dimanche 22 mai 2022

Le Temps

 

Mon plus récent tableau en 3 D

Le Temps

Par Sergio de Rosemont

Le Temps quelle créature étrange !

Nous vivons dans un univers où il domine.

Sans son existence probablement que la vie n’existerait pas car le temps et le mouvement sont liés et la vie et le mouvement sont liés.

Sans temps, pas de mouvement et sans mouvement pas de temps.

Il est dans tout et même s’il est muable, nous ne pouvons pas nous en dissocier.

Il est éternel sans début et sans fin tout en contenant en lui le fini et le mortel.

Lorsqu’une chose atteint son Oméga, une autre débute son Alpha.

Notre univers y est rattaché et dépendant de son Alpha et de son Oméga.

Quand un univers meure, un autre naît.

Quand nous mourrons, notre âme entre dans un autre dimension et parfois décide de se réincarner mais encore là ce processus est probablement rattaché au temps.

Parfois nous pouvons même avoir la sensation que notre esprit, notre âme peut le déjouer.

Le temps est comme un arbre où plusieurs choses, aspects de l’existence qui paraissent indépendants, lui sont pourtant rattachés.

Si vous prenez un arbre que vous le coupez et vous vous en fait une rondelle, cette rondelle détient la marque du temps sur lui et son histoire.

Les pierres précieuses sont précieuses pas seulement à cause de leur rareté mais aussi parce qu’elles sont le résultat du travail du temps sur des millénaires.

Les fossiles sont aussi les traces de l’histoire de la vie mais aussi du temps.

Ce texte est ma perception, ce que j’en pense, libre à vous d’être en accord avec ou pas.

jeudi 19 mai 2022

L’écho des tavernes

 

Laissons la parole à Francis

L’écho des tavernes

14 mai 2022

Mon cousin Arthur est un « ti-Jos connaissant ». Il a le verbe haut à la taverne et il exprime avec force convictions ses sentiments, qu’il appelle obséquieusement des opinions, confondant sans vergogne les impressions nées de son expérience personnelle avec des faits scientifiquement prouvés.

Vous avez sans doute parmi vos connaissances ou votre parenté l’un de ces « génies » qui, pour être allé à la pêche trois fois, se déclare expert du lancer léger, qui, pour avoir visité l’aéroport d’Amsterdam, peut vous instruire de la psychologie des Néerlandais·es, et qui pour avoir acheté un sandwich à la station service en faisant le plein au Luxembourg en route vers l’Allemagne, épiloguera sur sa contribution à la gastronomie luxembourgeoise.

Ce qui fait de la peine à Arthur, c’est de savoir que ses indispensables propositions pour l’amélioration de la société, car sa mère lui a appris à saisir les gens au premier regard, ne fassent pas l’objet de séminaires dans les officines gouvernementales et que Benito Lamontagne ne l’invite pas à son émission du midi pour en deviser en long et en large comme il se doit.

Or, il se trouve qu’une vedette, Carlos de Grègues, ayant fait le tour de la Gaspésie deux fois, a publié un livre sur les meilleures façons de redresser l’économie gaspésienne :

— changer les dates de pêche au homard pour le mois de décembre, car on aime le homard à Noël, et de celle au crabe pour deux semaines avant Pâques, parce que ça ferait une bonne entrée avant l’agneau ;

— séparer dans les enclos les caribous avec bois de ceux qui n’en ont pas parce qu’ils ne se comportent pas pareil et que les premiers pourraient blesser les seconds ;

— réouvrir la mine de Murdochville pour redonner le goût de l’effort à la population gaspésienne et la rendre plus active ;

— donner toute la forêt domaniale aux entreprises forestières afin qu’elles en assurent l’exploitation ;

— céder toutes les routes au privé, parce que le privé, c’est toujours mieux que le public ;

— doubler le prix des chambres de motel, ce qui fera accourir les touristes, étant donné que ce qui est plus cher est toujours meilleur ;

— boucher le trou du Rocher Percé pour le dévoiler seulement devant les clients qui s’en seront montrés dignes en ayant misé le plus aux enchères conduites par Sotheby’s.

Nombre de citoyen·ne·s de Gaspésie lui sont tombés dessus à bras raccourcis pour qualifier ses suggestions de farfelues. En réaction, l’Association des vedettes bourgeoises, épaulée par la Ligue des éditorialistes ni à droite ni à gauche, surtout pas à gauche, s’est portée à la défense du malheureux essayiste improvisé en invoquant son « droit » de s’exprimer.

Une préfète de municipalité régionale fit opportunément remarquer qu’il ne s’agit pas tant d’une question de droit, dont la star n’a absolument pas été privée et dont elle a abondamment usé, mais plutôt de moyens, que d’autres beaucoup mieux au fait des causes et des effets n’ont pas à leur disposition.

Le livre de monsieur de Grègues est au sommet des ventes et son auteur trône sur toutes les tribunes, au grand désarroi du bon Arthur, dont les lettres à la rédaction ne font même pas l’objet d’un accusé de réception. Tant d’injustice ne laisse de le démoraliser. Après tout, la seule différence entre l’aura du nouvel économiste et celle du philosophe de taverne ne réside que dans leur capacité à mobiliser les micros, les caméras et autres appareils de diffusion.

On a beau trouver Arthur un peu ridicule, on se sent pris de pitié et l’on doit bien reconnaître que ses discours, bien que peu méritoires, ont la même valeur que ceux de l’essayiste du dimanche. Peut-être la suggestion que voici rétablirait-elle l’équité : les grands médias pourraient créer une chronique hebdomadaire intitulée L’écho des tavernes. On tirerait chaque fois au sort un nom parmi ceux des habitué·e·s de ces débits de boisson. La personne choisie deviendrait ainsi commentatrice de la semaine dans le cadre de cette chronique et par voie de conséquence nous ferait un honneur inestimable en nous gratifiant des bienfaits de ses lumières.

Francis Lagacé

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