dimanche 17 septembre 2023

La supériorité de la radio

 

Francis nous parle de Radio

La supériorité de la radio

16 septembre 2023

La radio est capable d’une influence extraordinaire sur les masses. On peine à imaginer la puissance de persuasion de ce média qui a eu des effets dévastateurs au XXe siècle (pensez à la propagande hitlérienne qui a fasciné les foules, pensez à la radio des Mille Collines et à son rôle dans le génocide au Rwanda).

Du côté positif, la radio a sorti de la solitude des gens de partout. On a aussi du mal à comprendre aujourd’hui le grand vecteur d’instruction qu’elle a été : des personnes habitant des régions peu accessibles ont eu accès à une formation, à des cours de toute nature. Pour qui n’a pas connu cette époque, l’efficace et enrichissant rôle de formation populaire que jouaient les cours universitaires à ce qui était alors la radio FM de Radio-Canada est difficile à concevoir.

Par ailleurs, grâce à la radio AM, j’ai pu, pendant mon adolescence, entendre des émissions provenant de Chicago, Détroit, Boston, Buffalo, Montréal, New York, etc. Cela me conférait un avantage formidable sur mes camarades quant à la connaissance des nouvelles chansons anglo-saxonnes et une maîtrise supérieure de l’accent américain (surtout celui de la Nouvelle-Angleterre).

Les vieilles personnes de mon âge se souviendront du millionnaire de Gilligan’s Island qui, sur son île déserte, recevait les nouvelles des cours de la bourse grâce à sa radio transistor. Heureusement pour lui, les ondes hertziennes voyagent très loin dans l’air sans avoir besoin d’autant de relais que les réseaux téléphoniques d’aujourd’hui. Sans réseau, il serait de nos jours complètement dans le noir avec son cellulaire.

On se souviendra aussi que, grâce à la radio, notamment avec l’animatrice Dominique Payette, on a sauvé des vies pendant le terrible épisode du verglas qui affecté le Québec en 1998.

Les ondes courtes ont permis à des gens du monde entier de communiquer bien avant que l’Internet arrive. Et leurs grands avantages sont la portabilité des appareils autant émetteurs que récepteurs ainsi que leur demande en énergie très réduite.

Pendant des décennies, les ondes en modulation d’amplitude étaient réservées à la radio généraliste. On y trouvait une offre extrêmement variée selon les propriétaires, les lieux et les États. Les ondes de modulation de fréquence de leur côté avaient un rayon de diffusion plus restreint, mais une qualité sonore supérieure et se consacraient surtout à la musique.

Chaque chaîne avait sa spécialité : rock, classique, country, chanson française... Mais celle de Radio Canada était un véhicule de culture incroyable avec ses émissions sur la littérature, l’histoire, la géographie, la musique, la diffusion de pièces de théâtre conçues pour la radio, les opéras du Met le samedi et les fameux cours universitaires qui m’ont, entre autres, initié à la ’Pataphysique avant même qu’on m’en parle à l’Université.

La radio est plus libre que la télé, car elle permet de continuer à agir, à se déplacer, à effectuer les gestes quotidiens. Elle stimule l’imagination et crée des images mentales. Les écrans, pour leur part, immobilisent. Ils choisissent pour nous les images qui s’imposent à notre mémoire.

Dans une trousse de secours, on doit toujours avoir une radio transistor et des piles. En cas de panne générale ou de catastrophe, les groupes électrogènes d’urgence permettent aux émetteurs radio de fonctionner et de transmettre des messages aux populations privées d’électricité, de réseau téléphonique ou d’Internet.

J’ai entendu dire qu’on projette de supprimer la radio analogique pour la remplacer par la radio numérique diffusée par satellite ou par Internet. Je m’inquiète à la fois pour les coûts énormes de ce changement et pour l’étendue réduite de la diffusion de ses signaux : beaucoup plus de réémetteurs, un changement de récepteur pour tout le monde, une consommation énergétique plus grande pour les récepteurs. L’avantage du transistor, c’était sa portabilité et son accessibilité.

La souplesse de la radio traditionnelle permettait aussi des émetteurs libres, qui n’ont pas besoin de passer par un multiplexeur. Déjà que Radio-Canada a quitté les ondes courtes pour le web, qui n’a pas la même flexibilité : un récepteur radio peut être utilisé n’importe où ; le web nécessite un accès réseau.

La supériorité de la radio deviendra bientôt un souvenir.

Francis Lagacé

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