vendredi 25 août 2023

Il s’appelait Jean


Laissons la parole à Francis

Il s’appelait Jean

21 août 2023

Jean était plus beau qu’un ange. Il avait des lèvres pulpeuses, son teint était frais, ses cheveux châtains ondoyaient, et je me noyais dans ses yeux d’un bleu profond. Il était toujours bien mis et sentait le propre. Son demi-sourire me faisait fondre.

Chaque année, l’approche de la rentrée scolaire me ramène des souvenirs : parfois heureux, parfois tristes, certains comiques, d’autres entremêlent les sentiments d’une façon inextricable. Ce ne sont pas nécessairement les mêmes qui me reviennent tous les ans, et je m’étonne chaque fois d’en avoir tant et de si divers.

Cette fois-ci, c’est de très loin que m’est apparue la figure de ce garçon de mon âge. J’avais enfoui son image au plus profond de mon inconscient et n’avais jamais repensé à lui depuis. Cette résurgence me l’a fait revoir dans des scènes d’où je l’avais effacé. J’ai récupéré des réminiscences perdues jusqu’à une certaine « confrontation » finale. Les émotions retrouvées sont plus vives que les impressions visuelles.

Jean était aussi le meilleur au hockey. Il se débrouillait pas mal non plus dans les autres matières et toutes les filles (ainsi que beaucoup de gars, j’en suis certain) craquaient pour lui.

Quand on se changeait pour les cours d’édu, j’étais frappé par la blancheur immaculée de ses bobettes, plus blanches que blanches, comme les champs de neige en février resplendissent sous le soleil éclatant. On s’échangeait des œillades et des sourires, mais ce n’est jamais allé plus loin.

Un jour, j’ai appris par son père qui discutait avec le mien, les deux ne sachant pas que je les écoutais, que Jean avait une très grande admiration pour moi. Il parlait sans cesse de moi à la maison disant que j’avais toujours la bonne réponse quand les profs m’interrogeaient, que j’avais des réparties spirituelles, que je connaissais plein de choses que les autres ne savaient pas et que tous les jours je lui en apprenais de nouvelles, qu’il m’enviait, qu’il souhaitait devenir comme moi.

Pensez donc ! Lui, la vedette du collège, le beau sportif intelligent que toutes les mères rêvaient d’avoir pour fils, celui dont tout le monde recherchait l’amitié, il m’enviait, moi, le maigrichon timide, mal fagoté, toujours empêtré dans ses mouvements et absolument nul au hockey. Étourdi par cette révélation, je conçus le projet de me jeter dans ses bras à la première occasion. Évidemment, je n’en fis rien.

À la fin de l’année scolaire, nous étions là, tous les gars de la huitième année, à former un cercle dont Jean était le centre, comme toujours. Et voilà qu’il nous annonce qu’on ne le reverrait plus. Son père avait décidé de le placer au collège privé de La Pocatière, une institution d’élite qui tirait orgueil d’avoir formé Arthur Buies.

Les questions fusaient de tous côtés. Moi, je regardais le bout de mes chaussures usées, désemparé en même temps qu’entraîné par mon imagination à le portraiturer comme le brillant capitaine de l’équipe de hockey de ce collège réputé. M’oublier et l’imaginer heureux en héros comblé et souriant était une façon de me consoler de la triste nouvelle. Après un moment, dédaignant les autres questions et cherchant à attirer mon attention, il lance : « Il y a juste une chose qui sera bien quand je serai là-bas, c’est que je ne verrai plus Lagacé. »

J’étais démoli. Pourtant en langage d’adolescent, qui consiste à dire le contraire de ce qu’on pense, c’était tout un aveu. Il venait de dire que j’étais la seule personne qui lui manquerait vraiment.

Je ne savais que faire. Je sentais que tous les regards s’étaient déportés vers moi, qu’on attendait de ma part l’une de ces réparties dont j’avais le tour. J’ai redressé la tête, je l’ai regardé, puis j’ai bredouillé une phrase pitoyable qui se voulait méchante et dans laquelle il y avait les mots « bon débarras ». Ses yeux se sont mouillés. Il a fait une moue de ses lèvres si désirables, et un silence très malaisant s’est abattu sur tout le groupe.

Au bout d’un siècle, la cloche a sonné la fin de la récréation.

Francis Lagacé

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mercredi 16 août 2023

J’essais !

 

J’explique

J’essais !


Par Sergio de Rosemont

Souvent quand on me pose la question :

{Comment ca va ? Ca va ?}

Je réponds

{J’essais !}

Pourquoi je réponds cela ?

Ce n’est pas dans un sens négatif.

Si ma mémoire est bonne, j’ai commencé à répondre cela peu après le décès de ma défunte conjointe.

L’idée derrière ma réponse :

{J’essais !}

C’est qu’à chaque jour il y a du négatif qui se présente.

Et si l’on désire que ce soit positif dans notre journée, dans notre existence qu’il faut travailler pour.

Il faut travailler à prendre le négatif qui nous arrive et le transformer en positif.

Non le positif n’arrive jamais seul, il faut travailler à ce qu’il s’y installe.

Transformer ce négatif qui nous fonce dessus en positif.

Mais il faut y croire !

Mais il est vrai que quand on me pose la question :

{Comment ca va ? Ca va ?}

Probablement que je devrais remplacer le :

{J’essais !}

Par le

{Je travaille pour !}

mardi 15 août 2023

Vive les bienagauches !

 

Francis nous parle des bienagauches

Vive les bienagauches !


13 août 2023

Pendant des années, et jusqu’à tout récemment, j’ai été incapable d’enfiler une aiguille. Même après avoir récupéré ma gaucherie, je ne m’étais toujours pas rendu compte que je m’y prenais de la mauvaise façon. En conséquence de quoi je me trouvais bien maladroit, ou plutôt bien à gauche si vous voulez.

Le problème, c’est que je procédais encore avec la méthode qu’on m’avait montrée : je tenais l’aiguille de la main gauche et je visais le chas avec le fil coincé entre le pouce et l’index de ma main droite. Il m’est un jour apparu qu’en agissant de cette manière je ne visais pas avec mon œil dominant. Résultat : je passais systématiquement à côté de mon objectif.

Je compris alors qu’on m’avait enseigné à enfiler l’aiguille selon une technique droitière, c’était là la raison de mes échecs.

J’ai donc repris l’opération en tenant l’aiguille de la main droite, puis j’ai visé le chas en tenant le fil entre le pouce et l’index de ma main gauche. Comme par miracle, l’aiguille a été enfilée du premier coup.

C’est incroyable à quel point on peut avoir l’esprit et le corps colonisés par la pensée dominante. On peut ainsi perpétuer en toute bonne foi et sans aucune mauvaise intention des gestes inappropriés. C’est ce qu’on appelle un biais systémique. Dans le cas qui nous occupe, on pourra appeler ça la droiterie systémique, dont je n’étais absolument pas conscient.

Ce que je n’avais pas encore saisi, moi qui étais pourtant si alerte à tous les mouvements des personnes droitières ou gauchères, c’est que, si je ne réussissais pas mon coup, c’est parce que je m’y prenais comme les personnes bien adroites, lesquelles sont, comme chacun sait, pour la plupart fort malagauches (tout le monde n’a pas la chance d’être ambidextre).

Il suffisait donc de m’y prendre avec un procédé bien à gauche pour réussir.

Alors, fini de vous faire traiter de maladroit·e et de considérer cela comme une insulte. Je le revendique désormais, je suis un maladroit puisque je suis un bienagauche. Sachez-le, camarades, et n’hésitez pas à traiter vos collègues de travail qui sont bienadroit·e·s de malagauches s’iels n’ont pas l’heur d’être ambidextres.

Dans la continuité de la sensibilisation aux personnes gauchères comme dans ma lutte contre l’aristéraphobie, je vous offre gracieusement ces appellations en partage : les maladroit·e·s n’en sont pas moins des bienagauches, et les bienadroit·e·s n’ont pas à se vanter s’iels sont malagauches.

Avec mes vœux de bonne fête des bienagauches, je termine mon plaidoyer par ces extraits du Petit Francis, dictionnaire désespéré et parfois caustique :

Bienadroit·e :

Personne qui est habile de la main droite ou du pied droit.

Synonyme : droitier ou droitière, malagauche.

Antonyme : gaucher ou gauchère, bienagauche.

Bienagauche :

Personne habile de la main gauche ou du pied gauche.

Synonyme : gaucher ou gauchère, maladroit·e.

Antonyme : droitier ou droitière, malagauche.

Maladroit·e :

Personne malhabile de la main droite ou du pied droit parce qu’elle est plutôt habile de la main gauche ou du pied gauche.

Synonyme : bienagauche.

Antonyme : bienadroit·e.

Malagauche :

Personne malhabile de la main gauche ou du pied gauche parce qu’elle est plutôt habile de la main droite ou du pied droit.

Synonyme : bienadroit·e.

Antonyme : bienagauche.


Francis Lagacé

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mardi 8 août 2023

Cette bague que je porte

 

Pourquoi je porte cette bague

Cette bague que je porte


Par Sergio de Rosemont

Cette bague que je porte à mon auriculaire droit.

À l’origine c’était 2 bagues similaires que j’avais créées dans un travail de casting dans mon cours de bijouterie joaillerie que j’avais suivi en 1991-92.

Lorsque mon ancienne (mon ex) et moi avions décidé de devenir un couple, j’avais choisis de les utiliser comme symbole de notre amour, de notre couple.

Donc nous portions chacun l’une de ces bagues.

Mais hélas au mois de juin 2023, après 3 ans et 4 mois d’union, ce fut la séparation.

Nous avons gardé chacun de notre bord notre bague.

Qui sait si ces bagues qui étaient symboles de notre couple, de notre amour, ne deviendront elles symbole d’une simple amitié, le temps nous le dira.

Mais pour moi, cette bague que je porte, prend une autre symbolisation.

Celle de ce qui est fragile.

Cette bague prend cette symbolisation car à l’origine elle représentait une chose qui devait être là jusqu’à notre mort et qui a été détruit trop facilement.

Ce que l’on croit très solide et qui est pourtant si fragile.

Ce que nous percevons comme immortel et qui est pourtant mortel.

Nous nous étions promis que notre couple était pour jusqu’à nos derniers jours, et pourtant il a été détruit comme un vase de porcelaine que l’on laisse tomber sur un plancher de béton.

Je crois qu’il est important de porter un tel symbole sur soit question de se rappeler qu’il y a tellement de chose que nous croyons immortelles et qui pourtant sont mortelles.

Non rien n’est immortel à part notre âme.

L’Amour aussi devrait être immortel !

Encore des nouvelles de moi.

 

Je reparle de moi

Encore des nouvelles de moi.


Par Sergio de Rosemont

Et oui progressivement ca va de mieux en mieux, ca s’améliore tranquillement.

Mon tic facial est presque disparut.

La seule chose qui me donne encore le cafard c’est quand après plus d’un mois, je me dois encore de tout expliquer après la même question qui me revient

{ Qu’est-ce qui est arrivé avec ta copine ? }

Et dire que j’avais mis un post sur Facebook expliquant le tout en espérant que je n’aurais plus à expliquer à tous les jours pendant des mois.

Disons que c’est difficile de tourner la page définitivement quand cette question vous revient presqu’à tous les jours.

À part de cela, je sens que le positif veut revenir de plus en plus fort vers moi.