mardi 8 octobre 2013

En publiant Montréal, ville solidaire, l’association régionale de QS plonge dans la campagne électorale municipale

Paul Cliche nous parle du document "Montréal, ville solidaire".




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En publiant Montréal, ville solidaire,
l’association régionale de QS plonge
dans la campagne électorale municipale


Sans appuyer aucun des partis en lice à Montréal aux élections du 3 novembre prochain, l’association régionale de Québec solidaire plonge dans la campagne électorale pour alimenter le débat public en publiant un document où elle invite la population à s’intéresser à la politique municipale parce qu’elle s’inscrit dans la vie quotidienne de chacun de nous. Élaboré à la suite d’une consultation avec les membres de la région, Montréal, ville solidaire présente la vision de ce que pourrait devenir la métropole québécoise dans une perspective résolument progressiste. Cette dernière se concrétise par une cinquantaine de propositions réparties entre cinq enjeux : démocratie, culture et espace public, justice sociale et inclusion, économie ainsi qu’environnement et aménagement du territoire, explique Sébastien Rivard, porte-parole régional.

 « Dans le cours de son histoire, la ville de Montréal a presque toujours été gérée par des représentants de l’élite socio-économique voués aux intérêts des promoteurs, investisseurs et propriétaires au détriment des locataires, minorités et classes populaires », ont déclaré Andrès Fontecilla, président de QS et Manon Massé, candidate dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, lors d’une conférence de presse tenue le 4 octobre.

La vision de QS-Montréal est bien différente de celle de la plupart des formations en lice aux élections du 4 novembre qui considèrent la Ville comme une pourvoyeuse de services où les citoyens sont perçus comme des bénéficiaires ou des usagers. Cette conception, au lieu d’inciter ces derniers à prendre une part active aux affaires municipales les conforte, au contraire, dans un rôle passif de consommateurs de services.

Des outils pour acquérir une citoyenneté active

Au chapitre de la vie démocratique, QS-Montréal propose d’explorer de nouvelles avenues pour en finir avec le monopole de la démocratie représentative comme mode d’expression privilégié d’exercice de la citoyenneté. Même si les élections demeurent essentielles on doit faire appel, en plus des institutions représentatives, à diverses formes d’exercice de démocratie participative, délibérative et directe. L’action citoyenne doit être au cœur de la chose publique. Pour rendre possible l’acquisition d’une citoyenneté active on doit se doter d’espaces où le plus grand nombre possible de personnes peuvent participer aux débats et aux prises de décision, soutient le document.

Dans cette perspective, QS-Montréal propose la mise en place de conseils de quartier qui seraient les interlocuteurs privilégiés de la Ville particulièrement des arrondissements. Il propose aussi l’implantation de budgets participatifs dans chacun des arrondissements ainsi qu’à la ville centrale. Au chapitre de la démocratie représentative, le document propose l’instauration d’une mode de scrutin proportionnel comme étape prioritaire et incontournable d’un processus de réforme des institutions démocratiques municipales.

Il propose aussi une révision en profondeur du cadre électoral de la Ville en vue de rééquilibrer le nombre d’électeurs ainsi que le nombre d’arrondissements qui se chiffre à 19 présentement. Le redécoupage de la carte électorale qui s’ensuivra devra respecter le plus possible le principe d’égalité des votes de même que la délimitation naturelle des districts et des quartiers. On sait qu’actuellement les arrondissements constitués des villes de banlieue fusionnées en 2001 comptent un élu pour 12,000 habitants contre un pour 26,000 dans les arrondissements de l’ancienne ville. Cela signifie que le poids d’un électeur des 10 anciennes villes de banlieue devenues des arrondissements de Montréal (Anjou, Lachine,  LaSalle, l’Île-Bizard-Ste-Geneviève, Montréal-Nord, Outremont, Pierrefonds-Roxboro, St-Léonard, St-Laurent, Verdun) a plus de deux fois le poids que le vote enregistrés par un électeur des 9 arrondissements de l’ancienne ville soit Ahuntsic-Cartierville, Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Plateau Mont-Royal, Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Rosemont-La Petite Patrie, Sud-Ouest, Ville-Marie et Villeray-St-Michel-Parc-Extension.

Enfin, dans le but d’éviter toute balkanisation de la Ville, le document propose de réexaminer la fonction de maire-mairesse d’arrondissement qu’on remplacerait par un-e président-e d’arrondissement, au mandat révocable, choisi-e par les conseillers de conseillères élues. Cette dernière formule a été mise au point sous l’administration du Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM) et a prévalu jusqu’aux élections de 2001. Elle a très bien fonctionnée. C’est pour éviter que trop de villes de banlieue se défusionnent que l’administration Tremblay a obtenu du gouvernement Charest cette décentralisation viciée par des motifs de stratégie référendaire à la veille de la consultation de 2004 Ainsi, Montréal cessera de compter 20 maires élus au suffrage universel. Il n’en comptera plus qu’un seul, celui de la Ville.

Mais ce changement n’entrainera aucune diminution dans les pouvoirs dévolus aux arrondissements dont le fonctionnement sera toutefois revu pour rapprocher la population des centres de décision et favoriser la participation citoyenne notamment par l’adjonction de conseils de quartier et l’implantation de budgets participatifs. Ainsi, on mettra fin à la décentralisation tronquée qui prévaut depuis 2005 à cause de l’absence de sa sœur jumelle, la démocratisation.

Plusieurs propositions pertinentes

Quant aux propositions relevant des autres enjeux, signalons brièvement l’abrogation du règlement P-6 concernant les manifestations; l’opposition au projet d’inversion de la ligne 9B d’Enbridge et au projet de construction de l’oléoduc de TransCanada en créant un plan de sortie du pétrole pour Montréal d’ici 2030; une réduction progressive des tarifs dans le transport en commun dans une perspective de gratuité sur un horizon de 10 ans; la construction de 22,500 nouveaux logements sociaux d’ici cinq ans; mettre un frein à la conversion des logements locatifs en condos; l’adoption d’une politique permettant de contrer la spéculation immobilière et foncière; maintenir et renforcer la lutte contre la corruption; embaucher suffisamment d’ingénieurs pour exécuter les mandats de la Ville afin de freiner le recours aux firmes d’ingénierie;

De plus, QS Montréal propose de favoriser le développement de l’économie sociale et solidaire en renforçant le partenariat entre la Ville et les acteurs de ce secteur en émergence et en établissant des programmes de subventions pour favoriser des projets à plus grande échelle; soutenir les entreprises locales et les commerces de proximité en utilisant les règles d’urbanisme et de zonage comme contrepoids aux magasins à grande surface; développer l’agriculture urbaine avec la contribution des organismes communautaires et des entreprises d’économie solidaire en mettant sur pied des programmes de subventions afin de valoriser l’inclusion sociale de toute la population dans ces projets permettant d’améliorer la résilience écologique des communautés locales et la souveraineté alimentaire; favoriser la transition de la Ville vers les logiciels libres afin de réaliser des économies substantielles.

Au chapitre de l’environnement et de l’aménagement du territoire, QS-Montréal propose notamment de développer massivement le réseau de transport collectif; de favoriser l’intermodalité et le transport actif par l’extension du réseau de pistes cyclables et des mesures d’apaisement de la circulation; de mettre sur pied des lignes de trolleybus modernes; de contribuer à la révision des grands projets routiers et autoroutiers dans une perspective de développement durable; d’implanter un système de gestion des déchets compostables dans tous les arrondissements; d’améliorer l’accès aux berges du St-Laurent notamment en développant de plages et espaces verts accessibles gratuitement; que tous les arrondissements se dotent d’un plan d’action pour lutter contre les îlots de chaleurs; prévoir que tout petit bâtiment devra pouvoir supporter un toit vert et que tout établissement à grande surface devra en posséder un; faciliter l’aménagement de ruelles vertes; diversifier le type d’arbres plantés en favorisant les espèces comestibles et en intégrant la plantation d’arbres fruitiers dans les plans d’aménagement et de reboisement, les espaces verts, les forêts urbaines; contribuer à revoir la gestion des matières résiduelles issues de la collecte sélective pour développer une alternative écologiques à la logique mercantile actuelle.

Paul Cliche,
Montréal, 6 octobre 2013


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