samedi 19 avril 2025

Voyage dans le temps : douce illusion

 

Laissons la parole à Francis

Voyage dans le temps : douce illusion


16 avril 2025

L’illusion du voyage dans le temps me fait sourire parce qu’elle est corollaire d’une autre illusion en laquelle nous croyons dur comme fer : celle du déplacement spatial indépendant du temps.

On se demande pourquoi on ne peut pas voyager dans le temps comme on voyage dans l’espace. Mauvaise question, car on ne se déplace pas dans un espace fixe et immuable.

Si je vais à Québec demain, je n’y serai pas aujourd’hui telle que la ville est aujourd’hui. C’est la Québec (encore inconnue) de demain que je verrai, pas celle d’aujourd’hui. [Et pour les spécialistes de mauvaise foi, même si je pars à 13 h pour m’y retrouver à 15 h, c’est la Québec de 15 h que je verrai, pas celle de 13 h.]

Allez donc voir la rue de votre enfance, le temps l’a transformée même quand vous vous écriez : « Rien n’a changé !»

On ne voyage que dans l’espace-temps et il appert qu’on ne peut pas le fissionner.

Les déplacements dans l’espace vont d’un point A au temps 0 à un point B au temps 1. Mais on ne peut pas vraiment régresser du point B au point A, car cela signifierait retrouver le point A au temps 0 du déplacement, or ma supposée régression est plutôt un déplacement du point B au temps 2 vers le point A au temps 3.

On ne sait pas encore comment faire pour partir du point B au temps 1 pour retourner au point A au temps 0. Donc, il sera plus simple de dire que tous les déplacements ne sont en fait que des séquences d’un point A vers un point B.

De la même manière qu’on ne peut se déplacer dans l’espace sans aussi se déplacer dans le temps, on ne peut se déplacer dans le temps sans se déplacer dans l’espace, même en restant immobile.

De sorte que si on voulait retrouver un temps n, il faudrait aussi retrouver l’espace n correspondant.

Vous ne pouvez pas vous retrouver dans un même endroit exactement deux fois. Les enregistrements et les livres voyagent dans le temps mais leur forme s’altère, car ils ne sont que des empreintes spatio-temporelles, lesquelles évoluent dans l’espace-temps.

En ce sens, il est illusoire de croire que je pourrais me rendre en 1960 où j’avais trois ans pour m’y observer, car j’y serais en ayant trois ans et pas autrement. Je ne peux qu’en observer aujourd’hui les traces. Et si j’arrivais réellement à me rendre en 1940, j’y serais tel que j’y étais alors, en milliards d’atomes éparpillés.

Les Anciens avaient la sagesse de dire qu’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

Francis Lagacé

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