samedi 28 septembre 2013

Charte des valeurs québécoises : une mauvaise réponse au mauvais problème

La question est quand est-ce que le PQ apportera les bonnes réponses au vrais problèmes?



Charte des valeurs québécoises : une mauvaise réponse au mauvais problème

Publié le 25 septembre 2013 par Philippe Hurteau

Impossible d’ignorer le débat actuel entourant la Charte des valeurs québécoises. Une société qui fait le choix de réfléchir aux valeurs qui sont les siennes semble a priori une chose louable. Le débat actuel n’offre malheureusement pas l’occasion de se réjouir d’une telle pertinence. Il n’y sera pas question des valeurs québécoises en ce qui a trait à l’exploitation de nos ressources, à l’occupation du territoire ou encore à notre volonté de respecter les limites que nous impose notre écosystème. Il ne sera pas non plus question des valeurs québécoises dans les domaines si importants de l’accès universel aux services de santé gratuits et de qualité, des soins aux personnes âgées ou du maintien de notre réseau d’éducation publique hors des pressions du monde des affaires.

Ce que l’on nous présente comme un débat sur « nos valeurs » n’est en fait qu’une reprise du mélodrame sur les accommodements raisonnables qu’a connu le Québec en 2006-2007 et qui a débouché sur la Commission Bouchard-Taylor. Le gouvernement actuel, manifestement anxieux de masquer son incapacité à traiter directement de cet enjeu, accouche donc de cette Charte des valeurs.

Évidemment, je suis loin d’être un expert en laïcité ou en théorisation de l’espace public interculturel. Il m’appartient encore moins de spéculer sur les torts que cette charte aura ou non causé au mouvement souverainiste en s’aliénant, une fois de plus, les gens issus de l’immigration. Cependant, une chose étonne dans le débat actuel : on parle d’établir des règles claires afin de favoriser une meilleure intégration à la société d’accueil, sans jamais se pencher sur la place que cette société réserve aux nouveaux arrivant.e.s sur le marché du travail. Sous cet angle, le débat sur le caractère et la taille des signes religieux semble des plus puériles.

Un marché du travail discriminatoire

À l’automne 2012, le chercheur associé à l’IRIS, Mathieu Forcier, a publié une note de recherche qui visait à questionner l’intégration des immigrant.e.s sur la marché du travail. Cette note montre une discrimination systématique envers les nouveaux arrivant.e.s, un phénomène plus problématique pour la cohésion sociale du Québec que tous les voiles et turbans de la province réunis. En 2006, le taux de chômage pour l’ensemble du Québec s’élevait à 8,1 % contre 11,2 % pour les immigrant.e.s âgés de 25 à 54 ans, soit ceux étant les plus susceptibles de chercher du travail. Il sera intéressant de voir dans les données du dernier recensement si l’écart s’est creusé davantage dans la foulée de la dernière crise économique.

Au-delà des données sur le chômage, on constate aussi dans les deux graphiques suivants que les personnes immigrantes sont, même lorsqu’elles trouvent un emploi, défavorisées.

Salaire moyen des immigrant-es au Canada, 2005

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