Pourquoi parfois, moralement, je suis comme un loup.
J’ai trop bu de cette coupe
Par Sergio de Rosemont
J’ai trop bu de cette coupe.
On m’a trop souvent forcé à boire à cette coupe.
À cette coupe de la condescendance.
À cette coupe du mépris.
À cette coupe de la discrimination.
À cette coupe qui est l’ensemble de ces coupes.
Enfant, j’avais une déformation de mes jambes, elles étaient croches vers l’extérieur.
Et j’ai dû subir une opération importante à mes 2 jambes afin de les redresser à l’âge de 12 ans.
Mes parents furent en grande partie responsables de ma jeunesse infernale que j’ai tant détestée.
Ma mère me défendait de me vêtir comme n’importe quel autre jeune, par exemple en m’interdisant de porter des jeans, m’obligeant à porter des pantalons gris pâle, style habits des années 60s.
Elle était paradoxale d’une certaine façon, elle était une fanatique religieuse, pourtant, elle avait comme un côté disons sorcière avec sa cartomancie qu’elle maitrisait.
Tant qu’à mon père, lui avec son alcoolisme, avec lequel, disons, qu’il m’a volé mon enfance.
J’ai eu à vivre l’enfer du Mont D’Youville pendant 4 ans.
Et oui, j’y ai été placé durant 4 ans. Pour moi, cet endroit était comme un enfer, une prison.
Là où j’ai dû boire à cette "Coupe de la violence et de l’intimidation".
Ce Mont D’Youville où l’usage des coups de bâton sur les doigts ainsi que l’usage de la ceinture en frappant l’enfant avec la boucle de la ceinture était en usage pour appliquer ce qu’elles / ils appelaient la discipline aux enfants.
Je me rappelle de ce moniteur qui m’avait lancé avec force en pleine face un ballon de soccer (football européen) qui avait trempé dans l’eau.
Et je vous confirme que recevoir un ballon de soccer en pleine face, ça fait mal, très mal, surtout quand vous n’avez que 10 ans !
Je me rappelle aussi l’été où j’ai dû participer à la colonie de vacances de ce Mont D’Youville.
Là où quand certains moniteurs étaient insatisfaits de certains enfants, utilisaient et disons comme rituel disciplinaire, de poignée l’enfant par le poignet et de le faire tourner autour d’un tas de sable en lui administrant des coups de pied assez forts au postérieur.
Un autre de leur rituel disciplinaire qui me revient en mémoire était de faire un trou dans ce tas de sable, d’y faire s’assoir l’enfant qui devait retenir ses jambes au niveau des genoux et ensuite de l’ensevelir sous le sable avec au moins 2 pouces par-dessous la tête et en le laissant ainsi pendant au moins une minute.
Essayez ne serait-ce qu’une minute d’imaginer ce qu’un enfant de 10 ans peut ressentir dans cette situation.
Essayez de vous imaginer à sa place !
Par la suite, après ce Mont D’Youville, quand j’ai dû réintégrer l’école publique, disons régulière (fin de l’élémentaire et du secondaire), encore là, j’ai dû recommencer à faire face à l’intimidation dans la cour d’école ainsi qu’à la sortie des classes.
Où souvent, je me devais d’affronter 3 ou 4 autres étudiants sur mon chemin de retour à la maison.
Et oui, je n’étais qu’un amusement pour eux.
Par la suite, dans mon début de l’âge adulte, j’ai été obligé de à cette "Coupe de la trahison".
Cette coupe qui me fut servie par des personnes que je croyais être mes amis.
Et encore là, je n’étais qu’un amusement pour eux.
Avez-vous une idée à quel point j’ai pu haïr ma jeunesse ?
Combien de fois dans ma jeunesse j’ai pu me demander pourquoi j’existais, que je vivais ?
Encore là, en écrivant ces lignes, un souvenir me revient en mémoire, un événement qui m’est survenu à mes 17 ans.
La fois où j’ai dû faire face à mon père dans un combat armé.
J’explique, il était soûl et il était en colère, car il avait appris que j’avais fumé un joint et me le reprochait.
Alors, je lui mentionnai qu’il était mal placé pour me faire la morale dans l’état qu’il était.
Alors, il a pris une chaise et a tenté de me frapper avec et j’ai eu juste le temps de poignée un bâton qui était sur mon bureau à côté de moi pour répliquer.
Et au moment où il trébucha, j’en profitai pour fuir vers le carré d’Youville proche de la porte Saint-Jean, d’où j’appelai mon parrain au téléphone.
Essayez d’imaginer comment vous pouvez-vous sentir quand vous subissez un enfer que vous n’avez pas provoqué et que vous ne méritez pas.
Ne vous demandez pas pourquoi je peux haïr ma ville natale.
Ne vous demandez pas non plus pourquoi parfois mes réactions peuvent être corrosives.
Ne vous interrogez pas à savoir pourquoi mon âme peut occasionnellement être colérique face à la condescendance, au mépris, à la trahison et à toutes les formes de discriminations.
Dans ma tendre jeunesse, côté caractère, j’étais comme un agneau, maintenant, je suis comme un loup.
Comme loup, aucun n’est plus dangereux que celui qui était un agneau dans sa jeunesse.
Pourquoi ? Par ce qu’à force de se faire mordre quand il était un agneau, il a appris où mordre pour que ça fasse mal, très mal.
Quelque part, ce que je suis maintenant, c’est cette société qui en partie m’a fait ainsi.
Oui, je suis comme un loup se battant pour une justice sociale, pour l’équité.
Effectivement, écrire ce texte, a rouvert certaines cicatrices dans l’âme, mais en même temps, ça m’a été libérateur car peut-être que cela permettra à certains de mieux me comprendre.
Voilà, je vous ai permis de mieux comprendre pourquoi je suis comme je suis.
En terminant, j’aurais un message destiné que pour les intimidateurs.
Celui donc vous prenez plaisir à intimider est un être humain tout comme vous.
Qui tout comme vous ressentent la joie, la peine, l’amour, la haine, le plaisir, la colère et la haine.
Si un jour celui que vous avez intimidé devient mentalement comme un loup ou un carcajou et décide de vous affronter, vous en serez vous-même coupable, car vous étiez l’intimidateur et que lui ne fera que se défendre.
Tout comme vous, il a le droit de vivre et au bonheur.
Demandez-vous si vous aimeriez qu’on vous traite de la même façon que vous le faite avec lui.