vendredi 20 mars 2020

Changer d'heure n'allonge pas la durée d'ensoleillement


Parlons de changement d’heure avec Francis Lagacé


Changer d'heure n'allonge pas la durée d'ensoleillement 

11 mars 2020

Dans la nuit de samedi à dimanche de la fin de semaine dernière, l'Amérique du Nord, à l'exception de la Saskatchewan, est passée à l'heure d'été. On a beau éplucher les sites qui prétendent expliquer la raison de cette heure de sommeil perdue (qu'on rattrape bien sûr en automne), on ne trouve rien d'autre que des professions de foi et des pétitions de principe selon lesquelles on économiserait des centaines de millions de dollars grâce à la prolongation de l'ensoleillement.

Or, pour donner un fondement à cet enthousiasme, on devrait au moins en faire une démonstration quelque part. Pourtant, il n'y a rien d'autre qu'une affirmation dogmatique illustrée d'aucun exemple. Votre cousin « Jos Connaissant » vous assénera peut-être son gros bon sens en disant : « Ben voyons donc ! C'est clair que si on a une heure de soleil de plus dans la journée, ça coûte moins cher de chauffage pi d'éclairage. » Le problème dans l'absence de raisonnement de votre cousin, c'est qu'il n'y a pas d'heure de plus d'ensoleillement. Le chauffage et l'éclairage que vous épargnez le soir, vous devez le fournir le matin. Le soleil, la lumière et la chaleur qu'il diffuse ne changent pas autrement que selon le cycle normal. Vous ne tromperez pas le soleil en changeant d'heure, pas plus que d'afficher le calendrier du mois passé ne vous fera rajeunir.

On n'économise aucun chauffage et aucun éclairage puisque la durée des jours suit son cours normal. Les usines qui peuvent fermer une heure plus tard le soir doivent ouvrir une heure plus tard le matin si elles ne veulent pas éclairer davantage. Et si elles attendent au plus fort de l'été pour ouvrir plus longtemps, que l'heure soit avancée ou pas, elles peuvent étaler leurs heures de production en suivant le soleil sans qu'il soit besoin pour ça de changer l'heure.

Pour ce qui est du chauffage, je l'arrête le premier mai quand il fait beau et chaud, plus tard quand il fait trop froid, parfois plus tôt comme en 2012 (printemps très hâtif et social en plus), mais ne me dites pas que vous coupez le chauffage la nuit en mars et en avril parce que vous avez du soleil une heure de plus en soirée.

L'heure de lumière de plus que les employé•e•s de bureau apprécient en sortant du travail est une heure de noirceur de plus que doivent endurer le matin les ouvrières et les ouvriers qui se lèvent à cinq heures pour aller s'esquinter dans leurs shops. Et c'est sans compter les banlieusardes•banlieusards qui sont de plus en plus nombreux à se lever à quatre heures.

L'éclairage des rues et des voies publiques ne change pas non plus puisqu'il doit suivre (et le fait normalement de façon automatique) l'intensité de l'ensoleillement.

Il ne reste plus que les ménages qui allument leurs lumières une heure plus tard le soir pour profiter d'une économie. Il faudra donc calculer l'économie que représente une heure de moins d'éclairage pour un ménage multipliée par le nombre de ménages dont aucun membre ne se lève avant le soleil et aucun membre ne se couche plus tard que d'habitude au prétexte justement que les « journées sont plus longues ». C'est le genre de démonstration qu'on devrait fournir plutôt que de s'ébaubir béatement devant la magie économique comme si sauter immédiatement sur la page préférée de son agenda pouvait devancer nos vacances.

Francis Lagacé

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