mardi 7 janvier 2020

Sérénité littéraire


Laissons la parole à Francis


Sérénité littéraire 

21 décembre 2019

Il y a un peu plus de 15 jours, je me suis rendu au centre-ville pour acquérir auprès de ma librairie indépendante le livre Paul à la maison de Michel Rabagliati. Cet ouvrage du dessinateur célèbre évoque les nombreux deuils qu'un cinquantenaire affronte. Les thèmes abordés, bien que traités différemment, offrent une convergence avec plusieurs de ceux que j'ai développés dans mon billet du permier août 2019 J'apprends encore à vieillir.

Même le rôle symbolique de l'arbre, qui dans mon texte représente les personnes connues qui disparaissent, comme les idoles de notre jeunesse, est illustré par un pommier arrivé à la fin de son cycle de vie. Ces points communs montrent à quel point les idées sont dans l'air du temps. C'est d'ailleurs ce qui m'a incité à me procurer le livre, dont je n'ai pas tardé à parcourir les pages dans une sorte d"empressement tranquille.

Il était très tôt. Debout depuis six heures du matin, j'étais passé chez Zone libre vers 9 h 30. Je me suis dirigé à pas équanimes vers la Grande Bibliothèque, dont les portes ouvrent à 10 h. En ce matin frais, je me suis additionné à la petite foule qui faisait le pied de grue devant l'édifice. Quand les portiers se sont approchés, tout ce beau monde a fait la queue alors que j'avais déjà dégusté près du tiers de ma nouvelle acquisition.

C'était une sensation de bien-être et de réconfort extraordinaire que de voir les gens attendre à la file pour entrer dans une bibliothèque. Loin des queues maussades, guindées ou prétentieuses que l'on voit parfois devant les bars ou les restaurants à la mode, il y avait là une diversité à la fois joyeuse, bon enfant et sereine, gens de tous les âges et de toutes les conditions : timides adolescents boutonneux, dames au manteau classique, vieillards dépenaillés, étudiantes désargentées, jeunes hommes à la sacoche luxueuse, femmes à la parka défraîchie, intellectuels débraillés...

On s'introduit dans le temple accueillant avec cet entrain débonnaire des jours de rentrée quand on retrouve ses camarades dispersés pour les vacances, la bousculade et les quolibets en moins. Et les rayons fourmillent d'esprits curieux et les tables se remplissent de joyeux explorateurs du monde de la culture qui manipulent fébrilement ces étranges objets faits de pages qu'on doit tourner.

Après avoir trouvé et emprunté mes doses d'injection littéraire, je me suis retrouvé dans le métro à flotter sur le nuage épanoui de la sérénité, rasséréné que j'étais par l'expérience partagée de l'attraction livresque.

Francis Lagacé

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