dimanche 8 avril 2018

Québec solidaire : Faire de la lutte aux changements climatiques une priorité de la campagne électorale


Parlons des changements climatiques



Québec solidaire : Faire de la lutte aux changements climatiques une priorité de la campagne électorale 

Mardi 3 avril 2018 / DE : Roger Rashi

Officiellement ou pas, la campagne électorale au Québec est bien lancée depuis le début de 2018. Le budget à saveur électorale que le gouvernement québécois vient d’adopter en témoigne de façon éloquente. Un des thèmes récurrents du débat public est sans aucun doute la lutte aux changements climatiques.

Chaque jour amène son lot de mauvaises nouvelles : le Québec est sérieusement en retard dans sa cible de réduction des GES et la nouvelle agence mise sur pied par le gouvernement libéral, Transition énergétique Québec, ne va nulle part. Malgré les annonces de grands projets en transports publics, l’incohérence du gouvernement Couillard qui persévère à encourager la filière des hydrocarbures, particulièrement celle du gaz naturel, crève les yeux. Le tout se déroule alors que le GIEC et les experts internationaux tirent l’alarme : les engagements actuels des états rendent extrêmement improbable l’atteinte des objectifs de l’accord de Paris et la trajectoire actuelle des émissions de CO2 aura des effets catastrophiques sur la planète.

En débattre au Conseil national de mai

Plus que jamais, l’importance d’avancer un plan de transition énergétique s’impose et Québec solidaire se doit d’en faire une des grandes priorités de sa campagne électorale en 2018. QS est bien équipé pour formuler un plan de transition puisque plusieurs jalons ont été placés au fil des années : le plan de sortie du pétrole publié en 2014 ; la mise à jour de la section du programme « Pour une économie solidaire, écologique et démocratique » en 2016 ; et l’adoption en 2017 de la plateforme électorale avec une section bien fournie sur l’environnement.

De surcroît, les porte-paroles et députés du parti interviennent régulièrement sur les enjeux environnementaux et beaucoup de militants/es s’impliquent activement dans les multiples mobilisations écologiques qui éclatent partout au Québec.

Tous les éléments sont ainsi réunis pour que Québec solidaire formule un plan de transition écologique. Le conseil national prévu du 11 au 13 mai prochain pourrait fournir la rampe idéale pour lancer les éléments clés de ce plan et statuer sur l’importance à lui accorder en campagne électorale.

Rejeter les fausses solutions

Une partie incontournable d’un tel plan est le rejet des fausses solutions à la crise environnementale propagées par les partis néolibéraux et les élites économiques. Pour masquer leur inaction sur la question cruciale de la sortie des hydrocarbures, ceux-ci mettent l’accent sur la participation au marché du carbone nord-américain (le SPEDE) ou l’adoption d’une taxe sur le carbone. Or, ces incitatifs dits « du marché » sont inefficaces au plan écologique et injustes au plan social puisqu’ils favorisent les élites économiques et font reporter le fardeau sur les classes populaires. Que ce soit ici ou en Europe, ces mécanismes de compensation carbone sont un échec lamentable. [1]

Quoi qu’en disent les élites, une authentique transition se doit d’inclure un plan de sortie des hydrocarbures avec l’interdiction de lancer de nouveaux pipelines de transport du pétrole en sol québécois, la fin de l’exploration et de l’exploitation de gaz de schiste et l’arrêt des subventions du gouvernement québécois aux industries fossiles. Ce soutien financier est estimé à 300 millions $ en moyenne par année. [2]

Il faut le dire sans ambages : poursuivre la filière des hydrocarbures et promouvoir les marchés du carbone sont les éléments constitutifs d’une vision néolibérale de la transition qui ne fait qu’aggraver le réchauffement de la planète et les dérèglements météorologiques qui en découlent.

Pour une transition juste et transformatrice

Quels sont les éléments incontournables de la transition juste, verte et démocratique telle qu’envisagée par Québec solidaire ? :

un programme de réduction des GES permettant d’atteindre l’objectif de 95% en 2050 comportant des cibles intermédiaires ambitieuses,

l’essor des transports collectifs électrifiés tant au niveau urbain qu’interurbain ainsi que des programmes d’efficacité énergétique tant au niveau résidentiel que commercial et industriel,

le développement d’un pôle public de production et de distribution des énergies renouvelables au Québec (Hydro-Québec, Éole-Québec, etc..). Les sources énergétiques sont un bien commun qui doivent être sous contrôle démocratique et public.

la création d’emplois verts de qualité dans toutes les régions ainsi que des programmes de formation gratuits pour les travailleurs/euses des secteurs affectés par la sortie graduelle des combustibles fossiles,

 la mobilisation des travailleurs et travailleuses, des communautés locales par des mécanismes de démocratie participative,

 le respect des droits des peuples autochtones et leur plein consentement aux projets affectant leur territoire.

 des mesures de solidarité internationale avec les peuples des pays en développement et ceux durement affectés par les changements climatiques


Comme nous le voyons, une authentique transition énergétique ne peut se limiter à une série de mesures techniques dans le cadre du système actuel. Cet approche nous ramène tout droit dans le cul de sac actuel. La transition doit être conçue comme une transformation sociale profonde tant au niveau de la production, de la consommation que de notre mode de vie et des rapports internationaux. En bref, à la vision néolibérale nous devons opposer une vision équitable, démocratique et solidaire menant au dépassement du système actuel.

[1] « Climat : l’Europe tente de relancer son marché du carbone » , Le Monde, 15/20/2017. www.lemonde.fr/climat/article/2017/02/15/climat-l-europe-tente-de-sauver-son-marche-du-carbone_5080054_1652612.html

[2] « Québec offre en moyenne 300 millions $ par année pour le soutien aux industries fossiles », Le Devoir 21/03/2018., www.ledevoir.com/societe/environnement/523265/quebec-offre-300-millions-par-annee-pour-le-soutien-aux-energies-fossiles

 

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