mardi 22 mai 2012

Lettre de ma collègue militante Mercédez

Lettre de ma collègue militante Mercédez
 

Mercédez Roberge

Copie de la lettre que je viens de transmettre à mon député en copie à tous les membres de l'Assemblée nationale (combine le contenu du communiqué de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (sur le PL78) et de la lettre de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics (rédigée avant le dépôt du PL78).



PROJET DE LOI 78 ET HAUSSE DES FRAIS DE SCOLARITÉ, PAS EN MON NOM!



Je suis profondément choquée de voir que le gouvernement libéral tente de « régler » le conflit étudiant par une loi spéciale. Le projet de loi 78 est indigne d’une démocratie, en plus d’être dangereux pour la paix sociale. Il est méprisant envers le mouvement étudiant et, conséquemment, envers la population en général. Il s’agit d’un grave précédent. Je ne suis pas dupe. Je m'en souviendrai, aux urnes notamment.

Le projet de loi 78 est ni plus ni moins qu’une injonction, forçant autant le personnel enseignant que les étudiantes et les étudiants à reprendre les cours et à ne pas manifester à proximité des établissements d’enseignement. Non content de restreindre le droit de manifester du mouvement étudiant, le gouvernement en profite pour en restreindre l’exercice à tout autre mouvement, et ce, dès qu’il y a rassemblement de plus de 10 personnes. La Loi donne ainsi à un corps policier le droit de décider du lieu d’une manifestation et en imposant des amendes impressionnantes tant aux personnes qui y participeraient qu’aux porte-paroles et groupes organisateurs qui n’auraient pas avisé la police ou qui maintiendraient un trajet initial par exemple.



Cela est inacceptable dans une société libre et démocratique. Le geste d’aujourd’hui dépasse les bornes. Pour casser une grève légitiment déclenchée, le gouvernement accorde des pouvoirs démesurés aux forces policières, il installe un climat d’intimidation et de dénonciation entre le milieu étudiant, le personnel enseignant et les établissements dans le but de couper les vivres des organisations étudiantes.



Le droit à l’éducation ne se résume pas au droit d’accès aux établissements scolaires et les droits individuels ne doivent pas mettre en péril les droits d’association et d’expression. La Table réitère son soutien au mouvement étudiant et en profite pour féliciter ses membres pour leur persévérance et pour leur contribution à la défense de cet important enjeu de société qu'est le droit à l'éducation.



Les regroupements d’associations étudiantes sont les interlocuteurs légitimement mandatés par les étudiantes et les étudiants - interlocuteurs qui défendent, depuis bientôt 100 jours, des décisions prises démocratiquement. Je suis très inquiète des conséquences de l’application de la loi spéciale, car elle envenimera la situation plutôt que d’apporter la paix sociale. Le gouvernement doit retirer son projet de loi et négocier de bonne foi.



Je vous interpelle aujourd'hui pour que demandiez le retrait de la loi spéciale et l'annulation de la hausse des frais de scolarité, sans délai, avant que les conséquences de l’enlisement de ce conflit ne soient encore plus graves.



De nombreuses études et l’expérience internationale démontrent, que vous le vouliez ou non, que cette hausse de 82%, qui succède à une autre de 30% entre 2007 et 2011, aura pour effet de décourager les enfants des familles en situation de pauvreté de poursuivre leurs études (même s’ils ont accès aux prêts et bourses), d’appauvrir encore plus la classe moyenne et d’augmenter l’endettement étudiant. Et ce, malgré les mesures que vous avez annoncées plus de deux mois après le début de la grève étudiante. En effet, même si plus d’étudiants auront droit aux prêts et bourses, ils termineront tout de même leurs études avec des dettes supérieures à ce qui prévalait avant la hausse de 82% !!!! 

Cela risque aussi de pousser des milliers d’étudiantEs à travailler davantage d’heures par semaine pour joindre les deux bouts, ce qui n’est pas garant d’un cheminement scolaire mené à son terme. La vision d’une société ayant l’éducation comme priorité est-elle donc que nos diplômés entrent sur le marché du travail avec des dettes qui amputeront leurs premiers chèques de paie ?

Il faut aussi tenir compte du fait que ces hausses s'additionnent à la charge déjà trop importante que les familles à revenus modestes et moyens doivent déjà assumer face à la prolifération des tarifications en tout genre aux niveaux primaire et secondaire (matériel scolaire, transport, service de garde, sorties, etc.). Il s’agit d’un obstacle supplémentaire au respect du principe que l'éducation est un droit pour tous et toutes, peu importe son origine sociale. Sans compter les autres tarifs qui viennent grever leur budget : contribution santé, TVQ, électricité, …



Rappelons aussi que le Québec est signataire du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qui mentionne que « l'enseignement secondaire, sous ses différentes formes, y compris l'enseignement secondaire technique et professionnel, doit être généralisé et rendu accessible à tous par tous les moyens appropriés et notamment par l'instauration progressive de la gratuité ». De plus, « l'enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés et notamment par l'instauration progressive de la gratuité ».

S’il manque de l’argent pour financer le système d'éducation, c’est par un impôt progressif qu’il faut régler le problème. En effet, l’impôt progressif demeure le meilleur instrument dont nous disposons pour répartir équitablement la richesse et réduire les inégalités sociales. Il existe aussi d'autres d’alternatives fiscales notamment l’instauration d’un quatrième palier d’impôt pour les revenus les plus élevés, l’abolition du crédit d’impôt sur les gains en capital, l’augmentation des redevances minières, la lutte contre la corruption dans l’attribution des contrats gouvernementaux, l’adoption de mesures de contrôle plus sévères du coût des médicaments, etc. (allez voir 17 solutions fiscales permettant de récolter des milliards : www.nonauxhausses.org).

Le mouvement étudiant est dans la rue depuis plus de 3 mois et il n’est pas seul à revendiquer le respect du droit à l’éducation, je suis régulièrement dans les manifestations et j’y serai encore plus dans l’avenir pour défendre aussi le respect du droit de manifester. Je vous demande de tout faire pour que le gouvernement retire la loi 78 et qu'il ne hausse pas les frais de scolarité universitaire.


Le Cercle Grès de Tenebrum Draco

L'Alcôve deTenebrum-Draco

Aucun commentaire: