lundi 27 mai 2013

1. L’IMPACT DE LA MONDIALISATION SUR LES FEMMES



QUÉBEC SOLIDAIRE
1. L’IMPACT DE LA MONDIALISATION SUR LES FEMMES

mardi 14 mai 2013, par Québec solidaire

(Texte tiré du Cahier de participation au programme

Enjeu 4 : Pour une société solidaire et féministe, femmes- familles, diversité sexuelle et de genre.)

La situation sociale et économique actuelle des femmes à travers le monde se détériore. Les effets de la mondialisation se font sentir : pillage des ressources naturelles, coupures des programmes sociaux et augmentation du chômage, blanchiment d’argent fait par divers trafics sur le dos des femmes, militarisation de la société et mépris généralisé du corps des femmes.

Les femmes produisent 80 % de la nourriture consommée dans les pays les plus pauvres du monde ; en quelques endroits c’est 95 % (selon la Marche mondiale des femmes). La terre n’est pas un bien commun, les femmes possèdent environ 1 % des terres dans le monde (selon la Marche mondiale des femmes). Alors les ressources de l’eau et de la terre sont essentielles pour elles, pour leurs enfants, pour l’entretien du ménage. Mais la terre est pesticisée, pulvérisée, fertilisée, ensemencée par les OGM et les semences infertiles, creusée pour construire des mines et du logement. Les femmes en sont encore plus dépouillées. Ainsi ce qui est perdu, c’est leur savoir artisanal et leur lien avec la terre mère. L’eau était gratuite, mais devient de plus en plus une marchandise. L’accès à l’eau et à la terre devient de moins en moins assuré et va coûter plus cher. L’eau va devenir de l’or bleu au détriment des femmes d’abord responsables de la famille, de la cuisine et des travaux ménagers. Les changements climatiques alourdissent aussi la situation des femmes, d’abord en généralisant la sécheresse dans certaines parties du monde, ensuite en détruisant maisons et infrastructures sociales lors de désastres naturels. Les femmes et les enfants voient leur situation précarisée encore davantage lorsqu’il leur faut vivre dans des tentes ou ramasser les dégâts et faire le ménage pour rendre les lieux conviviaux.

Le développement de la mondialisation a permis, dans les pays en émergence, la généralisation du travail rémunéré des femmes, entre autres par la mise en place de zones franches : d’abord au Mexique (maquiladoras), et maintenant en Asie. Ces zones franches, qui sont fondées sur les bas salaires et l’absence de droits dans les milieux de travail, se sont aussi accompagnées de coupures dans les services sociaux, pour permettre le remboursement de la dette. Les femmes ont donc connu une dégradation de leur situation. Ce sont les travaux autour de la domesticité et des soins aux enfants qui ont alourdi les tâches des femmes : double journée de travail, conciliation famille/travail, quête plus difficile de l’eau et du bois de chauffage face à la désertification, maladies plus fréquentes des enfants et des proches, etc. Avec la crise économique de 2008, le sort des femmes sur le marché du travail s’est généralisé à l’ensemble de la société : la précarité, les bas salaires et le travail à temps partiel (en fait, du chômage à temps partiel passé sous silence). Le développement du libre-échange entre le Canada et l’Europe ouvre une nouvelle vague d’accords internationaux qui mettent en jeu des pans entiers des secteurs des services et de la culture. Les femmes n’y gagneront rien, sinon une situation encore plus précaire.

La mondialisation, en développant l’industrie touristique, a pour conséquence le développement de la prostitution. L’absence de réglementation et de contrôle a permis par Internet de répandre les images négatives du corps des femmes et des enfants. La mondialisation a aussi favorisé la traite des femmes et des enfants. La prostitution, comme relation marchande, est loin de se passer uniquement entre adultes : la majorité des femmes prostituées sont jeunes, très jeunes, ont été abusées dans leur enfance et continuent de vivre de la violence.

La militarisation s’est aussi développée avec la mondialisation. Depuis la fin du conflit en 1945, la planète connaît maintenant des guerres régionalisées plutôt que des guerres mondiales. Les guerres engendrent les déplacements des femmes et des enfants et par le fait même la pauvreté extrême, la promiscuité, les agressions, les viols et aussi les tortures dues aux conflits. Beaucoup de femmes ont dû émigrer pour sauver leurs enfants de la misère. Elles se sont faites domestiques, ont exercé de petits emplois ou se sont vu happées par l’industrie du sexe dans les pays industrialisés alors qu’elles laissaient leur famille dans leur pays d’origine. Leurs conditions de travail sont exécrables, les lois du travail ne règlementent pas leur situation et souvent leur scolarité ou leur expérience ne sont pas reconnues.

Avec la mondialisation, les femmes ont aussi vu s’amplifier le racisme, la violence conjugale, le mépris à l’égard des femmes et même les féminicides [1], notamment chez les femmes autochtones. Depuis le 11 septembre 2001, se sont développés des sentiments islamophobes qui recoupent des dimensions supposément féministes. On définit l’homme macho comme étant un homme arabe, islamiste. On se sert de cette définition pour justifier l’intervention en Afghanistan : délivrer les femmes. Mais on oublie que le patriarcat fonctionne dans toutes les religions et cultures.

D’un côté la maternité, en se surmédicalisant, est presque devenue une maladie alors que, dans les pays en voie de développement, on fait face à un problème important d’accès aux soins pour les femmes et les nouveaunés. L’accès aux cliniques de fertilité pour femmes est aussi un champ très lucratif de la médecine. Par contre, la contraception est plus difficile sous les pressions des droites religieuses. On profite en toute impunité du corps des femmes pour faire de l’argent jusque dans leur infertilité.

Mais surtout, ce que l’effet dévastateur de la mondialisation sur les femmes démontre, c’est que le capitalisme est intimement lié au patriarcat, comme l’énonce la Charte mondiale des femmes. La lutte pour les droits des femmes pourra remporter quelques victoires éphémères, mais rapidement les acquis sont remis en question.

C’est le genre féminin qui est discriminé, parce qu’on en a besoin pour le travail de maison et l’éducation des enfants. Avec la mondialisation, les femmes ont vu ce travail invisible et gratuit s’alourdir, devenir plus difficile pour elles : les ressources essentielles au ménage sont plus rares ou plus chères, les programmes sociaux sont coupés. Ajoutons la crise financière de 2008, la dette des ménages qui se prolonge, les conditions de vie de plus en plus difficiles dans certaines parties du monde... Cette difficile conciliation du travail domestique et de la présence des femmes sur le marché du travail contribue à leur essoufflement.

Les femmes ont lutté, entre autres, avec la Marche mondiale des femmes et la Charte des femmes pour l’humanité. Mais si la lutte pour les droits est essentielle, elle n’est pas suffisante. Ce n’est qu’en comprenant le lien entre capitalismemondialisation et patriarcat que l’oppression du genre féminin et son aliénation révèlent toute leur réalité et qu’une stratégie de lutte totale peut être élaborée.

Le combat des femmes doit traverser l’ensemble de la société. Les changements ne viendront que de l’unité et de la solidarité.

D’où nos Propositions pour nourrir le débat

1.1 Endosser la Charte mondiale des femmes comme manifeste international de solidarité des femmes.
1.1.1 En se réclamant des cinq grandes valeurs exprimées dans la Charte : liberté, égalité, solidarité, justice, paix.
1.2 Mettre en place des mesures pour contrer la traite des femmes et des enfants ainsi que les féminicides.
1.3 Dénoncer toutes les tentatives d’instrumentaliser des formes de racisme sous de faux prétextes féministes.


Notes

[1] Féminicide : meurtre de femme parce qu’elle est une femme.

INFORMATION PRISE ICI

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