mercredi 15 mars 2023

La polarisation, tarte à la crème des droitistes

 

Parlons de polarisation avec Francis

La polarisation, tarte à la crème des droitistes

12 mars 2023

Il est de bon ton chez quantité de commentatrices et commentateurs politiques de se plaindre de la polarisation des opinions. D’après ce nombre impressionnant de supposés chevaliers du centre, les discours de la droite et de la gauche serait dominants en proportion égale dans tous les canaux de communication, d’où la nécessité d’un recentrage pour calmer le jeu.

C’est quand même curieux qu’un si grand nombre de prétendus centristes qui ont la main haute sur le discours politique croient que l’opposition gauche-droite monopolise la parole. Cette conception de deux pôles leur permet d’imaginer un équateur qu’iels affirment occuper.

Or, ce schéma n’est pas, pas plus que celui d’un axe, approprié à la description de l’opposition entre la gauche et la droite. Je m’en suis expliqué dans le billet L’illusion centriste . Il faut substituer à la notion d’axe (qui autorise un centre) celle de nébuleuses de droite et de gauche. À la rigueur, on pourrait parler de sphères de gauche et de droite avec des satellites. Mais le centre n’existe pas étant donné que relativiser la justice sociale, c’est en réalité s’y opposer.

La prétention à la polarisation est une façon de cacher le véritable phénomène : la droitisation de l’hégémonie. En se camouflant dans un prétendu centre, les tenants de la droite normalisent les discours de droite et d’extrême droite. Alors qu’il y a de moins en moins de place pour la gauche, on nous assomme avec cette factice polarisation justifiant ainsi plus de « centre », c’est-à-dire toujours plus de droite.

S’il est vrai que le discours dominant est droite-gauche, comment se fait-il que le discours hégémonique vante le centre étant donné que c’est lui qui occupe le principal de l’espace médiatique ? Le discours du centre est donc une aporie.

Prenons les assemblées nationales de France et du Québec comme exemple du positionnement entre la droite et la gauche.

Au Québec, nous avons la droite nationaliste du Parti québécois, la droite néolibérale du Parti libéral, la droite néolibérale et autonomiste de la Coalition avenir Québec et finalement la gauche réformiste de Québec Solidaire. Vous comprendrez que la supposée polarisation ressemble plutôt à une agglomération à droite, avec la portion congrue (même pas 10 % de la députation) pour la gauche modérée. Et c’est évidemment sans compter les 13 % obtenus aux dernières élections par l’extrême droite (le Parti conservateur du Québec).

Du côté français, on a l’extrême droite du Rassemblement National, le mélange de droite néolibérale et de gauche pâlotte du Parti socialiste regroupés sous le titre divers gauche, la droite néolibérale dure Ensemble (autrefois LREM, déjà rebaptisée ReNuisance), la droite traditionaliste LR-UDI, la droite qui s’ignore ou qui se cache (Modem et apparentés), puis la gauche réformiste de la NUPES (Nouvelle Union Populaire écologique et sociale). La gauche a une position un peu plus reluisante qu’au Québec avec 23 % de la députation. (Il faut toutefois être sérieux, on ne peut pas considérer les socialistes qui ne se sont pas associés à la NUPES comme des gens de gauche.)

On est à même de constater qu’il y a un fort déséquilibre pesant en faveur de la droite. Ce n’est donc pas innocent si on essaie par tous les moyens de vous faire croire qu’il faut favoriser le centre, cette droite qui n’ose dire son nom, l’objectif étant d’assurer la continuité de la domination outrancière de la droite. L’histoire se répète : la nouvelle droite qui ne s’assume pas se fait passer pour le centre dans le but de prétendre s’opposer à la droite, dont elle bénéficie sans cesse des appuis stratégiques puisqu’elles sont en réalité du même bord.

Et le monde médiatique de reprendre en chœur la belle complainte contre la polarisation, histoire de préserver l’écran de fumée qui protège la droite. Pour lutter contre cette domination, il faut bien sûr faire plus de place à la gauche, ce qu’ont bien compris les thuriféraires du « pseudo-centre ». On s’affaire donc à mousser la droite sous le nom de centre en qualifiant la gauche réformiste d’extrême et en banalisant la droite dure.

Il n’y a pas de polarisation. Il y a droitisation extrême, et on ne veut surtout pas que vous vous en rendiez compte.

Francis Lagacé

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