuses et assure que chacun est content sans avoir à se casser la tête pour une pratique dont le sens s'est perdu en même temps que les antiques rouleaux des caisses enregistreuses au tintement si caractéristique.

Certes, je fais des cadeaux à mon amoureux. Mais, dans ce cas, le fait que je lui en donne à Noël, à sa fête et à son anniversaire est une façon de me retenir de lui en faire tous les jours. D'ailleurs, je respecte assez rarement la date et offre l'étrenne en la devançant ou la retardant d'un intervalle pouvant varier d'une journée à plusieurs semaines.

Dans la famille de mon père, comme je l'expliquais dans le chapitre « Le temps de fêter » du livre L'Olivier et le Prunier, Noël était une fête religieuse, et on célébrait cette occasion dans la plus grande sobriété. C'est le jour de l'An qui était une fête familiale, et les cadeaux venaient du Petit Jésus, non du rubicond Santa Claus.

J'ai toujours aimé fêter Noël tout seul ou en couple. Il m'est arrivé assez souvent de célébrer le Solstice tout seul à Paris, dans ma chambre d'hôtel, puis de téléphoner à mon mari avant de me coucher, en général très tôt.

Quand le temps des Fêtes approche, je crains anxieusement la question qui tue : « Qu'est-ce que vous faites à Noël, cette année ? » Rien est ma réponse. Mais mes interlocutrices·interlocuteurs ne comprennent pas que c'est l'activité que nous avons choisie et croient plutôt que nous sommes désœuvrés et esseulés, d'où immédiatement une invitation à nous joindre à eux, qui oblige chaque fois à expliquer que ne rien faire est pour moi une fête. Quand on est seul par choix, on n'est pas esseulé, encore moins désœuvré, la solitude choisie étant un luxe alors que la solitude imposée est un calvaire.

C'est pourquoi cette année, avec la pandémie, l'occasion est rêvée : j'aurai un très bon prétexte pour rester tranquille à la maison.

Naturellement, j'ai beaucoup de peine pour les personnes qui aiment se réunir en cette occasion et qui ne pourront le faire cette année. Elles n'ont pas mérité d'être privées de réjouissances auxquelles elles aspirent avec ravissement pendant des semaines.

Espérons qu'une présence humaine, même si elle est limitée en nombre, saura leur apporter la chaleur dont elles ont besoin. Je leur souhaite de trouver quelque réconfort par les moyens de communication que, de mon côté, j'aurai pris soin de bloquer consciencieusement.

Francis Lagacé

«»-----------------------«»

SITE DE FRANCIS LAGACÉ