lundi 27 juin 2016

La beauté du vieux


Parlons vieillesse avec Francis Lagacé


La beauté du vieux 

27 juin 2016

Poursuivant ma série de réflexions sur les maux des mots, il en est un qu’il convient de réhabiliter, me semble-t-il, c’est le terme vieux.

Dès qu’une chose est vieille, on pense « usée, finie, bonne à jeter ».

Pourtant, on apprécie qu’un fromage soit vieux, qu’un vin vieillisse, qu’une sculpture acquière de la patine, qu’une pièce de monnaie soit très ancienne... pourquoi donc n’acceptons-nous pas comme humains de devenir vieux ?

Il serait fort mal venu de m’accuser ici d’opportunisme puisque j’avance en âge, car j’avais dix-neuf ans lorsque j’ai écrit la première fois que le culte de la jeunesse était une erreur. Et j’en profite pour affirmer aujourd’hui que le culte de la vieillisse est une tout aussi grande erreur.

Il n’y a heureusement pas que du divertissement futile à notre radio publique, aussi j’ai pris grand plaisir à écouter l’émission La nature selon Boucar samedi matin à 11 h et à la réécouter en reprise le dimanche après-midi à 16 h, où il était question des arbres et surtout des vieux arbres. En effet, n’est-on pas fier qu’un arbre soit vieux ? N’admire-t-on pas sa ténacité et la marque des ans sur son corps ?

Il faut dire que Boucar Diouf, étant d’origine africaine, il a un peu plus de facilité que ses concitoyens québécois à apprécier la vieillesse, d’autant plus facile peut-être qu’il est encore jeune et pourra changer d’avis s’il trouve le vieillissement difficile.

Vieillir, c’est aussi se donner la chance de cueillir un peu de sagesse en chemin si on en prend la peine, si on a l’heur d’ouvrir son cœur et son esprit, ce qui n’est hélas pas le cas de tout le monde. J’ai déjà écrit ailleurs que je suis plus disposé à pardonner aux jeunes fous qu’aux vieux fous. En effet, les jeunes fous ont encore la chance de s’amender alors que les vieux fous auraient dû tirer les leçons de la vie quand ils en avaient l’occasion.

Qu’on ne se méprenne pas, contester l’ordre établi, les à priori et les injustices constitue bien de la sagesse et non de la folie.

C’est vrai que la jeunesse offre fraîcheur et vigueur, c’est vrai qu’il y a des attraits particuliers à la nouveauté. Mais, c’est vrai aussi que ce qui est vieux peut avoir de la valeur, que la patience et le bonheur de prendre son temps sont les armes de la vieillesse. Et pour tourner à ma façon un vers d’une chanson de Paul Piché (Cochez oui, cochez non), « j’ai l’intention d’être vieux longtemps ».

LAGACÉ, Francis

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