jeudi 7 avril 2011

« L’indépendance d’abord » - Une stratégie de droite

Un autre excellent texte de mon ami Christian Montmarquette

EN RÉACTION À L’ARTICLE DE SERGE CHARBONNEAU

« L’indépendance d’abord » : Une stratégie de droite

Combattre la peur de l’indépendance par la justice sociale

Christian MONTMARQUETTE
Tribune libre de Vigile
lundi 29 mars 2010


« L’indépendance d’abord » : Une stratégie de droite

En réaction à l’article de Serge Charbonneau « Qu’est-ce qui nous unit ? » Serge Charbonneau, dans son article « Qu’est-ce qui nous unit ? » nous dit :

« Parler de Souveraineté, de la séparation du Québec en ne parlant pas des raisons pour se séparer, c’est viser le discours vide et se diriger vers l’échec. »

- Voilà !

C’est la souveraineté « coquille vide » dont on a tant parlée, et qui nous laisse sans projet de société, sans arguments et désarmés pour défendre l’indépendance.

Merci donc à Serge Charbonneau, d’avoir insisté des motifs différents, additionnels et beaucoup moins invoqués comme : le pacifisme, l’écologie et la laïcité, auxquels j’ajouterais sans hésiter, la justice sociale et la solidarité…
…et pourquoi pas d’ailleurs… l’intégrité, l’éthique et la démocratie ? Par les temps qui courent, ce ne serait pas superflu…

Car ce n’est pas d’aujourd’hui que seule « la langue » est constamment ramenée comme principal motif pour accéder à l’indépendance. Une raison exagérément utilisée et que l’on martèle sans cesse, parce qu’on n’en veut délibérément pas d’autres, et qui, comme vous le remarquerez, n’a aucun impact sur le bien être économique de l’ensemble de la population.
« L’Indépendance d’abord » : Une stratégie de droite

Comme plusieurs le savent, cela m’a toujours beaucoup agacé que l’on répète sans cesse « Indépendance d’abord » en ne prenant pas en compte les urgences sociales d’ici le « grand soir » en ne sachant pas trop de quoi sera fait ledit pays et en ne tentant pas de mettre de la chair autour de l’os.

Il me semble que pour faire l’indépendance, il faille avoir un minimum de « vision ». Et on sait combien ça manque par les temps qui courent en politique d’avoir de la « vision »; nombre de politiciens d’aujourd’hui n’ayant pas de tellement de « vision », mais plutôt des « carrières » et des « intérêts ».

Cette approche « du pays avant tout » recèle d’ailleurs une terrible perversion, pour ne pas dire un véritable « danger ». Cela signifierait en effet qu’il faudrait appuyer la souveraineté les yeux fermés, en faisant fi de toutes autres forme de préoccupations et de valeurs absolument essentielles avant, pendant et après l’indépendance ; une véritable lobotomie de la conscience et de la moralité, mais surtout une vielle stratégie péquiste. L’indépendance d’abord… On réfléchira ensuite…

Il est à remarquer qu’avec cette « approche écran » qui évacue toutes autres formes de valeurs au nom de la sainte « unité » de la coalition, c’est « la droite » qui y en profite constamment, la gauche ayant toujours été littéralement noyée dans une mer de droite au PQ.

« Indépendance d’abord » et nul besoin de défendre l’équité sociale, l’écologie et la répartition de la richesse qui remettraient un tant soit peu en question les privilèges des élites les plus riches…
- Vive la langue !
- Vive la culture !!
- Vive le Québec Libre !!!
..et nous pauvres naïfs… pendant ce temps-là… on mange les miettes… pour ne pas dire d’autre chose… et Pauline rentre tranquillement à son château…

L’indépendance comme telle est un formidable projet, mais qui le devient beaucoup moins, quand il sert les visées d’un parti politique et qui plus est, à évacuer des valeurs dont certaines constituent de véritables urgences sociales, économiques et écologiques.

Pour pouvoir de promouvoir l’indépendance convenablement, ne faut-il pas aussi se faire rassurant, inspirant et donner le goût du changement ?

Pour ma part, je crois que nous sommes tellement rendus au bout du rouleau de la droite néolibérale, que ce changement et ce renouveau ne pourront venir que de la gauche.

En ce sens, les défenseurs de l’indépendance auraient grand intérêt à être plus attentifs à notre discours qui emmène pas mal d’eau au moulin et sécuriserait les citoyens.

« Et les valeurs… Quelles valeurs ? »

- Le français, l’égalité hommes/femmes et la laïcité…
- Et c’est tout ?? C’est ce que le PQ tambourine depuis des semaines en tous cas...

Et il le fait non seulement à cause de son manque chronique de « vision », mais à cause de son discours réducteur de droite qui ne risquerait pas de parler d’autres valeurs impliquant certains changements bien réels et économiques tels : la justice sociale, la solidarité, le pacifisme, l’écologisme, voire même, le nationalisme économique comme Serge Charbonneau l’a lui-même abordé en parlant de la nationalisation des télécommunications.

Il me semble donc évident, voire même impérativement nécessaire, que l’on se penche sur nombre d’autres valeurs importantes afin d’enrichir le discours de l’indépendance et de jeter les assises d’une société véritablement évoluée.

D’ailleurs, qui sont ceux qui seraient tellement incommodés et qui auraient tellement à y perdre dans la promotion de valeurs telles l’écologisme, le pacifisme, la justice sociale et le nationalisme économique… si ce ne sont ces très riches « minorités élitiques » « déjà » sécurisées qui profitent allègrement du recul de nos valeurs et conséquemment des citoyens ordinaires ?

« Combattre la peur de l’indépendance par la justice sociale »

On peut facilement affirmer sans trop de craintes de se tromper, que les citoyens sont généralement assez craintifs face au changement.

- Et ils craignent quoi au fond.. ?

Ils craignent d’abord et avant tout pour leur sécurité sociale, que leur niveau de vie baisse et de s’appauvrir.

C’est l’argument classique des fédéralistes. Et c’est d’ailleurs pour cela que j’avais déjà écrit cette ligne qui en avait fait sursauter plus d’un, qui le fait encore et que j’ose toujours affirmer :

« L’indépendance sera de gauche ou ne sera pas »

- Et pourquoi ?

Simplement parce que la gauche souhaite protéger et améliorer la sécurité sociale et économique de l’ensemble de la base de la société. C’est-à-dire « Nous » « Le peuple ».

« Nous », les classes moyennes, pauvres et populaires, pour ne pas dire l’immense majorité du monde ordinaire qui pourrait voter « Oui » pour peu que l’on se préoccuperait de leur sort dans ce foutu projet de pays.

Même la droite aurait avantage à voter à gauche

Dans une certaine optique, on peut dire que cette ligne « L’indépendance sera de gauche ou ne sera pas »était presqu’une boutade, puisque même la classe moyenne de droite aurait avantage à voter à gauche - elle qui se plaint sans cesse d’être surtaxée et que les services sont pourris et insuffisants.

Car dans une approche de gauche, il n’y a que les très riches élites et les grandes entreprises qui auraient quelque chose à y perdre en ayant à contribuer de manière plus substantielle et plus équitable au bien être collectif. Des minières… Des banques… Des pharmaceutiques et j’en passe. Le projet de la gauche étant l’amélioration du sort de l’ensemble de la collectivité par le renforcement et le peaufinage de la social-démocratie.

« L’indépendance… Qui y travaille vraiment ? »

L’indépendance ne progresse pas beaucoup depuis 40 ans. Ce qui est tout de même étonnant avec le nombre d’années de pouvoir du PQ. Il en est même à se demander si quelqu’un y travaille vraiment…

- Le PQ, du temps où il était au pouvoir, a-t-il fait les études sociologiques afin de connaître ce qui motiverait les Québécois à voter « Oui » ?

- Avait-il prévu une stratégie dynamique pour faire progresser l’indépendance durant les périodes où il ne serait pas au pouvoir, ou s’est-il affairé à tout ramener à « lui » et à tout faire passer par « lui » ?

- Y a-t-il eu une pétition organisée pour demander l’indépendance ?

- A-t-il institué la question nationale sur notre bulletin de vote ?

- Quels seraient les impacts d’une pétition sur la souveraineté qui dépasserait « 50% » de la population du Québec ?

- Le peuple ne jouit-il pas en tout temps du droit fondamental légal et politique de décider de lui-même si on le dit tellement « souverain »

- Ne pourrions-nous pas augmenter nos chances de faire l’indépendance en mobilisant les citoyens sur un an plutôt que sur 30 jours ?

Il y a même une page Internet « Un million de Québécois prêts à donner 10$ pour l’indépendance ? » sur Facebook.

http://www.facebook.com

Mais tout semble faire en sorte que l’on envoi l’énergie de la mobilisation pour l’indépendance dans une voie de garage, qu’on étouffe et qu’on éteint dans un attentisme en deux étapes assez aliénantes :

Il nous faut « ATTENDRE » que le PQ soit « D’ABORD » élu (évidemment) et « ENSUITE », « si et seulement si »le PQ le juge opportun, on nous permettra « enfin »de voter...

« Il y loin de la coupe au lièvre » comme dirait Jean Perron…

Québec Solidaire a récemment atteint « 10% » des intensions de vote. Et le PQ toujours plus à droite, ne fait plus ce soi-disant consensus qui rallie tout le monde…

En conséquence, il faudra bien trouver des solutions…

Mais, il serait bien étonnant qu’elles émanent du Parti québécois, puisqu’il se sert de la question nationale pour se faire élire et non le contraire…

« Québec Solidaire : la ceinture et les bretelles »

En terminant, je vous dirai qu’en ce me concerne, fort des expériences passées, l’indépendance étant loin d’être une partie gagnée d’avance, il augure qu’entre-temps, les citoyens ordinaires seraient beaucoup mieux servis par un parti de gauche qui, en plus de se préoccuper de la question nationale, se préoccupe de « leur sort » plutôt que de celui des plus riches et d’entreprises déjà parfaitement capables de s’occuper d’elles-mêmes…

« Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience »

- Jean Jaurès - 1859-1914

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Christian Montmarquette

Membre et militant de Québec Solidaire

« Il y a les faux amis : ceux qui en situation de pouvoir, ne l’exercent pas pour prôner l’indépendance nationale, pour établir des stratégies et mettre au point des tactiques pour la réaliser. Il y a le Parti québécois qui, depuis 42 ans, mobilisent les indépendantistes sous de fausses représentations »

- Andrée Ferretti
« Qui ne fait pas l’indépendance la combat surtout s’il est en position de pouvoir » :
http://www.vigile.net/Qui-ne-fait-p...

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